Un porte-bébé autochtone du Musée de Saint-Boniface rendu à sa famille d’origine

Ce tikinagan, c'est-à-dire un porte-bébé autochtone, a été remis à Martina Fisher, de la Première Nation de Bloodvein, le mois dernier, alors qu'il se retrouvait au Musée de Saint-Boniface depuis une cinquantaine d'années.
Photo : Radio-Canada / Randall McKenzie
Un porte-bébé autochtone qui était exposé au Musée de Saint-Boniface a été rendu à sa famille d'origine après 50 ans.
Le tikinagan a été enlevé à la famille dans les années 1960. Cet objet permet aux femmes des Premières Nations de porter leur bébé sur le dos.
Ma mère m’a dit que j’ai été le dernier bébé dans ce tikinagan
, raconte Martina Fisher, Anichinabée de la Première Nation de Bloodvein, située à plus de 200 kilomètres au nord de Winnipeg.
Elle ajoute que le tikinagan est la première forme d’éducation d’un enfant, car il va partout où la mère va dans la communauté.
Son grand-père l’avait fabriqué, mais il a été vendu pour 30 $ à un conservateur du Musée de Saint-Boniface en 1968, qui cherchait des pièces pour célébrer le 100e anniversaire de la province.
Mme Fisher raconte que, dès le milieu des années 1970, sa soeur avait écrit des lettres au Musée pour récupérer l’objet sacré, qui a une grande signification dans son histoire familiale.
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Martina Fisher estime que le porte-bébé a été utilisé par la moitié des 23 enfants de ses parents.
Elle se dit reconnaissante envers les employés du musée qui ont aidé à son retour dans sa famille.
Je me sens beaucoup plus proche de ma mère et de mon père parce que le tikinagan fait partie de nous. C’est une partie de moi
, témoigne-t-elle.
Le rapatriement d'objet muséal, un acte de réconciliation
Métisse, Émilie Bordeleau-Laroche est conservatrice au Musée de Saint-Boniface depuis septembre dernier.
Elle explique que le processus de rapatriement commence par une demande officielle de la famille ou de la communauté.

Émilie Bordeleau-Laroche est conservatrice du Musée de Saint-Boniface depuis septembre. (Archives)
Photo : Musée de Saint-Boniface
Elle souligne qu’il existe un mouvement pour que les institutions muséales rendent des objets aux communautés autochtones. C'est une façon simple de pratiquer la réconciliation, selon elle.
Nous admettons notre faute en disant que nous ne devrions pas [avoir le tikinagan], puis nous le rendons pour montrer que nous avons écouté et que nous voulons nous associer pour établir une bonne relation
, explique-t-elle en entrevue à CBC.
La famille a invité des représentants du Musée à une cérémonie traditionnelle privée, qui se tiendra le 16 avril à Winnipeg pour les remercier.
Avec les informations de Lenard Monkman