Crise du logement : des mesures critiquées de tous bords au Nouveau-Brunswick
Le ministre des Finances avait dit qu’il allait présenter un budget avec des mesures qui plairaient à tous; c'est plutôt le contraire qui s'est produit, mardi.

Le porte-parole pour la Coalition des locataires du Nouveau-Brunswick, Matthew Hayes, est déçu des mesures présentées dans le budget provincial, mardi à Fredericton.
Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue
D’un côté comme de l’autre, les représentants des locataires et les représentants des propriétaires de logements locatifs sont insatisfaits des mesures annoncées mardi par le ministre des Finances, Ernie Steeves, pour apaiser le marché locatif au Nouveau-Brunswick.
Dans son budget 2022-2023, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé la mise en place d’un plafond temporaire sur l'augmentation des loyers [à 3,8 %], ainsi qu’une réduction des impôts fonciers pour les propriétaires d'immeubles à logements.
Le président de l'Association des propriétaires d'appartements du Nouveau-Brunswick, Willy Scholten, croit que la réduction des impôts pour les propriétaires peut sembler être une bonne nouvelle, mais qu’avec la hausse des évaluations foncières qui se situe à 30 %
, ils vont plutôt voir leurs taxes augmenter d’environ 21 %
la première année.
À cela s’ajoute le plafond pour l’augmentation des loyers
, qui nuit aux propriétaires, se désole-t-il.
Selon lui, ces mesures n’encourageront pas la construction de nouveaux logements, bien au contraire.
« Nous espérions que ce budget soit un message clair aux développeurs pour sortir leur pelle, mais j’ai bien peur que ce budget ne véhicule pas ce message. »
Louis-Philippe Gauthier, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, croit qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction
, mais il souligne également que les propriétaires n’auront pas nécessairement plus d’argent dans leurs poches, ni envie d’investir davantage dans les logements.
Malheureusement il va vraiment falloir faire le calcul, je pense qu’avec l’augmentation des valeurs comme telle [des propriétés], ça va être mitigé comme impact
, dit-il.
Des miettes
pour les locataires
Les groupes qui militent pour les droits des locataires ne sentent pas non plus qu’ils sortent gagnants de ce budget.
Le porte-parole pour la Coalition des locataires du Nouveau-Brunswick, Matthew Hayes, croit que les mesures annoncées sont loin d’être suffisantes pour protéger les locataires contre des hausses faramineuses.
C’est une énorme aubaine pour les propriétaires [de logements locatifs] dans la province et les miettes qui sont données aux locataires ne sont pas proportionnelles avec ce qui a été donné aux propriétaires
, croit-il.
Matthew Hayes dit toutefois que son organisme va travailler fort
pour convaincre le gouvernement de maintenir le plafond sur la hausse des loyers au-delà d’un an. On craint que la crise s’accentue.
Le président de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick, Yvon Godin, est déçu de voir que le plafond est établi à 3,8 %. Il aurait dû être plus bas, selon lui. C'est un baume qui n'est même pas suffisant pour aider.
Selon lui, le logement abordable n’est plus seulement une question importante pour les plus démunis. Il explique que les jeunes et les nouveaux arrivants ont aussi du mal à arriver à leurs fins.
« Il faut se pencher aussi sur le désarroi qui existe sur nos jeunes familles et les gens qui arrivent de l’extérieur qui viennent nous supporter au niveau de la main-d'œuvre. »
Les gros gagnants c’est les [propriétaires], ils ont eu des coupures de taxe, et les perdants c’est le public en général
, croit pour sa part le président de la Fédération des travailleuses et travailleurs du Nouveau-Brunswick, Daniel Légère.
Il doute que les propriétaires profitent de cette réduction des impôts pour réduire la facture des locataires. La question principale c’est " ça va tu être passé au locataire ça ". Ce n’est pas garanti, ce n’est pas exigé.
L'opposition en aurait voulu plus
Les partis d'opposition à l'Assemblée législative estiment que le plafond de la hausse à 3,8 % est trop élevé. Des provinces canadiennes ont des plafonds beaucoup plus bas, comme la Nouvelle-Écosse qui a fixé son plafond à 2 %.
Ça prenait un contrôle des loyers, donc c’est une bonne nouvelle de le voir, mais est-ce que ça va loin assez, parce qu’on regarde d’autres provinces, au Canada, qui ont des contrôles qui sont trois fois meilleurs que le nôtre
, indique le député libéral de Moncton Centre, Rob McKee.
C’est trop élevé, par exemple en Colombie-Britannique il y avait 1,2 %, en Ontario 1,5 %
, ajoute le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon. Il estime aussi que la province aurait dû investir davantage dans le logement abordable.
Avec des informations de Pascal Raiche-Nogue et de Michel Corriveau