Racisme dans le hockey mineur : un autre joueur dit être victime d’intimidation
Hockey Outaouais s’est refusé à tout commentaire mardi (archives).
Photo : Getty Images / Bruce Bennett
La saga du racisme au sein d’équipes de hockey mineur en Outaouais se poursuit : un autre joueur affirme avoir été victime de propos racistes. Hockey Outaouais s’est refusé à tout commentaire mardi. Des parents déplorent l’inaction de l’organisme.
En entrevue à Radio-Canada, Jean Bosco Citegetse, le père du jeune joueur Blesson Ethan Citegetse, raconte que c’est l’ami de son fils qui lui aurait signalé que des propos racistes auraient été prononcés à son endroit sur la glace. On a essayé de parler avec le parent du fils qui en a été témoin, et qui nous l’a confirmé
, relate M. Citegetse.
Quand j’ai appris que je m’étais fait traiter de [mot en n], j’étais vraiment déçu, parce que ce n’était pas la première fois que ça arrivait. C’était la deuxième fois cette année
, raconte de son côté le hockeyeur, qui fait partie de l'équipe Les Loups des Collines. Il y avait eu une intervention avec un autre joueur déjà. [...] Je me sentais mal, c’est pas quelque chose que j’apprécie. Ça enlève le plaisir de jouer au hockey.
Une plainte a été déposée auprès de Hockey Outaouais, soutient le père de famille, qui déplore l’absence de suivi.
Ce que j’essaie de dénoncer, c’est les propos racistes, mais c’est aussi l’inaction de Hockey Outaouais, qui ne font rien
, se désole M. Citegetse. Ils vont continuer à dire que c’est tolérance zéro, mais ils ne font rien.
Hockey Outaouais n’a pas voulu commenter les nouvelles allégations mardi.
M. Citegetse estime que les joueurs, à leur âge, 14 ou 15 ans, sont conscients de leurs paroles et savent que ce genre de propos peut blesser.
« On est dans une association où la ligue ne fait rien, alors que nous, les victimes qui nous faisons insulter, on se retrouve dans le trouble. Je n’ai pas pu rien faire, ça m’a juste rendu fâché. Je n’aimais vraiment pas ça. »
M. Citegetse a constaté une baisse d’estime de soi chez son fils. Quand on te traite de ce genre de choses, les conséquences [...] c’est qu’on ne se sent pas comme les autres
, mentionne-t-il. Les gens perdent l’engouement de continuer à jouer quand ils entendent des mots qui vont te rabaisser.
Il y a des jeunes qui ont quitté une équipe. Il y a des jeunes qui ne peuvent plus pratiquer le sport qu’ils aiment
, ajoute-t-il, faisant référence aux joueurs dont l'histoire a été rapportée lundi par Radio-Canada.
Un appel de la ministre St-Onge
Le jeune David Godwin, le premier à avoir dénoncé ces comportements à Radio-Canada il y a plus d’une semaine, a reçu un appel de la ministre fédérale des Sports mardi. Pascale St-Onge, interpellée par son témoignage, a communiqué avec David Godwin pour lui offrir son soutien.
David était un peu gêné. [...] Il était vraiment content qu’elle l’ait téléphoné pour le féliciter
, raconte Vicky Deselliers, la mère du jeune hockeyeur. Ça fait du bien d’entendre du positif en arrière de tout ça, de savoir qu’on n’est pas seuls et qu’on a des gens qui nous supportent.
Mme St-Onge lui a indiqué qu’elle n’était pas en mesure d'intervenir, mais qu’elle lui offrait tout de même toutes ses félicitations.
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130 jours sans réponse
Pour Mme Deselliers, la balle est dans le camp de Hockey Outaouais.
La mère de David Godwin fait valoir que sa première plainte auprès de l’organisme remonte maintenant à plus de 130 jours. J’ai jamais eu de coup de téléphone ou de courriel
, déplore-t-elle.
« Je m’attendais à ce que M. Montreuil me contacte, parce que si lui a des questions, moi j’ai sûrement des réponses. »
J’ai entendu la semaine dernière que M. Montreuil [le président de Hockey Outaouais, NDLR] manquait d’informations, qu’il cherchait encore les numéros des joueurs, qu’il cherchait encore des noms
, relate Mme Deselliers. Mes plaintes étaient vraiment détaillées, avec la date et l’heure et les numéros de joueurs aussi.
Avec les informations de Catherine Morasse