L’industrie minière du Yukon devra-t-elle bientôt faire sans Skagway?

Skagway est un point d'accès stratégique puisqu'il permet au Yukon d'être connecté à l'océan Pacifique.
Photo : Radio-Canada
L’industrie minière du Yukon exporte ses minerais par le port de Skagway en Alaska depuis un demi-siècle, mais le contrat arrive à expiration et le port doit être rénové. La petite ville alaskienne n'entend pas investir seule dans les infrastructures nécessaires pour ce type d'exploitation.
La mairie de Skagway affirme qu’elle ne renouvellera pas le bail avec la compagnie White Pass and Yukon Route, qui louait le quai à minerais depuis 54 ans et par lequel transitait la production yukonnaise de minerais. Le port et ses infrastructures doivent aujourd'hui être rénovées et modernisées, selon le maire Cremata, et les travaux devraient avoir lieu entre mars 2023 et mai 2024.
À la place du quai à minerais, la Ville entend construire un complexe très moderne pouvant accueillir de plus gros bateaux de croisière, mais ayant aussi une vocation industrielle
. Il note malgré tout que ce quai industriel ne comportera pas certains éléments essentiels à son utilisation par l’industrie minière.
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Il n’y aura aucun moyen de faire la moindre importation ou exportation de minerais avant la fin des travaux et l'installation d'un utilisateur. Nous n’avons pas été approchés par Minto ou d’autres entreprises pour une utilisation en 2023, alors s’il y a un intérêt, je ne suis pas au courant
, explique Andrew Cremata.
Le maire souhaite que les industries intéressées investissent elle-même dans le port et créent ainsi des partenariats.
« Je ne pense pas qu’il serait juste de faire payer la facture d’un projet de 20 à 40 millions de dollars aux contribuables de Skagway qui profitera à l’industrie, sauf si l’industrie offre une contribution significative. »
Une importance stratégique pour le Yukon
Pour toute sorte d’industries yukonnaises, la petite ville de Skagway représente un point stratégique, puisqu’elle est l’un des seuls accès à l'océan et au marché mondial.
L’autre accès le plus proche serait à Haines, en Alaska, mais le port ne dispose pas de l’infrastructure nécessaire. Sur le territoire canadien, il faudrait se rabattre sur le terminal de Stewart, en Colombie-Britannique, à plus de 1100 kilomètres et 14 heures de route au sud de Skagway.
Skagway est un point clé géopolitique pour nous, en tant que pays et à l'échelle de l’Amérique du Nord
, reconnaît Ranj Pillai, le ministre du Développement économique du Yukon.
Pour lui, Skagway et le gouvernement du Yukon travaillent ensemble depuis plusieurs années pour assurer au territoire l’accès à un port en eau profonde. Avec la fin du bail en question, les discussions se sont intensifiées au cours des six derniers mois, selon le ministre.
Malgré tout, le partenariat historique
et les relations positives
entre la ville américaine et le territoire se maintiendront, selon Ranj Pillai.
« Nous pensons que nous pouvons trouver une bonne solution, des solutions pour moderniser les infrastructures, ce qui mènera à plus d’opportunités économiques et pas seulement pour Skagway, mais aussi pour les entreprises du Yukon. »
Il affirme que les discussions à venir dans les trois prochains mois seront essentielles pour permettre au gouvernement de comprendre quels sont les éléments d'infrastructures nécessaires et quel rôle il peut jouer dans ce développement
.
Le coprésident du comité qui représente la chambre des mines, la chambre de commerce et le groupe des producteurs du Yukon, Kells Boland, explique que l'industrie doit maintenant lutter
pour conserver sa place à Skagway.
Il croit que la ville alaskienne tire beaucoup plus de profits des bateaux de croisières que de l’industrie minière, ce qui explique qu'elle s'efforce de maximiser l’accès aux navires de croisière plutôt qu'aux navires de marchandises
.
Voilà le problème dans lequel nous, le Yukon et l'industrie minière, devons composer.
Avec les informations de Claudiane Samson et Mike Rudyk