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Les grandes ambitions de Métaux Osisko à Murdochville

La municipalité de Murdochville a toujours été liée à l'exploitation minière.

L'exploitation minière qui a été au coeur de la création de Murdochville pourrait reprendre d'ici cinq ans.

Photo : Radio-Canada

Métaux Osisko annonçait cette semaine son intention de relancer l'exploitation du cuivre à Murdochville. Les Gaspésiens devront toutefois attendre de trois à quatre ans avant de savoir si le site de Murdochville redeviendra le moteur économique qu’il a été pendant 50 ans pour la pointe de la péninsule et l’est de la Haute-Gaspésie.

Il faudra ensuite investir pour aménager le site.

Tant Métaux Osisko que l’expert en extraction minière de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue Jean-François Boulanger évaluent que le démarrage de la production de concentré de cuivre ne pourra pas se faire avant au moins cinq ans.

Si le projet se réalise.

La mairesse de Murdochville, Délisca Ritchie-Roussy, rappelle que plusieurs étapes sont à franchir et que rien n’est garanti.

Le président-directeur général de Métaux Osisko, Robert Wares, affirme que l’exploitation de la mine de cuivre à ciel ouvert pourrait générer de 700 à 800 emplois. De 1000 à 1500 personnes seraient nécessaires pour reconstruire le site minier.

Robert Wares estime que l’entreprise devra investir environ 60 millions de dollars pour évaluer le projet.

Gros plan sur une carotte de forage montrant la composition du sol rocheux.

Carottes de forage d'un camp minier (archives)

Photo : Radio-Canada

L’entreprise devra lancer d’autres forages, réaliser les études de faisabilité, rechercher le financement et effectuer les études d’impacts environnementaux, ce qui prendra au moins trois ans. Métaux Osisko décidera alors s’il lancera ou non l’exploitation du minerai.

L’investissement total pourrait s’élever à 1 milliard de dollars, précise le PDG de Métaux Osisko.

En entrevue à l’émission Au cœur du monde, Robert Wares a comparé le projet de Murdochville à celui de Malartic, en Abitibi.

Prudence à Murdochville

Une telle nouvelle pourrait faire rêver de nombreux élus, mais la mairesse de Murdochville, Délisca Ritchie-Roussy, se montre plus circonspecte.

Absente de la région au cours des derniers jours, elle admet avoir été surprise par la nouvelle et même ne pas avoir été informée des négociations en cours depuis juillet dernier entre Glencore et Osisko. Ils nous ont avisés en même temps que tout le monde, a commenté laconiquement Mme Ritchie-Roussy lors de son entrevue à l’émission Bon pied, bonne heure.

Élue mairesse en 2005, l’ancienne enseignante a repris les rênes d’une municipalité brisée par la fermeture de la fonderie et de la mine. L'ancienne ville mono-industrielle, qui a déjà compté jusqu’à 5000 habitants, en dénombre moins de 1000, aujourd’hui.

Vue de Murdochville depuis la piste de ski.

Le mont Miller et le ski hors-piste dans les montagnes de Murdochville attirent maintenant de nombreux touristes (archives).

Photo : Radio-Canada / Vincent Lafond

Depuis, Murdochville a su se réinventer avec le plein air, le ski et le tourisme, mais le passage a été douloureux.

Je vois ça comme une bonne nouvelle, indique néanmoins la mairesse. On a connu c’était quoi une compagnie minière. On va voir ce qu’il en est. Si c’est bon pour la population, on va être là. Ça ne veut pas dire qu’on va tout accepter. Les gens vont nous respecter. On est capables de discuter et on a les arguments pour discuter.

« Il ne faut pas trop s’emballer. »

— Une citation de  Délisca Ritchie-Roussy, mairesse de Murdochville.

La mairesse rappelle que le projet est à l’étape embryonnaire.

De multiples étapes

Métaux Osisko entend par contre démarrer rapidement son programme de forage. Les premiers travaux se feront dès avril.

D’ici le 30 juin, il faut faire suffisamment de forages pour se satisfaire à l’interne, pour voir si notre modèle de ressources se tient bien, explique le PDG d’Osisko. Le but du programme est aussi d’assurer que l’extraction du minerai ne générera pas trop de déchets.

Si ces premiers forages sont concluants, la minière devra aussi conclure les négociations avec Glencore.

Métaux Osisko devra aussi s’assurer de l’acceptation sociale du projet auprès de la population et de l’industrie touristique de Murdochville.

Robert Wares, président-directeur général de Métaux Osisko, n'est pas inquiet. Il donne l’exemple de Malartic, où la mine est devenue une attraction touristique.

Un des enjeux, si le projet se concrétise, sera le logement de la main-d’œuvre, relève Robert Wares. Les maisons à vendre sont rarissimes à Murdochville.

Tracteur et travailleurs sur une mine

De nombreux travailleurs des mines sont embauchés selon une formule de service de navette aérienne (fly-in, fly-out) et ne sont sur les lieux du site minier que durant une période de travail et dans leur région d'origine en période de repos.

Photo : Radio-Canada

Le service de navette aérienne (fly-in, fly-out) pourrait être envisagé. Demander aux jeunes professionnels de déménager en région, c’est extrêmement difficile, avance le PDG de Métaux Osisko.

La mairesse rappelle de son côté que la mine a déjà compté 1900 travailleurs. Les gens ne restaient pas tous chez nous, dit-elle. Plusieurs, effectivement, demeuraient sur la côte, à une cinquantaine de kilomètres de la ville minière, parfois plus.

Une conjoncture favorable

Ce n’est pas un hasard si Métaux Osisko se tourne vers Murdochville. Glencore, propriétaire de la mine, était ouvert aux transactions. Ils ont en ce moment une politique de vente ou de coentreprise (joint-venture) avec leurs actifs qui dorment, explique le dirigeant de Métaux Osisko.

La décision en 1999 de cesser l’exploitation de la mine de cuivre et puis celle de fermer la fonderie de Murdochville en 2002 n’ont pas été prises parce que le gisement avait été entièrement exploité.

La municipalité de Murdochville en 1955.

La municipalité de Murdochville à l'époque du début de l'exploitation du mont Needle, en 1955 (archives).

Photo : Musée de la Gaspésie

Géologue de formation, le PDG de l’entreprise a travaillé pour Mines Gaspé dans les années 1990. J’avais déjà une bonne idée des ressources qu’il y avait là, indique Robert Wares.

André Lemieux, qui demeure à Grande-Vallée, était à l’époque commissaire à la relance de Murdochville. Il rappelle que les personnes âgées disaient qu’il y avait toujours un potentiel à Murdochville. Plusieurs, dit-il, n’ont jamais compris la décision de Noranda.

Toutefois, selon M. Lemieux, une multitude de facteurs explique la fermeture à l’époque, dont le très bas prix du cuivre au tournant des années 2000.

Noranda avait des intérêts ailleurs dans le monde, observe M. Lemieux. Le principal enjeu, c’était la fonderie qui demandait de grands investissements. Le grand groupe international Noranda a investi en Amérique du Sud, dans une nouvelle fonderie où les coûts de main-d'œuvre étaient moindres.

Depuis la fin de l’exploitation de la mine de Murdochville, en octobre 1999, le prix du cuivre a quadruplé et atteint même des sommets inégalés en raison d’un marché mondial stimulé par la transition énergétique.

C’est encore le prix du cuivre qui parle aujourd’hui, relève André Lemieux. Les nouveaux matériaux, les métaux rares, les nouvelles technologies. Ça réveille les investisseurs.

Pour le professeur en métallurgie extractive au campus de Rouyn-Noranda à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Jean-François Boulanger, la relance d’une mine comme celle de Murdochville n’est d’ailleurs pas exceptionnelle.

C’est typique de l’industrie minière, explique l'expert. On exploite des gisements considérés riches à une certaine époque et ça devient non économique de le faire. Plusieurs années plus tard, quand le prix des métaux monte suffisamment, ça devient intéressant de nouveau. L’avantage étant que l’on connaît bien le terrain.

Une opération de chargement dans la mine à ciel ouvert de Murdochville en 1968.

Deux travailleurs discutent ensemble lors du chargement d'un camion dans la mine à ciel ouvert, à Murdochville (archives).

Photo : Musée de la Gaspésie

Une conférence téléphonique est prévue pour la semaine prochaine afin de permettre à la Municipalité de prendre connaissance du projet.

Des réunions auront lieu au cours des prochains mois entre la Municipalité, Osisko et Glencore.

Avec la collaboration de Sylvie Aubut, Catherine Poisson et Isabelle Lévesque

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