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Politique propalestinienne : McGill menace de punir son association étudiante

Vue extérieure du bâtiment principal de l’Université McGill.

L’Université McGill dit craindre d'éventuels conflits sur le campus.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

La Presse canadienne

L'Université McGill menace de sanctionner son association étudiante, notamment en lui interdisant d'utiliser le nom McGill, parce que l'association a défendu une politique propalestinienne que l'établissement et des groupes juifs qualifient de discriminatoire.

La politique de solidarité avec la Palestine, adoptée lors d'un référendum étudiant en mars avec un soutien de 71 %, stipule que l'Association étudiante de l'Université McGill (AEUM) doit se joindre à une campagne internationale pour boycotter toutes les entreprises et les institutions qui sont complices de l'apartheid colonial contre les Palestiniens. La politique demande également à l'association de faire pression sur l'université pour qu'elle rejoigne le boycottage.

En réponse, l'administration de McGill a remis à l'association étudiante un avis de défaut, lui donnant un mois pour abroger la motion ou conclure une entente avec l'université. Le protocole d'entente régit la relation entre McGill et l'association en établissant des lignes directrices sur le financement et l'utilisation de l'espace scolaire ainsi que le nom de l'université.

L'Université McGill dénonce fermement toutes les formes de racisme et de discrimination, y compris l'antisémitisme et l'islamophobie, a indiqué, dans un communiqué sur les résultats du vote, la porte-parole de l'université Cynthia Lee.

Elle a mentionné que la politique enfreignait les valeurs d'inclusion de l'université et qu'elle ne respectait pas les croyances religieuses et politiques des étudiants.

Plusieurs groupes de revendication juifs appuient la position de l'université et considèrent que la politique de l'association cible les étudiants juifs sur le campus.

Le président de l'association, Darshan Daryanani, affirme que l'administration menace la démocratie et le droit de l'association de représenter tous les étudiants. On parle de liberté académique, mais où est-elle là-dedans?, a questionné M. Daryanani dans une récente entrevue.

L’université craint des conflits sur le campus

Environ 2294 étudiants ont voté en faveur de la politique, soit moins de 10 % de l'ensemble des étudiants de premier cycle de l'Université McGill. L'association a indiqué que 931 étudiants avaient voté contre la politique. Le vote a eu lieu du 15 au 21 mars.

M. Daryanani a souligné que l'association défend la politique elle-même, mais également le droit à la démocratie étudiante.

Mme Lee croit cependant que la politique entraînera des conflits sur le campus.

L'initiative actuelle de l'association étudiante conduira à une polarisation qui favorise une culture d'exclusion et de manque de respect sur la base de l'identité, des croyances religieuses ou politiques des étudiants. Cela est contraire aux valeurs fondamentales d'inclusion, de diversité et de respect de l'université, et ne sera pas toléré, a-t-elle dit.

Danielle Fuchs, étudiante à l'Université McGill et présidente de Hillel Montréal, qui défend la cause de la communauté juive de McGill, dit qu'elle a commencé à se sentir plus hésitante à porter des choses sur le campus qui peuvent révéler son identité juive.

Ces dernières semaines ont été stressantes en tant qu'étudiante juive à McGill, a dit Mme Fuchs dans une récente déclaration écrite. Certains d'entre nous ont été publiquement humiliés et accusés d'être xénophobes, racistes ou même de travailler pour le gouvernement israélien.

Hillel Montréal a signé une déclaration commune avec Hasbara Fellowships Canada et d'autres organisations juives sur des campus pour dénoncer la politique propalestinienne. Ce vote sert à diaboliser, marginaliser et délégitimer les étudiants qui soutiennent le droit d'Israël d'exister en tant qu'État juif, peut-on lire dans la déclaration commune.

BDS, un mouvement qui prend de l’ampleur dans les campus

Les politiques propalestiniennes ont récemment pris de l'ampleur sur les campus universitaires du Canada. Les motions sont liées au mouvement Boycottage, Désinvestissement et Sanctions (BDS), qui est une campagne internationale visant à faire pression sur les entreprises et les groupes – principalement en Israël – accusés d'enfreindre les droits des Palestiniens.

L'Université de Toronto a annoncé en mars qu'elle avait retenu plus de 10 000 $ en frais de scolarité destinés à l'association des étudiants diplômés, en réponse aux activités menées par les associations Boycottage, Désinvestissement et Sanctions.

M. Daryanani a déclaré que, si McGill décidait de mettre fin à son entente avec l'association étudiante, tout le financement destiné à l'association serait placé dans un fonds fiduciaire provisoire. Les fonds seront ensuite supervisés par un comité composé de deux représentants de McGill, de deux représentants de l'association étudiante et d'un président choisi d'un commun accord, mentionne-t-il.

Le directeur de l'organisation d'activisme universitaire pro-israélienne Hasbara Fellowships, Daniel Koren, a dit qu'il pensait que l'indépendance et la démocratie des étudiants étaient les bienvenues sur les campus universitaires, mais il a ajouté qu'il était plus important que les étudiants se sentent en sécurité.

Bien que la démocratie soit importante, vous ne pouvez jamais avoir un vote qui mène à la haine ou à la discrimination contre les autres, a déclaré M. Koren dans une récente entrevue.

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