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Le Canada appelé à rejeter tous nouveaux projets de combustibles fossiles

Un drapeau canadien avec, en arrière-plan, de la fumée qui sort d'une cheminée.

Le Canada est le quatrième producteur mondial de pétrole dans le monde. Le secteur pétrolier et gazier représente 26 % des émissions au pays.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Radio-Canada

Le dernier volet du sixième rapport des experts sur le climat de l'ONU, présenté lundi, est sans équivoque : il n’y a plus de place pour l'expansion des énergies fossiles, point final. Quatrième producteur mondial de pétrole, le Canada doit ainsi cesser tous nouveaux investissements dans le secteur pétrogazier, ont appelé des groupes environnementaux au pays.

Les militants du climat sont parfois dépeints comme de dangereux radicaux, alors que les véritables dangereux radicaux, ce sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles, a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, dans la foulée de la publication du rapport.

Investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est, moralement et économiquement, une folie, a-t-il ajouté.

Même si le gouvernement canadien affirme pouvoir réduire les émissions de GES de l’industrie pétrolière et gazière de 3 % d’ici 2030 (par rapport à 2005), la production de pétrole dans l’Ouest canadien pourrait atteindre 5,76 millions de barils par jour en 2035, contre 4,7 millions en 2019, selon un rapport de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) publié il y a deux ans.

Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques (GIEC) recommande plutôt une baisse de 60 % de la production mondiale d’ici 2050 et des résultats dès 2025.

En outre, les investissements dans le secteur pétrogazier canadien devraient atteindre 32,8 milliards de dollars en 2022, selon l’ACPP, ce qui constitue une hausse de 22 % par rapport à 2021. C’est donc dire que le Canada entrerait dans la définition des dangereux radicaux évoquée par le secrétaire général de l’ONU.

Interrogé sur ce sujet en conférence de presse, Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, s’est voulu rassurant.

Le plan que nous avons déposé la semaine dernière propose exactement ce que le GIEC nous demande.

Une citation de Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique

Le GIEC recommande une diminution de moitié des émissions de GES d’ici 2030, alors que le Canada vise une cible de diminution qui oscille entre 40 % et 45 %.

Assis à son bureau, un homme répond aux questions des journalistes lors d'une conférence virtuelle.

Steven Guilbeault occupe le poste de ministre de l'Environnement du Canada depuis six mois.

Photo : Radio-Canada

M. Guilbeault a précisé que les nouvelles cibles exigeraient de l’industrie pétrolière et gazière des réductions d’émissions de 80 Mt de GES d’ici huit ans, ce qui est excessivement ambitieux, dans un contexte ou la production d'hydrocarbures était de juridiction provinciale.

Il a ajouté que la Régie canadienne de l’énergie avait été mandatée par le gouvernement pour proposer d’ici quelques mois de nouveaux scénarios de production de l’industrie qui seraient en phase avec une limitation de la hausse des températures d’au plus 1,5 degré Celsius.

Écologistes au front

Selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, il n’y a plus une seconde à perdre, et les gouvernements, les entreprises et les institutions financières n’ont plus d'excuses.

C'est une véritable honte que les cinq grandes banques canadiennes figurent parmi les 20 premiers bailleurs de fonds mondiaux des combustibles fossiles et que leur financement à cette industrie ait augmenté de 70 % l'année dernière.

Une citation de Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada

Pour Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale du Réseau action climat Canada, c’est l’heure des choix.

Il appelle donc les gouvernements à transformer les systèmes sociaux et économiques, accélérer l'action climatique tout en priorisant les besoins des communautés, sous peine de faire face à l'escalade de la destruction, des conflits et de la pauvreté et de voir l'industrie pétrolière et gazière brûler notre espoir d'un avenir vivable.

Selon Équiterre, le rapport du GIEC devrait constituer le clou dans le cercueil de tout nouveau projet d’infrastructure lié aux énergies fossiles au Canada. L'organisation environnementale recommande notamment au gouvernement fédéral de rejeter le projet de forage Bay du Nord à Terre-Neuve-et-Labrador et de ne pas trop miser sur les technologies qui n’ont pas fait leurs preuves, comme la capture et le stockage de carbone.

Si le ministre de l'Environnement du Québec Benoit Charette a affirmé, lundi à La Presse canadienne, que la province devrait atteindre sa cible en 2030 (-37,5 % d'émissions de GES), Équiterre déplore que le gouvernement caquiste mette de l’avant des projets farfelus comme le 3e lien, mette des bâtons dans les roues du tramway et ne [fasse] pratiquement rien pour diminuer notre dépendance collective à l’auto solo.

Un navire flottant de production, de stockage et de déchargement.

Le navire flottant de production, de stockage et de déchargement que la société norvégienne Equinor utiliserait pour extraire le pétrole extracôtier à 500 km à l'est de Terre-Neuve.

Photo : Gracieuseté - Equinor

De son côté, la Fondation David Suzuki a notamment appelé le Canada à fixer un plafond ambitieux pour les émissions de pétrole et de gaz.

L'industrie se défend

Avec des réductions continues de l'intensité des émissions et notre rôle de chef de file dans les investissements pour les technologies propres, l'industrie a démontré que nous étions déterminés à aider le Canada à atteindre ses objectifs de réduction des émissions, a déclaré Jay Averill, porte-parole de l’Association canadienne des producteurs pétroliers.

L'industrie canadienne du gaz naturel et du pétrole est capable de fournir une énergie abordable, fiable et plus propre à une population mondiale croissante.

Une citation de Jay Averill , porte-parole de l'ACPP

Au moment de publier ces lignes, ni le premier ministre de l'Alberta Jason Kenney ni le premier ministre de la Saskatchewan Scott Moe n'avaient réagi au rapport.

Lors de son émission de radio hebdomadaire, dimanche, M. Kenney avait qualifié le ministre Guilbeault d'« ancien radical de Greenpeace » et le plan climatique du Canada d'« attaque frontale contre les 800 000 personnes qui travaillent dans le secteur de l'énergie ».

Selon lui, le plan d'Ottawa nécessitera une réduction de production, ce qui serait « catastrophique » pour l'économie canadienne.

Lors d'une rencontre tenue la semaine dernière, le ministre de l'Environnement de l'Alberta, Jason Nixon, aurait menacé de poursuivre Ottawa si le gouvernement Trudeau osait toucher à la production pétrolière, a dévoilé Steven Guilbeault lundi en conférence de presse.

Où en est-on au Canada?

  • Le Canada représente environ 1,6 % des émissions mondiales de GES.
  • Les émissions de GES par habitant au Canada sont 2,6 fois plus élevées que la moyenne des pays du G20.
  • Le Canada est le seul pays du G7 dont les émissions ont augmenté depuis la signature de l'Accord de Paris en 2015.
  • En 2019, le Canada était le 4e producteur de pétrole en importance dans le monde.
  • Les émissions totales de l’industrie canadienne des carburants fossiles ont bondi de 20 % depuis 2005 et de 137 % dans le secteur des sables bitumineux.
  • En 2019, le Canada n’avait réussi à réduire ses émissions de GES que de 1 % par rapport au niveau de 2005.
  • Entre 2018 et 2020, le Canada a fourni 14,5 fois plus de soutien à l’industrie des combustibles fossiles qu'à celle des énergies renouvelables.
  • Pour demeurer sous la barre des 1,5 °C, le Canada devrait réduire ses émissions de 57 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.
  • Pour produire de l’énergie zéro émission de carbone d’ici 2050, le Canada devra installer annuellement et au cours des 29 prochaines années cinq fois plus de parcs éoliens et solaires que le niveau actuel.
  • Selon le rapport Banking on Climate Chaos, la RBC, la Banque Scotia, la CIBC, la TD et la Banque de Montréal ont augmenté le financement des combustibles fossiles d'un montant combiné de 61 milliards de dollars en 2021.


Source : Données compilées par la firme Springboard pour le compte d'un groupe d’ONG environnementales canadiennes

Avec les informations de La Presse canadienne

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