Des résidents de Tadoussac dénoncent le manque de logements disponibles
Une trentaine de citoyens étaient présents à la séance du conseil municipal de Tadoussac qui s’est tenu mardi. Plusieurs ont pris la parole pour se prononcer sur le manque de logement pour les habitants présents à l’année.
Photo : Radio-Canada / Zoé Bellehumeur
Le village de Tadoussac manque de logements. Des résidents ont pris la parole mardi soir lors de la séance du conseil municipal pour réclamer des solutions.
Ces résidents déplorent que plusieurs logements locatifs ainsi que des maisons à Tadoussac soient achetés par des entrepreneurs pour ensuite être reloués à des travailleurs saisonniers qui ne les occupent que quelques mois par année.
Mathieu Berger est enseignant d’arts dramatiques et d’éducation physique aux écoles primaires de Tadoussac et de Sacré-Coeur. Il s’est installé à Tadoussac après avoir passé un été au village.
L’été, lorsque ses élèves et lui sont en congé, Mathieu Berger travaille au restaurant chez Mathilde.
Le résident de Tadoussac Mathieu Berger doit quitter son logement au mois de juin.
Photo : Radio-Canada / Zoé Bellehumeur
En décembre, il apprend qu’il devra quitter en juin l’appartement qu’il occupe depuis un an et demi.
« Je savais que tôt ou tard j’allais devoir quitter, mais je ne savais pas que ça allait être vite de même… »
Outre un petit
appartement trois et demi, il ignore s'il pourra trouver un autre logement d'ici là.
Un petit trois et demi pour quatre personnes, deux adultes, deux enfants, deux animaux, ce n'est vraiment pas souhaitable pour personne,
a-t-il lancé lors de la période de questions de la séance du conseil municipal, qui faisait salle comble, mardi soir. On cherche beaucoup, mais il n’y a aucun appartement locatif. Il y a des maisons, mais elles se vendent soit trop rapidement, soit à un prix trop élevé.
L'accès à la propriété difficile
Le maire de Tadoussac, Richard Therrien, admet que l’accès à la propriété n’est pas abordable pour bien des gens au village. Des maisons qui se vendent en bas de 200 000 $, ça n’existe plus, ici.
Le maire, qui a débuté son premier mandat en novembre dernier, a accueilli lors de la séance publique de nombreux témoignages de résidents qui se retrouvent dans une situation similaire à celle de Mathieu Berger.
Le maire de Tadoussac, Richard Therrien, indique explorer toutes les options possibles pour pallier les besoins en logements.
Photo : Radio-Canada / Zoé Bellehumeur
Des citoyens ont proposé plusieurs pistes de solutions mardi soir, comme la création d'un comité ou la construction de résidences pour les travailleurs saisonniers.
Richard Therrien assure que toutes les idées seront étudiées.
« C'est sûr que la Municipalité est inquiète de ce qui se passe au niveau des logements, au niveau des familles qui veulent s'installer, au niveau des travailleurs aussi qui veulent venir travailler à Tadoussac. »
Une résolution a d'ailleurs été adoptée par le conseil mardi pour mettre en vente trois terrains sur la rue Des Bouleaux à Tadoussac, comme l'explique le maire.
Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais déjà si on peut avoir un promoteur qui peut acheter ces trois terrains-là et qui peut nous permettre de faire six logements dans ces terrains-là, ce serait parfait, ça serait un bon départ.
La Municipalité indique toutefois ne pas avoir un nombre infini de terrains à vendre aux résidents de Tadoussac. Le maire affirme que plusieurs terrains et maisons au village se font acquérir par des entrepreneurs qui déboursent de grandes sommes pour s’assurer de loger leurs travailleurs saisonniers.
Mais ce n’est pas seulement aux résidents et aux travailleurs saisonniers qu’il manque de logements, mais aussi aux familles qui souhaitent venir s’installer,
ajoute le maire.
Pas de familles au village, ça veut dire pas d’enfants. Ça veut dire pas d’écoles. Et retirer l’école du village, c’est comme retirer le cœur du village. Ça me rend très triste.
soupire Mathieu Berger.
La Municipalité indique que plusieurs pistes de solution sont sur la table pour régler la pénurie de logements abordables. Elle ne compte toutefois pas s'ingérer dans les processus d'achats de maisons par les entrepreneurs pour leurs travailleurs étrangers.
« Nous ne sommes pas rendus là à Tadoussac, » indique le maire.
La MRC confirme la tendance
La préfète de la MRC de la Haute-Côte-Nord, Micheline Anctil, confirme que le village de Tadoussac ne fait pas exception en ce qui concerne le manque de logements abordables dans la région.
Il y a des maisons à louer, quoique très peu. Mais pour les logements locatifs, on est vraiment en déficit grave. Et c’est la même chose aux Escoumins, à Sacré-Coeur, aux Bergeronnes… Le problème est criant.
Malgré le fait que la pénurie de logements demeure un problème présent partout au Québec, la Haute-Côte-Nord se montre particulièrement vulnérable devant la crise, selon elle.
La Haute-Côte-Nord subsiste principalement en raison d’une économie saisonnière. C’est évident que les gens qui viennent travailler ici veulent être locataires et non propriétaires, surtout lors de leurs premières années.
Madame Anctil indique avoir pris conscience du problème au cours des dernières années. Elle avance qu’il faut dorénavant que les Municipalités s'efforcent d’innover et fassent appel aux promoteurs privés pour essayer d’enrayer le problème de logements inabordables.
Avec les informations de Zoé Bellehumeur
