Ligue de hockey du Grand Toronto : « Du racisme à tous les niveaux », selon un rapport

Un comité indépendant a publié des dizaines de recommandations afin d'aider la Ligue de hockey du Grand Toronto (GTHL) à améliorer son bilan en matière d’équité, de diversité et d’inclusion. (Archives)
Photo : Getty Images / joci03
Un comité indépendant a examiné pendant plus d’un an les politiques et les pratiques en matière d’équité, de diversité et d’inclusion de la Ligue de hockey du Grand Toronto (Greater Toronto Hockey League, ou GTHL), la plus grande ligue de hockey mineur du pays. Dans son rapport final, le comité conclut que le racisme et les discriminations de sexe et de genre sont des réalités bien présentes au sein de la ligue, et ce, « à tous les niveaux ». Il publie 44 recommandations. La direction de la ligue, elle, dit avoir entrepris des démarches pour faire changer les choses.
Le comité indépendant, composé de sept personnes qui travaillent dans le monde du sport et qui sont issues de différentes communautés culturelles, a été mis en place par la ligue en décembre 2020. Il avait pour mission d’effectuer un examen indépendant et systémique de l’organisation.
Au cours de la dernière année, les membres ont sondé plus de 2000 joueurs, membres de la famille, arbitres et entraîneurs pour en apprendre plus sur les pratiques et les protocoles de la ligue. Par la suite, ils ont rencontré des personnes qui se sont portées volontaires pour réaliser des entrevues, notamment des membres de minorités visibles, des Autochtones, des membres de la communauté LGBT et des personnes ayant un handicap.
Le rapport révèle que la discrimination n’est pas toujours identifiée et sanctionnée
et que la violence verbale est souvent justifiée par différentes personnes au sein de la ligue, selon lesquelles celle-ci fait partie du jeu
.
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Le comité juge que les actes de nature discriminatoire résultent souvent d’un manque de compréhension de base du racisme, ainsi que de préjugés inconscients et de leurs impacts réels
. Selon lui, il n'y a pas suffisamment de représentativité des différentes minorités au sein de la ligue et, par conséquent, il est difficile pour les responsables de reconnaître les différentes formes de discrimination.
Des lacunes précises ont aussi été observées, comme le manque d’éducation en matière de diversité, la culture interne de la ligue et les coûts élevés pour jouer au hockey. Le comité indique également que la ligue pourrait faire plus d’efforts en matière d'inclusivité, même si celle-ci remplit sa mission de promouvoir et régir le hockey mineur organisé, et reconnaît l’importance des enjeux en matière d’équité et de diversité
.
Plusieurs recommandations
Le comité fournit 44 recommandations pour améliorer entre autres la structure, l’organisation, la gouvernance et la culture de la ligue.
Karl Subban, le père de la vedette de hockey P.K. Subban, faisait partie du comité. Il se dit satisfait des recherches effectuées et croit avoir l'écoute de la ligue.
« Je me sens vraiment bien à propos du rapport présenté aujourd’hui. Maintenant, il y a une stratégie en place pour vraiment améliorer les choses. »
Le comité recommande par exemple la mise en place d’une ligne d’appel pour permettre aux personnes de déposer leurs plaintes de façon anonyme, sans crainte de représailles, ainsi qu’une bonne représentativité au sein du conseil d’administration, concernant autant les femmes que les minorités visibles.
Il suggère également la création et l’exécution d’un programme éducatif pour toutes les parties prenantes de la ligue, afin de les sensibiliser sur les initiatives en matière de diversité et d'inclusion.
La ligue compte adopter des changements
Dans les derniers mois, la GTHL
a pris connaissance de certaines recommandations et affirme avoir réalisé de nombreux progrès, en plus de s'être dotée d’une stratégie pour y arriver.Par exemple, elle dit avoir mis en place un processus d’enquête formel, chapeauté par un tiers, pour les plaintes en matière de discrimination, notamment pour ce qui est des incidents qui se produisent sur la glace, mais qui ne sont pas détectés par les arbitres.
Nous devons fournir un espace sécuritaire pour tout le monde, afin que chaque personne puisse partager ses expériences
, reconnaît le directeur général de la ligue, Scott Oakman.
« Nous sommes à un moment de l'histoire où des changements monumentaux se produisent. C'est un moment extrêmement important pour nous. Nous devons réfléchir à ce que nous faisons et à la façon dont nous fonctionnons. »
Par ailleurs, la ligue, qui compte plus de 40 000 joueurs, dit s’entourer de partenaires afin de créer un programme de mentorat destiné à former des entraîneurs issus de différentes minorités.
Avec des informations de Camille Feireisen et de CBC News