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Le lien de confiance entre la police d’Ottawa et citoyens racisés est brisé, dit une étude

L’étude peint un sombre portrait des interactions entre la police et les personnes marginalisées et racisées.

Le poste de police d'Ottawa.

L’étude peint un sombre portrait des interactions entre la police et les personnes marginalisées et racisées (archives).

Photo : Radio-Canada / Hugo Belanger

Radio-Canada

La perception des citoyens issus de communautés marginalisées et racisées à l'égard de la police d’Ottawa est très « négative », selon une récente étude qualitative menée par deux professeurs du Département de criminologie de l’Université d’Ottawa.

David Moffette et Chris Bruckert ont documenté plus de 250 interactions survenues avec la police entre mars 2019 et février 2021. La plupart impliquent des personnes des communautés noires, autochtones, moyennes orientales et à faible revenu.

Les conclusions de leur enquête brossent un portrait plutôt sombre de la relation qu'entretiennent les policiers avec certains membres de ces communautés.

Des dizaines de manifestants semblent crier, plusieurs tenant des pancartes sur lesquelles sont écrits divers messages antiracistes en anglais.

Des manifestants ont bruyamment dénoncé la violence policière envers les personnes noires à Ottawa lors d'une manifestation (archives).

Photo : Radio-Canada / Boris Proulx

Près de la moitié des participants (48,5 %) n’ont pas confiance dans le Service de police d’Ottawa (SPO), et la majorité des répondants (51,5 %) ont une opinion globale plutôt négative des agents.

Beaucoup considèrent que la police fait preuve de profilage racial et social. D’autres évitent d'interagir avec les agents, de peur de se faire maltraiter physiquement ou verbalement. Plusieurs (49,2 %) soutiennent que la police ne contribue pas à leur sentiment de sécurité.

« La recherche confirme pour Ottawa des tendances qu’on connaît déjà, de façon générale, à travers le pays et ce qui est rapporté par plusieurs membres de diverses communautés à Ottawa. »

— Une citation de  David Moffette, département de criminologie, Université d’Ottawa

Bien qu’elles soient troublantes, les données ne sont pas surprenantes, estiment les professeurs.

Ça faisait longtemps qu’on entendait des travailleurs de rue et des intervenants communautaires rapporter des expériences négatives, a expliqué l’un des deux coauteurs, David Moffette.

On voulait avoir le cœur net et documenter ces expériences-là. Entre autres parce qu’il y a peu de recherches à Ottawa sur cette question.

Des changements sont impératifs

Puisque la majorité des cas rapportés dans l’étude impliquent des agents de la police d'Ottawa (88 %), une copie du rapport a été envoyée au SPO, à la Commission de services policiers et au maire Jim Watson.

David Moffette espère que son étude ait un impact ou contribue à un changement dans les politiques.

Il faut reconnaître qu’il y a des problèmes de relation, de racisme systémique et de dynamique avec certains groupes qui fréquentent la rue, et qu’il faut mettre en place des stratégies pour améliorer la situation, a-t-il soulevé.

« Les interactions policières alléguées dans le rapport sont troublantes. Personne ne devrait être victime de racisme, d'insultes ou de blasphèmes. »

— Une citation de  Eli El-Chantiry, président, Commission de services policiers, Ottawa
Une personne portant un masque assise derrière un bureau, devant un ordinateur.

Le conseiller municipal du quartier West Carleton-March, Eli El-Chantiry

Photo : Radio-Canada / Francis Ferland

Le président de la Commission de services policiers d’Ottawa, le conseiller du quartier West Carleton-March, Eli El-Chantiry, a déjà laissé entendre qu’il était ouvert à de tels changements.

Bien que je convienne que nous sommes en retard pour débarrasser nos institutions du racisme systémique, de la misogynie et de la violence et du harcèlement sexuel au travail, je crois que nous sommes sur la bonne voie pour apporter les changements urgents et indispensables à divers aspects de notre service de police, a-t-il déclaré dans un communiqué de presse.

Mais pour César Ndema-Moussa, président de Racines et Cultures Canada, les changements nécessaires dont fait état le professeur Moffette ne se limitent pas uniquement au service de police. Il faut aller plus loin, dit-il.

Il faut avoir des organes où la communauté se sent représentée avec un pouvoir égal et décisionnel pour des changements concrets. Cela doit se refléter à la mairie, où on ne peut pas justifier, au 21e siècle, à Ottawa, dans un pays qui se dit multiculturel, qu’on ait juste depuis deux ans un premier conseiller noir, dénonce l'ancien membre du Conseil sur l’équité police-collectivité d’Ottawa.

César Ndéma-Moussa en vidéoconférence.

César Ndéma-Moussa, président de Racines et Cultures Canada

Photo : Capture d'écran

Dans toute la ville d’Ottawa, quand on regarde les institutions, quand on regarde les représentations, on a l’impression d’une ville très conservatrice et très blanche.

C'est l'institution dans son ensemble qui est défaillante, soutient César Ndema-Moussa. C'est là que doit s'opérer le changement.

Avec les informations de Frédéric Pepin

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