Blaine Higgs : « Nous aurons probablement tous la COVID d’une manière ou d’une autre »

« Nous savons qu’en fin de compte, nous aurons probablement tous la COVID d’une manière ou d’une autre, et peut-être que ce ne sera pas ce que nous pensons être la COVID, nous penserons que c’est un rhume », s'est exclamé Blaine Higgs vendredi.
Photo : Radio-Canada
Au Nouveau-Brunswick, les commentaires du premier ministre Blaine Higgs, selon lesquels « en fin de compte, nous aurons probablement tous la COVID d’une manière ou d’une autre », font réagir.
Dans une mêlée de presse vendredi, Blaine Higgs tentait d’expliquer les raisons pour lesquelles la province a décidé de lever toutes les restrictions sanitaires, contrairement à la Nouvelle-Écosse par exemple, qui exige encore le port du masque dans les écoles.
Le premier ministre a affirmé que la santé publique de chaque province gère les choses à sa manière, selon ses ressources disponibles.
Blaine Higgs a précisé que le but était de s’assurer que les hôpitaux pourraient gérer les hospitalisations liées à la COVID-19 et que c'est ce qu’ils font actuellement.
Nous savons qu’en fin de compte, nous aurons tous la COVID d’une manière ou d’une autre, et peut-être que ce ne sera pas ce que nous pensons être la COVID, nous penserons que c’est un rhume
, s'est-il exclamé.
Il a ensuite expliqué qu’il fallait trouver des façons de vivre avec ce virus
et de s’assurer que le système de santé puisse gérer la situation.
Se sentir « oubliée »
Fleurette Landry, de Dieppe, est atteinte d’un cancer et fait partie des gens qui sont les plus vulnérables face au virus. Les propos du premier ministre l’ont grandement déçue.

Fleurette Landry, de Dieppe au Nouveau-Brunswick, croit que la province a « oublié » les personnes vulnérables face au virus en levant toutes les mesures sanitaires d'un seul coup.
Photo : Radio-Canada
Ça m’a découragée et je me suis sentie abandonnée. Je sens que la province a plus ou moins abandonné les personnes en situation de vulnérabilité, parce qu’on dit : protégez-vous vous-mêmes
, dit-elle.
Elle croit que la province n’a tout simplement plus de stratégie et trouve que le port du masque aurait dû rester obligatoire dans les endroits publics.
Je trouve que, maintenant, on commence à voir l’augmentation effrayante du nombre de cas de COVID et pour moi, ce que ça fait, c’est que je trouve que je suis plus isolée maintenant que les mesures sanitaires sont enlevées que lorsqu’on avait des mesures sanitaires en place qui pouvaient mieux nous protéger
, dit-elle.
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Fleurette Landry reconnaît qu’il faut tôt ou tard que la vie reprenne son cours normal, mais le fait d’enlever toutes les mesures sanitaires d’un seul coup est dangereux pour les gens vulnérables face au virus.
C’est plus qu’une petite grippe
, lâche-t-elle, en racontant qu’elle connaît des gens atteints d’un cancer et qui ont été très malades après avoir contracté la COVID-19.
Vers une stratégie d’immunité collective?
Le chef du Parti vert, David Coon, se dit fâché à la suite des commentaires du premier ministre Higgs. Il croit que le virus n’est pas une question de rhume, c’est une maladie très sérieuse
.

David Coon, chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick
Photo : CBC
Le commentaire du premier ministre n'était pas responsable, pas du tout
, dit-il.
Il trouve que le virus représente encore une menace pour la province. Lundi dernier, les statistiques provinciales montraient que 129 personnes étaient hospitalisées (dont 71 en raison du virus) et que 16 personnes supplémentaires étaient décédées. La mise à jour du tableau de bord est attendue de pied ferme demain, par David Coon.
Il y avait aussi beaucoup de personnes très vulnérables au Nouveau-Brunswick. C'est la raison pour laquelle moi et mes collègues, nous avons demandé que le premier ministre adopte encore un mandat pour les masques dans les espaces publics et dans les écoles
, ajoute David Coon.
Certains diront que les commentaires faits par le premier ministre pourraient laisser croire que la province aurait une nouvelle stratégie, celle de miser sur l’immunité collective.
David Coon pense que si c’est le cas, la province fait fausse route. Ce n’est pas une bonne stratégie. Une stratégie comme ça pose de grands risques pour plusieurs personnes au Nouveau-Brunswick.
C’était vraiment incroyable de voir un premier ministre souhaiter à sa population de tomber malade.
Le porte-parole libéral en matière de santé, Jean-Claude D’Amours, trouve que le premier ministre a manqué de sensibilité envers les Néo-Brunswickois.

Jean-Claude D'Amours, porte-parole libéral en matière de santé (archives)
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Surtout lorsqu'on sait que la COVID, on ne connaît pas les conséquences à long terme, que ça soit la COVID longue, on sait qu’il y a des gens qui décèdent; mais peu importe la maladie, de souhaiter à sa population de tomber malade, c'est relativement un manque de respect pour sa population
, dit-il.
C’est irresponsable!
Le directeur général de l’Association des aînés francophones du Nouveau-Brunswick (AFANB), Jules Chiasson, a été surpris des commentaires faits par le premier ministre et trouve cela très inquiétant
.
Je trouve ça irresponsable de la part d’un premier ministre de faire un tel commentaire. C’est comme si on disait on sait que tout le monde va mourir, alors pourquoi est-ce qu'il faudrait un système de santé!
, dit-il.
Faire comme si de rien n’était, je trouve ça absurde.
Selon lui, la situation est sérieuse et il ne faut pas oublier que les aînés font partie des personnes les plus vulnérables face au virus, malgré un taux de vaccination élevé.

Jules Chiasson, directeur général de l’Association des aînés francophones du Nouveau-Brunswick (AFANB)
Photo : Radio-Canada
C’est inquiétant de savoir que le virus est encore présent parmi nous et qu’on peut encore l’attraper, et que maintenant on n'a aucune restriction, c’est encore plus dangereux
, dit-il.
Jules Chiasson est d’avis que la province a passé d’un extrême à l’autre
en ce qui a trait aux restrictions sanitaires et qu’il faudrait mettre certaines balises.
Les gens peuvent entrer dans les foyers de soins sans être vaccinés, sans masque, et on n’a pas besoin de respecter la distanciation. La COVID est encore ici!
, précise-t-il.
D'après les informations d’Alix Villeneuve