COVID-19 : seulement 3 % des traitements au Paxlovid sont utilisés en Ontario

Le Paxlovid a été approuvé par Santé Canada le 17 janvier dernier.
Photo : Radio-Canada / Cory Herperger
Les pilules antivirales Paxlovid peuvent aider à prévenir les hospitalisations et les complications liées à la COVID-19. Toutefois, ce traitement tarde à être offert dans plusieurs endroits au pays, notamment en Ontario. Des experts souhaitent que la population y ait plus facilement accès.
En date du 31 mars, Santé Canada dit avoir expédié suffisamment de doses pour que 150 000 personnes puissent recevoir ce traitement antiviral, et ce, un peu partout au pays.
Pourtant, environ 3 % seulement des doses disponibles ont été distribuées à la population de l'Ontario et de l'Alberta jusqu'à maintenant, selon des chiffres fournis plus tôt cette semaine par les ministères de la Santé de ces provinces.
Des experts dénoncent cette situation : [Il y a] tellement de délais que les patients ratent l'occasion de prendre un médicament qui peut vraiment changer leur pronostic s'ils sont considérés comme étant à risque
, affirme le Dr Zain Chagla, un spécialiste des maladies infectieuses à l’Université McMaster.
Par ailleurs, les bienfaits associés au Paxlovid demeurent encore un mystère pour un trop grand nombre de patients, dit-il.
« Les patients immunodéprimés, les patients à haut risque et les patients non vaccinés ne savent peut-être pas que le Paxlovid est une option pour eux. »
Qui peut en bénéficier?
De ce fait, le Dr Santiago Perez Patrigeon, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital général de Kingston, explique que le Paxlovid est destiné aux adultes atteints de la COVID-19 qui ont des symptômes légers ou modérés et qui présentent un risque élevé de souffrir d'une maladie grave ou d'être hospitalisés.
On a calculé le risque d'hospitalisation par rapport aux diverses comorbidités, à l’âge, au nombre de vaccins, etc. Et si le risque dépasse les 5 %, le Paxlovid peut servir. Mais si c'est moins de 5 %, ça n'en vaut pas la peine, car ça ne va pas réduire les symptômes et les risques d'hospitalisation de la personne
, explique-t-il.
Le Dr Perez Patrigeon souligne que le Paxlovid est en fait une combinaison de deux médicaments antiviraux : le nirmatrelvir et le ritonavir. Le nirmatrelvir interfère avec les protéines dont le coronavirus a besoin pour se multiplier et l'empêche d'infecter davantage de cellules. Et le ritonavir, lui, fait en sorte que le nirmatrelvir reste dans le sang pendant 12 heures
, explique-t-il.
Ce médicament est administré sous forme de pilules qu'on doit prendre deux fois par jour pendant cinq jours. Le traitement doit commencer dès que le diagnostic est établi ou au cours des cinq jours qui suivent l'apparition des symptômes.
Des règles différentes selon la province
Pour obtenir une ordonnance, les personnes intéressées par ce traitement doivent avoir obtenu un résultat positif à un test de dépistage de la COVID-19, mais les démarches à faire varient selon les provinces et les territoires.
Par exemple, le Québec a autorisé ses pharmaciens à prescrire le Paxlovid. En Ontario, les médicaments sont livrés aux centres d’évaluation clinique pour la COVID-19 et dans des hôpitaux. Le 5 avril, la ministre de la Santé, Christine Elliott, a déclaré que la province prévoyait d'ajouter d'autres points de distribution et que ce plan pourrait inclure des pharmacies.
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Pharmacienne en chef à l’Association des pharmaciens du Canada, Danielle Paes affirme de son côté que des conversations ont cours avec les gouvernements provinciaux pour tenter de rendre les pilules plus accessibles dans les pharmacies.
Nous savons qu'il y a des pharmacies dans toutes les provinces et dans tous les territoires. Nous sommes en mesure d’acheminer le traitement vers les communautés qui en ont besoin
, dit-elle.
Elle aimerait que les pharmaciens obtiennent le pouvoir de prescrire ce médicament un peu partout au pays afin de faciliter le processus d’obtention du traitement.
Comment se procurer le médicament?
Le Dr Chagla, lui, estime que les démarches pour obtenir le traitement devraient être simplifiées en Ontario et que les personnes infectées devraient avoir plusieurs façons d’y accéder.
Le processus doit être équitable pour tout le monde. Le traitement ne peut pas être réservé aux personnes qui ont le temps de naviguer dans le système
, affirme-t-il.
En date du 3 avril, 627 traitements ont été prescrits dans toute la province par l’entremise des centres d’évaluation clinique et 755 traitements supplémentaires ont été envoyés aux hôpitaux, selon le ministère de la Santé de la province, qui dit continuer à explorer les options pour rendre le médicament plus accessible et pour sensibiliser la population
.
En tout, l’Ontario a reçu 40 000 traitements de la part du gouvernement fédéral avec des expéditions mensuelles supplémentaires prévues pour le reste de l'année
.
Le Dr Perez Patrigeon mentionne d'ailleurs qu’une annonce destinée à mobiliser les pharmacies ontariennes dans le processus de distribution est imminente.
En attendant, il conseille aux Ontariens intéressés par le Paxlovid de contacter leur médecin. Ce qui est important pour les gens, c’est de savoir se désigner comme patients à risque s’ils ont le diabète ou un problème au cœur. S'ils ont des symptômes, ils doivent appeler leur médecin, qui saura quoi faire
, dit-il.
L’importance de consulter un professionnel
Le spécialiste explique que la mobilisation des professionnels de la santé est essentielle tout au long du processus, car le Paxlovid peut interagir avec de nombreux autres médicaments
et interférer avec leur fonctionnement
, notamment dans le cas des patients qui font de l’arythmie ou qui prennent des anticoagulants
.
Il explique que la liste de médicaments de chaque patient doit être minutieusement analysée.
Il souligne que même si le Paxlovid est un très bon médicament qui peut réduire les risques de développer une maladie grave de 89 %
, l’interaction entre le Paxlovid et les autres médicaments pose problème
.
Les personnes qui en ont le plus besoin, qui sont le plus à risque d'être hospitalisées, ce sont souvent les personnes âgées et celles qui prennent le plus de médicaments
, conclut-il.
Avec les informations de CBC News