Un collectif veut repenser l’école et invite les citoyens à y participer

Un collectif rêve d'une école nouvelle au Québec.
Photo : Radio-Canada / Martin Chabot
Des enseignants, des chercheurs, des membres du personnel : le collectif Debout pour l’école! entame ce qu’il considère comme un vaste chantier pour expliquer les problèmes dans le système éducatif québécois. Ensemble, ils veulent repenser l’école - ce qu’ils ont fait dans un ouvrage paru la semaine dernière - et ils s’activent pour créer quelque chose, comme des états généraux sur cette question.
On veut d’abord informer la population et lui expliquer comment les conditions en enseignement se sont dégradées au fil des ans, et qu’une perte d’autonomie professionnelle a été observée
, indique Suzanne-G. Chartrand, porte-parole du collectif Debout pour l’école! qui a oeuvré durant au moins 50 ans dans le milieu de l’éducation.
Cette étape a été réalisée, après deux ans de travail, avec la parution du livre Une autre école est possible et nécessaire, par un collectif d’auteurs.
Forum citoyen
Ce livre, officiellement lancé la semaine dernière, deviendra la carte de visite de ce collectif de quelque 1400 membres, passionnés d’éducation.
Ce qu’on espère, c’est que ce soit l’élément déclencheur pour amener une vaste consultation publique, un peu comme des états généraux, ou l’idée du philosophe Normand Baillargeon de recréer une commission Parent [qui date des années 60]
, poursuit l’enseignant au secondaire Sylvain Dancause, membre du comité éditorial du livre.
Les détails doivent être peaufinés au cours des prochains mois. Les membres du collectif rassemblent des partenaires et espèrent en arriver à des forums citoyens sur l’avenir de l’école au Québec au printemps 2023.
Avec le livre, et ensuite avec les consultations, ce serait de faire le tour de ce qu’il se passe, autant au primaire, au secondaire, à l’éducation pour adultes et à la formation professionnelle. Des chercheurs universitaires ont aussi collaboré pour que ça aille au-delà des idées, pour apporter un aspect plus scientifique à la démarche
, ajoute-t-il.
Le collectif se dit apolitique. D’ailleurs, Mme Chartrand a précisé que le livre ne sera pas envoyé au ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. On a eu bien de la difficulté à nous faire entendre avec lui par le passé. On espère qu’il l’achètera par lui-même
, précise la porte-parole.
Casser le mode de gestion
Un des chapitres du livre porte sur la gestion déshumanisante de l’école
. Le professeur Simon Viviers, du Département des fondements et pratiques en éducation à l’Université Laval, a participé à sa rédaction.
Mes recherches portent sur les incidences des modes d’organisation sur l’aspect psychosocial du personnel scolaire
, souligne-t-il. J’ai travaillé avec des chercheurs comme moi, mais aussi des enseignants, pour analyser comment la gestion a dégradé la santé mentale du personnel, pour ce livre.
Le professeur Viviers cite en exemple la nouvelle gestion publique
des années 1990 où les indicateurs de réussite ont commencé à être chiffrés.
Les enseignants nous disent que c’est évalué en fonction de critères qui leur échappent. Ils admettent avoir des effets sur la réussite des élèves, mais voudraient que les déterminants psychosociaux de l’élève entrent aussi en ligne de compte
, rapporte-t-il.
Le chapitre, comme tous les autres du livre, apporte aussi des solutions, comme celle de valoriser l’expertise des enseignants sur le terrain avant de prendre des décisions.
Ouvrir la discussion
Simon Viviers affirme vouloir participer au collectif Debout pour l’école!, par le biais du livre, pour donner de la visibilité à cette situation pour le grand public
.
Et peut-être pour forcer la main aux décideurs pour offrir de meilleures conditions d'exercice à ceux qui éduquent nos enfants
, ajoute le professeur.
L’enseignant Sylvain Dancause est du même avis. Avec les idées avancées dans le livre, nous, on ne croit pas que l’on détient la vérité. On veut amener des réflexions profondes et, ensuite, il faut faire preuve d’ouverture.
L’ouvrage a été créé avec la collaboration de près de 100 personnes. Les membres et les auteurs du collectif ne sont pas rémunérés. Les profits seront utilisés pour poursuivre la mission du collectif.