Provincetown : l’intuition d’Elliot Maginot

Elliot Maginot a écrit la chanson «Provincetown» en référence au village de la Nouvelle-Angleterre du même nom.
Photo : ICI ARTV
Pourquoi Elliot Maginot s’appelle-t-il ainsi? Difficile à dire pour Gabriel Hélie-Harvey, de son vrai nom, qui signe la chanson Provincetown sur le nouvel album collectif québécois 1969 près d’un an après avoir fait paraître son troisième album, Easy Morning.
Son nom d’artiste fait référence à la ligne Maginot, grand barrage de béton, de fils barbelés et de mitrailleuse ayant été installé au début du 20e siècle le long des frontières de la France afin d’empêcher les attaques-surprises – avant que le pays soit déjoué par l’Allemagne nazie en 1940.
Je trouvais que le symbole était beau, peut-être tragiquement beau
, explique simplement Elliot Maginot.
Toutefois, au-delà de cette référence historique, c’est surtout l’intuition et la spontanéité qui a poussé le jeune chanteur à choisir ce pseudonyme.
« Je pense que le sens et l'image sont venus après pour moi. C'est vraiment un nom de plume. C'est un baptême comme on baptise un enfant. »
C’est cette même intuition qui semble avoir guidé l’artiste à choisir Provincetown, un village de la Nouvelle-Angleterre situé à l’extrémité de Cape Cod, comme source d’inspiration pour son morceau homonyme, qui figure sur l’album collectif 1969.
Appelé à choisir un lieu par l'auteur-compositeur et réalisateur Connor Seidel, qui a produit l’album sur lequel se retrouvent aussi Half Moon Run, Safia Nolin ou encore Louis-Jean Cormier, Elliot Maginot dit ne pas avoir hésité.
Il y a eu zéro seconde de réflexion. C'est sûr que c'était ça [Provincetown]. Des fois, je pense qu'il ne faut pas trop chercher à intellectualiser un concept ou à le réfléchir. Il faut saisir l'instant quand il passe
, lance-t-il.
Lieu de villégiature qu’il n’a visité que trois fois, Provincetown inspire au jeune musicien la sécurité, et en même temps beaucoup de créativité, beaucoup de liberté, beaucoup de beauté, beaucoup d'exubérance
.
En résulte une chanson enveloppante, où les flûtes, le piano et de douces percussions accompagnent les paroles d’Elliot Maginot, chantées dans la langue de Shakespeare.
In English, sauf peut-être pour Jacques Brel
Si la grande majorité du répertoire d’Elliot Maginot est écrit en anglais, le jeune musicien se permet souvent de ressortir les plus grands titres de la chanson française en spectacle, comme Voir un ami pleurer de Jacques Brel, ou encore des morceaux de Richard Desjardins.
C'est sûr que comme beaucoup d'artistes, je carbure à la nostalgie, mais je pense qu’avoir la chance d’avoir ces textes-là en bouche et de les chanter, c'est quelque chose dont personne ne devrait se priver
, dit-il.
« C'est juste des textes qui sont magnifiques, qui sont émouvants à chanter. »
Malgré son respect et son amour pour la langue de Molière, composer des chansons en français n'est pas dans les cartes pour Elliot Maginot.
J'ai envie de chanter en français, mais je n’ai pas envie de chanter mes mots en français. Ce n’est pas quelque chose qui m'allume
, explique-t-il simplement.
Un album fourre-tout
Loin de manquer d’inspiration pour ses albums, Elliot Maginot confie arriver souvent en studio avec une approche jusqu'au-boutiste, ce qui explique l'éclectisme de son plus récent album, Easy Morning.
Chaque fois que j'entre en studio pour faire un disque, j'aime mieux avoir l'approche de : "C'est peut-être le dernier disque que je fais”
, lance-t-il.
« On dirait qu’avec toutes les idées qu'on a accumulées depuis deux ans, on ne veut rien laisser de côté. »
Son défi, dit-il : ficeler des opus digestes
avec ses différentes compositions.
Je pense que j'ai toujours envie d'essayer trop de trucs, que c'est toujours le défi de faire quelque chose de cohérent avec ça
, conclut celui qui partage la scène avec Half Moon Run.
Ce texte a été écrit à partir d'une entrevue réalisée par René Homier-Roy, animateur de l'émission Culture Club. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté et de concision.