L’accès à la propriété de plus en plus difficile au N.-B., même pour la classe moyenne
« Je ne peux pas me battre contre 50 autres personnes », explique un acheteur.

Les maisons se vendent comme des petits pains chauds à Dieppe.
Photo : Radio-Canada
Les acheteurs de la classe moyenne ont de plus en plus de difficulté à s’offrir une maison dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. Ils doivent souvent faire preuve d’imagination pour gonfler leur budget dans un marché qui surchauffe.
De 2020 à 2021, le prix des maisons a augmenté de 32 % au Nouveau-Brunswick. Il s'agit de la plus forte augmentation au pays pour cette période. Selon l'Association des agents immobiliers du Grand Moncton, le prix de référence d'une maison unifamiliale était de 335 000 $ en février, dans un marché où la surenchère est monnaie courante.
C'est justement dans ce marché que Félix Dupuis et sa conjointe ont commencé à chercher une maison l'année dernière, en vue de fonder une famille.
Les gens disaient "attendez, attendez", mais plus on attend, plus que ça vient pire. Fait que, un peu plus, à Noël, je me suis mis à regarder
, explique l’ingénieur trentenaire.
Le couple de Moncton a eu de la difficulté à visiter des maisons. Après quelques heures, de nombreuses offres avaient déjà été soumises, dont plusieurs supérieures au prix demandé par les vendeurs. Le budget du couple – 250 000 dollars – ne leur permet pas de se montrer compétitifs dans une telle arène.
C’est alors que Félix Dupuis a convaincu sa conjointe de visiter une maison à Dieppe, bien au-dessus de leur budget. Les vendeurs demandaient 390 000 $.
Je dis à l'agent immobilier " regarde, moi, je peux pas me battre contre cinquante autres personnes pour la maison. Si t’es intéressé, je peux te faire une offre raisonnable, sinon laissons faire". Puis, il dit " bien, fais-moi une offre par la fin de la journée, puis, si qu’ils trouvent ça raisonnable, les gens qui appartiennent la maison veulent la vendre à quelqu’un de local"
, explique-t-il.
Aller au-delà de ses moyens
Félix Dupuis et sa conjointe ont soumis une offre de 400 000 dollars, soit 150 000 dollars de plus que leur budget initial. Les propriétaires de la maison ont retenu leur offre.
Le couple possède aussi deux jumelés à Moncton. Il habite dans l’un des quatre logements et loue les trois autres pour environ 1000 dollars par mois chacun. Les fonds sont utilisés pour payer l’hypothèque. Comme les maisons, les jumelés ont pris de la valeur ces dernières années, Félix Dupuis a donc décidé de refinancer l’un des deux jumelés.
Puisque celui-ci a plus ou moins doublé de valeur, je peux prendre l'argent [...] puis la mettre sur la différence [de la maison]
, explique-t-il.
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Les parents à la rescousse
Puisque sa conjointe a perdu son emploi pendant la pandémie et qu’elle a ouvert sa propre entreprise il y a moins de deux ans, la banque ne considère pas ses revenus dans les calculs hypothécaires. La banque n’était prête qu’à prêter 250 000 à Félix Dupuis.
Le couple était donc bien loin du 400 000 $. Félix Dupuis a dû demander à sa mère de signer avec lui ses papiers hypothécaires.
C’est pas de quoi que j’aurais voulu demander, mais elle était bien contente de m'aider. Puis là, au moins, je peux finalement peut-être avoir une maison, avoir des enfants
, reconnaît-il.
Daniel Cormier, gestionnaire du développement hypothécaire chez UNI Coopération financière, assure que plusieurs acheteurs doivent se tourner vers des options alternatives
pour que leur demande soit approuvée.
Plus de dossiers qui vont être endossés, je dirais si on parle des plus jeunes par leurs parents, probablement de l'aide avec un don pour une mise de fonds
, explique-t-il.
Le gestionnaire dit que plusieurs choisissent aussi de s’acheter une maison avec un second logement qu’il est possible de louer.
Attendre plutôt que revoir ses attentes à la baisse
Même en ayant un budget plus important, il peut être difficile pour les acheteurs de trouver une maison dans le marché actuel, du moins sans revoir leurs attentes à la baisse.
Avant que le prix des maisons ne grimpe en flèche, Anthony Azard et son conjoint avaient commencé à mettre de l’argent de côté pour s’acheter une maison avec au moins une chambre à coucher, une pièce pouvant servir d’un bureau et suffisamment d’espace pour pouvoir recevoir des invités.
Le couple espérait payer entre 350 000 à 400 000 dollars et il a entrepris ses recherches plus sérieusement l’année dernière.
Le marché à ce moment-là était rendu exponentiellement trop élevé. C’est là qu’on a dit "écoute, je pense que c’est mieux de garder ça comme ça, du moins, moyen, long terme"
, assure Anthony Azard.
Là par exemple, en budget, on est plus autour d’un mini home qui représente un petit peu moins qu’est-ce qu’on recherche présentement
, exagère légèrement celui qui a les yeux rivés sur une maison en construction de 535 000 dollars à Shediac.