Prix de l’essence : il faut améliorer le transport en commun, selon des intervenants

Des intervenants à Terre-Neuve-et-Labrador plaident pour une amélioration du transport en commun dans le contexte de la hausse des prix de l'essence.
Photo : Radio-Canada / Mark Cumby
Le moment est venu pour le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador d’envisager sérieusement des solutions de rechange en matière de transport tandis que les prix de l’essence et le coût de la vie sont élevés, estiment des intervenants du milieu.
Le prix de l’essence ordinaire libre-service, qui a récemment atteint plus de 2 $ le litre par endroits, a diminué à environ 1,80 $ le litre, ce qui cause toujours des difficultés à de nombreux automobilistes.
Il n’existe aucun système public de transport en commun en milieu rural dans la province. Certaines entreprises privées transportent des gens qui doivent se déplacer d’une communauté à l'autre ou se rendre à des centres urbains comme Saint-Jean ou Corner Brook.
April Stapleton, propriétaire de l'entreprise Matthew's Taxi and Bus Services, transporte quotidiennement des gens entre les communautés de la péninsule de Burin et Saint-Jean. L’entreprise transporte environ huit personnes lors des journées les plus occupées. Selon Mme Stapleton, beaucoup de gens dépendent de ce service pour se rendre à Saint-Jean, notamment pour des rendez-vous ou des traitements médicaux.
L’entrepreneure ajoute qu’elle ne reçoit aucune aide gouvernementale, qu’elle a dû augmenter ses tarifs en raison de la hausse des prix de l’essence et que la pandémie freine toujours la demande de transport.
La route vers le transport public
Il serait irréaliste de vouloir supprimer la dépendance à l'automobile à Terre-Neuve-et-Labrador, mais l'offre de services privés comme ceux de Mme Stapleton peut faire partie d’une solution pour les gens qui ne conduisent pas, selon Paris Marx, auteur de l’ouvrage intitulé Road to Nowhere: What Silicon Valley Gets Wrong about the Future of Transportation.

Il y a des occasions pour offrir un service de transport en commun en milieu rural à Terre-Neuve-et-Labrador, selon l'auteur Paris Marx.
Photo : Gracieuseté : Paris Marx
La meilleure approche, explique Paris Marx, varie selon les besoins de la communauté et les circonstances à l’échelle locale. Elle peut comprendre des circuits d’autobus entre les communautés et des services sur demande du secteur privé.
Certaines municipalités, dont Happy Valley-Goose Bay, ont étudié la faisabilité d’un service d’autobus. Selon Paris Marx, elles aimeraient une aide gouvernementale pour mettre sur pied ce genre de service.
Le transport public absent d’un plan gouvernemental
Le gouvernement provincial a annoncé diverses mesures, la semaine dernière, pour aider les personnes les plus vulnérables à la hausse du coût de la vie. Il a notamment annoncé une plus grande remise à l’achat de véhicules électriques ou hybrides.
À lire aussi :
Quant au transport public, le ministre des Enfants, des Aînés et du Développement social, John Abbott, affirme que son ministère travaille avec les communautés, des groupes de personnes âgées en particulier, pour améliorer leur accès à des services d’autobus.
Le gouvernement peut jouer un rôle plus actif dans le domaine du transport en milieu rural sans dépenser beaucoup d’argent, estime l’intervenant David Brake.

L’intervenant David Brake estime que le gouvernement provincial peut jouer un plus grand rôle en matière de coordination des services de transport en commun en milieu rural (archives).
Photo : Radio-Canada / Zach Goudie
Il explique que le gouvernement pourrait tout d’abord, en collaboration avec les services actuels, créer une plateforme où seraient centralisés les renseignements sur les circuits, les horaires, les coordonnées de chacun, etc.
Dans une deuxième étape plus coûteuse, le gouvernement pourrait offrir un service de transport public ou des subventions en la matière pour combler les lacunes, ajoute David Brake.
Le secteur privé pourrait aussi combler certaines lacunes avec ou sans subvention, selon le PDG de l’organisme Food First N.L., Josh Smee. Il souligne que des modèles d'affaires du genre fonctionnent en milieu rural dans d’autres régions du pays.
D'après un reportage de Darrell Roberts, de CBC