Trudeau avare de commentaires sur l’unilinguisme de la lieutenante-gouverneure
Justin Trudeau, le 19 avril, lors d'une annonce à Dalhousie, au Nouveau-Brunswick
Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue
Cinq jours après la décision d’un tribunal du Nouveau-Brunswick qui juge inconstitutionnel le processus de nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue dans la province, le premier ministre Justin Trudeau se fait toujours avare de commentaires.
Un premier ministre prudent
De passage à Dalhousie, dans le nord de la province, mardi, le premier ministre a donné peu de détails sur les prochaines étapes que compte prendre son gouvernement dans cette affaire.
On ne sait toujours pas si le gouvernement de Justin Trudeau compte porter la décision de la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick en appel ou s’il imposera des changements législatifs afin d’empêcher la nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue à l’avenir, comme le demande la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.
Le premier ministre a simplement affirmé que son bureau étudie attentivement le jugement pour bien apprendre ce que ça veut dire et comment on va avancer
.
On va toujours être là pour respecter la particularité au Nouveau-Brunswick. La communauté acadienne ici est particulière et féroce dans sa capacité de défendre son identité, et on l'appuie à 100 %
, a-t-il dit en français.
Lorsqu’un journaliste anglophone lui a demandé de répéter sa réponse en anglais, le premier ministre a tenu les mêmes propos sur l’importance des minorités de langues officielles, dont la communauté acadienne.
Il a ensuite laissé entendre que son gouvernement souhaite s’aligner
avec la décision rendue par la juge DeWare, sans préciser ce que cela signifie au juste.
Nous allons regarder de très très près ce jugement important pour nous assurer que l’on va s’aligner avec [le jugement] et que l’on va avancer de la bonne façon
, a-t-il dit.
Des réactions à Fredericton
Même s’il s’agit d’un dossier fédéral, des élus néo-brunswickois ont réagi à cette affaire, mardi.
C'est une décision fort intéressante pour les Acadiens. Je pense que c’est quand même important que les gens qui nous dirigent, nos chefs d'État, soient bilingues. Donc, on va voir où ça va se rendre
, a dit Daniel Allain, ministre provincial des Gouvernements locaux et de la Réforme de la gouvernance locale.
De leur côté, les libéraux provinciaux souhaitent que le gouvernement fédéral ne porte pas cette décision en appel.
Pour nous, c’est de respecter la décision de la cour et de faire les modifications au processus pour que les prochaines nominations respectent le jugement de la cour
, a indiqué le chef par intérim du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Roger Melanson.
Une décision importante pour les Acadiens
La semaine dernière, la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick a rendu une décision dans laquelle est estime que le processus de nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue viole la Charte canadienne des droits et libertés.
Elle est arrivée à cette conclusion, car la lieutenante-gouverneure Brenda Murphy ne parle pas assez bien français.
Dans sa décision, la juge en chef Tracey K. DeWare s’attaque au processus de nomination de la lieutenante-gouverneure et non à la nomination de la personne qui occupe actuellement le poste.
La cour détermine donc que le fédéral a l’obligation de tenir compte du caractère linguistique particulier de la province lors des nominations.
Avec des informations des journalistes Nicolas Steinbach et Pascal Raiche-Nogue