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Archives

Madeleine Arbour, pionnière du design d’intérieur et de présentation

Visage souriant de Madeleine Arbour.

Madeleine Arbour à l'émission « La boîte à surprise », le 24 septembre 1965

Photo : Radio-Canada / André Le Coz

Radio-Canada

Depuis les années 1940, l’artiste en arts visuels et signataire du manifeste Refus global Madeleine Arbour a marqué le design d’intérieur au Québec. À travers nos archives, découvrez comment cette femme inventive a su insuffler à toute une génération le goût de la créativité et de l’esthétique.

Les débuts comme étalagiste et la rencontre des Automatistes

Née en 1923 à Granby, Madeleine Arbour grandit dans une famille de femmes où sa mère élève seule ses quatre filles et son garçon. À l’âge de 15 ans, elle doit mettre fin à ses études pour travailler afin de subvenir à ses besoins.

Madeleine Arbour sera d’abord vendeuse, avant de devenir étalagiste chez Birks, grande bijouterie jouxtant le square Phillips, dans le centre-ville de Montréal. Dans les 21 vitrines que compte la prestigieuse maison de joaillerie, Madeleine Arbour innove et crée le design de présentation.

Pour mettre en valeur les bijoux, elle invente des univers, des espaces composés d’éléments de la nature, comme des branches d’arbre qu’elle peint, des coquilles d’œuf ou encore des objets familiers, telles des pipes, qu’elle suspend.

« La vitrine est pour moi toujours un tableau. »

— Une citation de  Madeleine Arbour

Ses vitrines, conçues tout en finesse et en raffinement, attirent l’œil, si bien que les gens descendent des tramways de la métropole pour venir les admirer de plus près. Durant huit ans, elle travaillera librement à la conception des étalages.

Elle s’intéresse aux arts visuels et cherche à comprendre ce qu’est la peinture. Audacieuse, elle va jusqu'à rencontrer Paul-Émile Borduas chez lui, à Mont-Saint-Hilaire, dans les années 1940.

Elle se lie d’amitié avec les artistes du mouvement automatiste, comme Françoise Sullivan, Bruno Cormier et Jean-Paul Mousseau, et partage les opinions de Borduas sur l’immobilisme de la société québécoise de l’époque. C’est avec conviction qu’elle signe le manifeste Refus global en 1948.

Cinquante ans après l’évènement, le 9 août 1998, Madeleine Arbour revient sur ces rencontres déterminantes en se confiant à la journaliste Isabelle Craig à l’émission Refus global, la quête de la liberté.

Entretien avec la designer québécoise Madeleine Arbour, l'une des signataires du manifeste « Refus global ». L'entrevue se déroule dans l'appartement de Jean-Louis Millette dont Mme Arbour a réalisé l'aménagement intérieur. Journaliste Isabelle Craig.

À l’émission Femme d’aujourd’hui du 22 décembre 1965, la journaliste Lizette Gervais rencontre Madeleine Arbour, qui lui parle du métier d’étalagiste, qu’elle enseigne de 1962 à 1982; d’abord à l’Institut des arts appliqués et, par la suite, au Cégep du Vieux Montréal, où elle crée le Département d’esthétique de présentation.

L’artiste raconte comment elle s’y est prise pour monter la vitrine de Noël de la Maison du Québec à New York.

La journaliste Lizette Gervais rencontre Madeleine Arbour qui lui parle du métier d’étalagiste. L’artiste raconte comme elle a monté la vitrine pour la Maison du Québec à New York.

De l’idée à l’exécution, plusieurs étapes sont nécessaires. Il doit y avoir une rencontre avec le client pour bien cerner sa pensée. Une esquisse de mise en place des objets doit être dessinée. Une étude de couleur doit être faite.

Pour certaines vitrines, elle peut passer jusqu'à 20 heures à se renseigner, un travail de recherche exigeant qu’elle apprécie.

« Il ne faut jamais oublier que c’est une publicité discrète, mais très directe. Il y a un élément dans une vitrine qui vous attire de prime abord; ce peut être la couleur, un objet ou même un slogan. »

— Une citation de  Madeleine Arbour

Encourager la création par le biais de la télévision

Au tout début de la télévision, en 1952, Madeleine Arbour est invitée à créer pour Radio-Canada les personnages d’un conte.

Elle les bricolera avec des fourchettes, des marteaux, des tournevis, des bobines de fil, etc.

C’est dans ce même esprit d’inventivité qu’elle s’adressera plus tard aux enfants à l’émission La boîte à surprise, dont elle tient la chronique axée sur le bricolage de 1957 à 1966.

Dans cet extrait de l’émission du 24 juillet 1967, Madeleine Arbour prend le temps de montrer aux enfants téléspectateurs comment fabriquer une petite poule qui picore, à l’aide de morceaux de carton, d’un suçon et d’un élastique.

Madeleine Arbour montre aux enfants comment bricoler d’une poule qui picore à l’aide de carton, d’un suçon et d’un élastique.

Elle sera également chroniqueuse à l’émission Femme d’aujourd’hui, où elle parlera de décoration intérieure de 1967 à 1977.

Un art affirmé et dépouillé

Parmi ses plus importantes réalisations, on compte : le réaménagement des voitures des trains de VIA Rail Canada, ainsi que des Boeing et Airbus de l'entreprise Air Canada. En outre, elle conçoit le design de l’atelier du peintre Jean Paul Riopelle, celui de la salle Saint-Laurent à la Citadelle de Québec et celui des aires publiques de la résidence du gouverneur général du Canada.

Madeleine Arbour a également produit des décors et des costumes pour le Théâtre du Rideau Vert et pour la Compagnie Jean Duceppe.

En 1965, elle fonde dans le Vieux-Montréal sa propre maison de design, une maison de création composée uniquement de femmes designers.

Le 26 septembre 1977, elle est l’invitée de Françoise Faucher à l’émission Femme d’aujourd’hui pour parler de l’exposition Les fenêtres de ton hiver, qu’elle présente à la Galerie Bernard Desroches.

Françoise Faucher rencontre Madeleine Arbour, décoratrice ensemblière qui présente une exposition de ses tapisseries à la galerie Bernard Desroches.

C’est la première fois qu'elle expose un ensemble de pièces. Elle avait bien exposé une de ses tapisseries au pavillon du Québec à l’exposition universelle d’Osaka en 1970, mais avec cette nouvelle exposition, elle dit montrer pour la première fois sa propre conception de l’art.

À l’instar de ses vitrines, ses tapisseries sont pour elle des tableaux.

« Je ne veux pas faire de tapisseries traditionnelles, ça ne m’intéresse pas. […] J’aspire au dépouillement, mais n’y suis pas encore arrivée. »

— Une citation de  Madeleine Arbour

Dans sa recherche de la simplicité, Madeleine Arbour travaille avec des matériaux naturels : du lin, de la fourrure, de la laine, du coton...

En 1990, elle devient la première femme à présider le Conseil des arts du Montréal métropolitain. L’animateur Gaston L’Heureux la reçoit à son émission L’heure G le 15 août 1990 pour discuter avec elle de son nouveau rôle.

L’animateur Gaston L’Heureux rencontre Madeleine Arbour qui lui parle de son travail de présidente du Conseil des arts de la communauté urbaine de Montréal. La comédienne Mireille Deyglun est également sur le plateau.

Promouvoir les arts sous toutes leurs formes est une mission qu’elle prend très au sérieux, mais qui l’amuse également.

Au cours de l’entrevue, elle revient sur sa carrière, axée notamment sur l'accompagnement des femmes à l’émission Femme d’aujourd’hui et sur les trucs qu'elle leur donnait pour se dépanner à peu de frais.

« Pour moi, c’était une œuvre d’éducation. »

— Une citation de  Madeleine Arbour

L’excellence du travail de Madeleine Arbour sera été maintes fois soulignée au cours de sa carrière. Elle devient membre de l’Ordre du Canada en 1986 et est faite chevalière de l’Ordre national du Québec en 1999.

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