L’importance de parler de réconciliation dans le système scolaire catholique

Tyler Waddilove vient de la Première Nation Munsee-Delaware, située au sud de London, en Ontario.
Photo : Tyler Waddilove
Pour un accompagnateur autochtone qui travaille pour le conseil scolaire catholique de London, une véritable réconciliation entre les communautés autochtones et le système scolaire catholique doit être une priorité.
Tyler Waddilove vient de la Première Nation Munsee-Delaware, située au sud de London, en Ontario. Il travaille comme accompagnateur pour la remise de diplômes aux élèves autochtones au conseil scolaire catholique de London.
M. Waddilove enseigne aussi aux élèves son mode de vie traditionnel et les traumatismes intergénérationnels causés par les pensionnats pour Autochtones, dont la majorité était gérée par l’Église catholique.
Ce type d’éducation est si important pour l’avenir et nous devons bien enseigner ces sujets dès maintenant
, explique-t-il.
« La chose la plus puissante que j’ai vécue est de voir le nombre d’étudiants non autochtones qui veulent en savoir plus sur la culture autochtone. »
M. Waddilove enseigne dans le cadre du programme ReconciliACTION, qui comprend des cours de cuisine, de littérature autochtone et de danse. Il enseigne aussi l’emplacement des pensionnats pour Autochtones ainsi que la langue parlée dans la région.
Plusieurs membres de la famille de M. Waddilove ont été forcés de fréquenter les pensionnats pour Autochtones.
Tyler Waddilove, pour sa part, a fréquenté une école catholique tout en habitant dans sa communauté autochtone. Il croit par ailleurs que son expérience unique lui a permis de voir des points communs entre les deux cultures.
L’importance de l’amour est la base de toute religion, dit-il. Nos deux cultures ont une importante spiritualité en commun et je veux la faire découvrir aux élèves.
Un visage familier qui met de l’avant l’identité autochtone
M. Waddilove indique aussi que ses histoires et ses pratiques culturelles ont inspiré plusieurs jeunes autochtones à présenter fièrement leurs propres identités culturelles.
De son côté, Vince Romeo, le directeur de l’éducation au conseil scolaire catholique de London, constate que le programme est important, car il constitue un point de départ pour défaire des centaines d’années de colonisation.
Tyler et le programme ont donné un visage familier à nos élèves autochtones. Tant que nous ne comprendrons pas pleinement la colonisation, le traumatisme intergénérationnel et son impact sur nos élèves autochtones, nous ne pourrons pas avoir une véritable réconciliation,
explique le directeur.
Il ajoute d’ailleurs que c’est même plus important dans le système catholique, puisque 60 % des pensionnats pour Autochtones étaient gérés par l’Église catholique.
« Nous travaillons fort pour avoir une nouvelle relation de réconciliation avec les peuples autochtones. »
Tyler Waddilove est pourtant conscient que son approche peut susciter des critiques de la part des aînés de sa communauté, qui ont été touchés par les pensionnats pour Autochtones et par les récentes découvertes de sépultures sur les anciens sites de certaines écoles.
Je comprends tout à fait pourquoi les aînés ont des doutes et cette colère parce qu’ils vivent toujours ce traumatisme. Je les aime et je les respecte même s’ils n’aiment peut-être pas mon approche
, indique-t-il.
Un pas de plus vers la réconciliation
Les récentes excuses du pape François sont un pas dans la bonne direction, selon M. Waddilove, qui ajoute que la réconciliation commence quand les Autochtones retrouvent leurs racines et partagent leur culture avec les Canadiens.
Quand j’étais jeune, il n’y avait pas beaucoup d’enfants autochtones dans mon école, dit-il. C’est pourquoi je veux vraiment partager la beauté de notre culture dans ces écoles.
Le conseil scolaire catholique de London a d’ailleurs révisé son programme d’études pour se concentrer davantage sur le contenu autochtone, selon M. Romeo.
Nous commençons à forger des liens importants avec la Première Nation des Chippewas de la Thames, la Nation Oneida de la Thames et la Nation Munsee-Delaware. Ces relations nous aident à avancer dans la bonne direction pour la réconciliation,
constate le directeur.
Tyler Waddilove, pour sa part, veut continuer à être positif et partager sa culture grâce à l’éducation. Surtout, il espère que la prochaine génération va continuer de suivre la voie vers la réconciliation.
Je veux que les jeunes sachent que les peuples autochtones du Canada sont au début de leur guérison, explique-t-il. Cela va prendre du temps et nous espérons que ça va continuer.
Avec les informations de CBC News