Le siège de Marioupol est un « acte de terreur » indélébile, dit Zelensky
Les bombardements russes ont défiguré la ville de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.
Photo : Reuters / ALEXANDER ERMOCHENKO
Au 25e jour de l’invasion, l’armée russe ne laisse aucun répit aux Ukrainiens, surtout à Marioupol, où une école qui servait d'abri aurait été bombardée, selon les autorités ukrainiennes. Un quart de la population a déjà fui la guerre pour s'établir ailleurs au pays ou à l'extérieur des frontières.
Commentant la situation à Marioupol, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un crime de guerre tout en réclamant encore la possibilité de négocier avec le président Poutine.
« Se comporter ainsi avec une ville pacifique constitue un acte de terreur dont on se souviendra pendant des siècles. »
Tandis que des agences de presse russes ont rapporté que des autocars avaient déplacé plusieurs centaines de réfugiés, les autorités de Marioupol accusent quant à elles la Russie de déporter des civils.
La semaine dernière, plusieurs milliers d'habitants de Marioupol ont été déportés vers le territoire russe
, a affirmé le conseil municipal sur Telegram.
Pendant ce temps, l'offensive ne faiblit pas et la ville est dévastée par des bombardements qui ont réduit à l’état de ruines bon nombre de bâtiments et détruit les infrastructures de distribution d’eau et de courant.
De retour à Athènes, le consul général de Grèce à Marioupol a comparé la ville ukrainienne assiégée par l'armée russe à Guernica, en Espagne, ou encore à Alep, en Syrie, deux villes qui ont été défigurées par la guerre.
« Marioupol fera partie de la liste des villes dans le monde qui ont été complètement détruites par la guerre, comme Guernica, Stalingrad, Grozny, Alep. »
Une école d'art bombardée
Les autorités ukrainiennes ont rapporté dimanche que les forces russes avaient bombardé une école d'art qui servait de refuge à plusieurs centaines de personnes à Marioupol. Des civils seraient coincés sous les décombres.
« Hier [samedi], les occupants russes ont largué des bombes sur l'école d'art G12, située sur la rive gauche de Marioupol, où 400 habitants de Marioupol, des femmes, des enfants et des personnes âgées, s'étaient réfugiés. »
Ces déclarations ne pouvaient pas être vérifiées de manière indépendante dans l'immédiat.
Jeudi, l'Ukraine avait accusé Moscou d'avoir bombardé un théâtre de la ville où s'étaient réfugiés des centaines d'habitants. Aucun bilan n'est encore disponible.
Selon Kiev, plus de 2100 civils et combattants ont été tués à Marioupol depuis le début de l'invasion russe, le 24 février.
Toujours à Marioupol, l'usine sidérurgique et métallurgique Azovstal, une des plus grandes d'Europe, a été fortement endommagée par des bombardements, selon les autorités ukrainiennes.
Les pertes économiques pour l'Ukraine sont immenses
, a affirmé la députée Lesia Vasylenko, qui a publié sur son compte Twitter une vidéo dans laquelle on voit d'épaisses colonnes de fumée s'élever d'un complexe industriel.
Kiev encore prise pour cible
Dans la capitale de l'Ukraine, où semblait régner un calme précaire depuis plusieurs heures, un obus a explosé dimanche dans une cour devant un immeuble d'habitation dans le nord-ouest de la capitale, blessant au moins cinq personnes, dont deux ont été hospitalisées, selon le maire Vitali Klitschko.
Le bâtiment de dix étages, situé dans le quartier de Sviatiochine, est très endommagé, a constaté sur place l'AFP
.Ma sœur était sur le balcon quand c'est arrivé, elle a failli être tuée
, a raconté Anna, 30 ans.
Après une courte période d'accalmie, des bombardements ont touché plusieurs logements et un centre commercial dans le quartier de Podil, à Kiev, tuant au moins une personne, a déclaré le maire de Kiev, Vitali Klitschko.
Selon les informations dont nous disposons actuellement, plusieurs maisons et un des centres commerciaux [ont été touchés]
, a déclaré M. Klitschko sur Telegram.
Catastrophe humanitaire absolue
à Tchernihiv
Dans le nord du pays, le maire de Tchernihiv, Vladislav Atroshenko, a dépeint une catastrophe humanitaire absolue
dans sa ville de 285 000 habitants avant la guerre menée par Vladimir Poutine.
« Les tirs d'artillerie indiscriminés dans les quartiers résidentiels se poursuivent, des dizaines de civils sont tués, des enfants et des femmes. »
Il n'y a pas d'électricité, de chauffage et d'eau, l'infrastructure de la ville est complètement détruite
, a-t-il affirmé.
Moscou utilise de nouveau ses missiles hypersoniques
Après un premier tir samedi, l’armée russe a affirmé avoir utilisé des missiles hypersoniques en Ukraine pour le deuxième jour consécutif. Cette fois-ci, c’était pour détruire une réserve de carburant de l'armée ukrainienne dans le sud du pays.
Une importante réserve de carburant a été détruite par des missiles de croisière "Kalibr" tirés depuis la mer Caspienne ainsi que par des missiles balistiques hypersoniques tirés par le système aéronautique "Kinjal" depuis l'espace aérien de la Crimée
, a précisé le ministère russe de la Défense.
Ces missiles appartiennent à une famille de nouvelles armes mises au point par la Russie et que le président Poutine qualifie d’invincibles
, car ils sont censés pouvoir échapper aux systèmes de défense adverses.
Selon le ministère ukrainien de la Défense, les troupes russes ont effectué 291 frappes de missiles et 1403 raids aériens depuis le début de l'invasion, le 24 février.
10 millions de personnes déplacées
Dans l'immédiat, la guerre en Ukraine se double d'une catastrophe humanitaire et, selon l'ONU
, 10 millions d'Ukrainiens, soit un quart de la population, ont dû quitter leur domicile. De ce nombre, près de 6 millions seraient déplacés à l'intérieur du pays et plus de 3 millions l'auraient tout simplement quitté.Selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, plus de 900 civils ont perdu la vie et près de 1500 ont été blessés depuis le début du conflit. La plupart des morts et des blessés ont été victimes de tirs d'artillerie, de lance-roquettes et de frappes aériennes.
Sur le front, du côté russe, les pertes seraient lourdes quoique difficiles à documenter. Selon les autorités ukrainiennes, l’armée russe a perdu 14 700 soldats, morts ou blessés, et 476 chars.
Moscou ne communique plus aucun bilan depuis que les autorités ont admis, le 2 mars dernier, la mort de près de 500 soldats.
Au moment d'écrire ces lignes, il est impossible de confirmer ni les estimations de l’Ukraine ni celles de la Russie.
Première rotation du personnel de Tchernobyl
Environ la moitié du personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl a pu être remplacée dimanche pour la première fois depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
L'équipe qui travaillait au moment de l'attaque militaire russe le 24 février était restée en fonction depuis lors sans pouvoir effectuer de rotation, ce qui, selon l'AIEA
, représentait une menace pour la sécurité en raison de l'épuisement de l'équipe.Ils ont effectué leurs importantes missions dans des conditions immensément stressantes et fatigantes en présence de forces militaires étrangères et sans le repos approprié
, a déclaré le chef de l'AIEA , Rafael Grossi, dans un communiqué.