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Comprendre l’évolution du prix du crabe en 4 graphiques

Des crabes des neiges cuits posés sur une planche à découper.

À l'instar de nombreux aliments, le prix du crabe a augmenté cette année (archives).

Photo : Radio-Canada / Laurie Dufresne

À l'instar du prix de nombreux aliments, le prix du crabe a augmenté cette année. Alors que de nombreux ménages risquent de déguster le fameux crustacé pendant le congé de Pâques, voici quelques graphiques pour mieux comprendre pourquoi il est de moins en moins abordable de se le procurer.

1. Les prix au débarquement

Au cours de la dernière décennie, le prix payé aux pêcheurs pour le crabe lors du débarquement de leurs prises a presque triplé. La hausse la plus fulgurante a été enregistrée en 2021, où le prix a doublé après avoir connu une chute importante en 2020 en raison de la pandémie et de l'incertitude des marchés.

Prix en 2020 au débarquement: 4,00 $ par livre, prix en 2021: 7,44 $/livre.

La hausse la plus fulgurante a été enregistrée en 2021, où le prix a doublé après avoir connu une chute importante en 2020 en raison de la pandémie et de l'incertitude des marchés.

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau

Le prix du crabe est dépendant de l'offre et de la demande. Puisque les stocks tendent à diminuer et la demande à augmenter, la ressource devient de plus en plus précieuse.

Pour 2022, les indications qu'on a, c'est que les prix relativement élevés vont se maintenir. Je ne pense pas qu'on revienne aux prix de 2020 ou de 2019, explique Ali Magassouba, économiste de Pêches et Océans Canada.

2. Les quantités de crabe en baisse sur le marché mondial

Même si certaines zones de pêche connaissent des hausses de quotas, les quantités de crabe des neiges pêchées dans le monde sont globalement à la baisse depuis plus de 10 ans.

Seulement au Canada, au cours des huit dernières années, les quantités pêchées ont baissé de plus de 20 %.

La tendance pour la ressource, elle n'est pas à la hausse si on regarde la tendance à long terme. Que ce soit aux États-Unis, que ce soit au Canada, le crabe est une espèce d'eau froide et l'eau a tendance à se réchauffer. [...] Il y a certaines régions où les captures ont tendance à augmenter, comme en Russie, mais pas suffisamment pour contrer les baisses en Alaska et au Canada, explique M. Magassouba.

2012: 206 883 tonnes
2019 : 149 742 tonnes

Les débarquements mondiaux de crabe ont baissé de près de 30 % depuis 2012.

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau

3. Des stocks à la baisse au Québec aussi

En 2021, 11 199 tonnes de crabe des neiges ont été pêchées au Québec. Cela représente une baisse de 30 % par rapport à la quantité pêchée 8 ans plus tôt.

Évidemment, la ressource est cyclique et la quantité de crabes matures qu'il est possible de pêcher peut descendre... et remonter. Actuellement, certaines zones sont dans un creux de vague, comme c'est le cas dans l'estuaire du Saint-Laurent. Dans d'autres secteurs, comme dans la zone 12, les quotas sont en augmentation, mais ce ne n'est pas assez pour faire baisser les prix sur le marché mondial.

La quantité de crabe des neiges est limitée. On ne peut pas s'adapter à la demande en augmentant la production. La quantité est limitée par ce qu'il y a dans les fonds marins et depuis une dizaine, une quinzaine d'années, la tendance pour le crabe des neiges, c'est plutôt à la baisse, explique Ali Magassouba.

2017 : 19502 tonnes débarquées au Québec
2021 : 11 199 tonnes

L'année 2017 a été exceptionnelle pour les pêcheurs de crabe québécois, mais les débarquements sont en baisse depuis.

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau

4. L'inflation et la pénurie de main-d'œuvre

Pendant que les prix à la consommation ne cessent d'augmenter, notamment pour le carburant, la pénurie de main-d'œuvre s'aggrave au pays. Ces deux facteurs combinés ont pour effet de hausser les dépenses des transformateurs et des poissonneries, qui refilent ensuite une partie de la facture aux consommateurs.

Il faut enlever la carapace [du crabe], il faut le cuire, le transporter, payer des gens qui vont le transformer, le mettre en valeur. [...] Il ne faut pas oublier aussi que les salaires ont eu tendance à augmenter en raison de la pénurie de main-d'œuvre, le prix du carburant a augmenté aussi, donc tout ça finit par se refléter dans les coûts finaux, dit M. Magassouba.

Le crabe vivant était vendu à 5,95 $/lb en 2016 et est maintenant vendu 14,95 $/lb.

Ces prix ont été observés par nos journalistes dans les poissonneries du Bas-Saint-Laurent au fil des ans. Ils peuvent varier d'une région à l'autre et d'une poissonnerie à l'autre.

Photo : Radio-Canada / Simon Rail-Laplante

5. Les sanctions contre la Russie

Qui plus est, ce sont les États-Unis qui achètent la majorité du crabe qui est produit sur le marché mondial. Plus de 95 % du crabe des neiges pêché au Québec est d'ailleurs exporté vers ce pays. La Russie exporte également aux États-Unis, mais avec la guerre en Ukraine et les sanctions économiques qui y sont rattachées, le crabe russe devra être écoulé ailleurs, ce qui rend le crabe canadien encore plus prisé cette année.

La Russie produit du crabe et les États-Unis avaient tendance à en acheter pas mal. Mais je pense que la Russie va peut-être être capable de rediriger sa production ailleurs en Asie, estime M. Magassouba.

Bref, plusieurs facteurs expliquent le prix du crabe cette année. Le marché n'est cependant pas à l'abri des fluctuations de l'offre et de la demande et pourrait connaître des années moins fastes, notamment si le crustacé devient moins populaire aux États-Unis.

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