Les forces russes pénètrent dans Marioupol
L’armée russe est entrée samedi dans la ville de Marioupol, dans le sud de l'Ukraine, où d’intenses combats de rue opposent ses soldats et les forces nationales.
Photo : Reuters
Après avoir bombardé pendant plusieurs jours Marioupol, l’armée russe est entrée samedi dans la ville, où d’intenses combats de rue opposent ses soldats et les forces ukrainiennes.
Marioupol est l'une des principales cibles des bombardements russes depuis le début de l'invasion de l'Ukraine lancée le 24 février.
Ces combats ont entravé les efforts de sauvetage des personnes prises au piège sous les décombres d'un théâtre bombardé mercredi par les forces russes, a déclaré Vadym Boychenko, le maire de Marioupol.
Il y a des chars […] des tirs d'artillerie, et toutes sortes de tirs d'armes dans la région
, a-t-il ajouté.
« Nos forces font tout ce qu'elles peuvent pour maintenir leur position dans la ville, mais les forces de l'ennemi sont malheureusement plus importantes que les nôtres. »
Vendredi, les autorités ont déclaré que 130 personnes avaient été évacuées des décombres de l'abri antiaérien situé sous le théâtre, mais que plus de 1000 autres se trouvaient toujours prisonnières des décombres.
La Russie a nié avoir bombardé l'édifice, qui avait été clairement identifié comme un abri civil.
De violents combats ont aussi lieu devant une aciérie, a annoncé samedi le conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Vadym Denysenko. L'une des plus grandes usines métallurgiques d'Europe est en train d'être détruite
, a-t-il lancé à la télévision à l'adresse de l'Occident, à qui il a demandé une aide pour faire face aux attaques russes.
Des enfants, des personnes âgées meurent. La ville est détruite, effacée de la surface de la Terre
, a déclaré Michail Vershnin, officier de police à Marioupol, depuis une rue jonchée de décombres dans une vidéo authentifiée adressée aux dirigeants occidentaux.
Marioupol, ville portuaire stratégique du sud-est de l'Ukraine, a été encerclée par les forces russes. Environ 300 000 personnes y sont bloquées et sont sans électricité, sans eau courante ni chauffage.
Parmi les nombreuses victimes civiles des combats en cours à Marioupol, un groupe de quatre adultes et 19 enfants pour la plupart orphelins sont bloqués dans un sanatorium, s'inquiète Stop TB, une fondation caritative basée à Genève.
La chute de la ville marquerait une avancée majeure sur le champ de bataille pour les forces russes, qui sont en grande partie enlisées dans plusieurs villes depuis plus de trois semaines.
Les soldats russes ont déjà coupé la ville de la mer d'Azov, et sa chute relierait la Crimée, que la Russie a annexée en 2014, aux territoires contrôlés par les séparatistes soutenus par Moscou à l'est.
Dmytro Gurin, un député dont les parents sont piégés dans la ville du sud-est, qualifie de médiévales
les conditions de vie à Marioupol.
Les gens n'ont plus de nourriture et, plus grave encore, n'ont plus d'eau, a déclaré Gurin. Et il y a plusieurs jours, les chars ont commencé à tirer sur des immeubles de neuf étages, de sorte que les gens ne peuvent pas sortir. Ils restent cloîtrés dans leurs appartements ou sous-sols en se demandant s'ils vont mourir dans l'heure qui vient.
« Les bombardements et les tirs ne s'arrêtent jamais. Les avions larguent des centaines de bombes en 24 heures. »
Les bombardements russes ont rendu la ville méconnaissable. D'après les photos que j'ai vues, il n'y a plus de ville. Selon les estimations du bureau du maire, 30 % des bâtiments sont détruits et 50 % sont fortement endommagés. Ma maison est entièrement brûlée
, déplore le député.
Le bombardement d'un site militaire à Mykolaïv fait plusieurs morts
Les raids aériens russes se sont succédé à un rythme rapide samedi sur Mykolaïv, une ville du sud de l'Ukraine.
« Nous ne pouvons pas donner l'alerte pour les raids aériens parce que le temps qu'on annonce cette tornade, elle est déjà là. Le message [d'alerte] et les bombardements arrivent en même temps »
Il n'a pas fourni de précisions sur l'étendue des dégâts ni sur le nombre de victimes éventuelles.
Parallèlement, des témoins donnaient des bilans variant du simple au double après la destruction par six roquettes, vendredi, d'une caserne militaire dans le nord de cette ville.
Pas moins de 200 soldats dormaient dans les baraquements
, selon Maxime, un militaire de 22 ans interrogé sur place par l'AFP . Au moins 50 corps ont été extraits, mais on ne sait pas combien il en reste sous les décombres
, poursuit le jeune soldat. Evguéniï, un autre militaire sur place, estime que les frappes pourraient avoir fait 100 morts.
Les Russes ont lâchement effectué des frappes de missiles contre des soldats qui dormaient. Une opération de secours se poursuit toujours
, a déclaré M. Kim dans une vidéo publiée sur Facebook.
Mykolaïv et sa région sont le théâtre de violents combats et bombardements russes. La ville représente une position stratégique, car elle constitue le dernier verrou avant la grande cité portuaire d'Odessa, située à 130 km à l'ouest.
Les banlieues nord-ouest de Kiev (Bucha, Hostomel, Irpin et Moshchun) ont également été la cible de tirs samedi. L'administration régionale de Kiev a signalé que la ville de Slavutich, au nord de la capitale, était complètement isolée
et que du matériel militaire russe avait été repéré dans la région au nord-est et à l'est de Kiev.
Sept civils ont été tués et cinq, blessés à la suite d'une frappe au mortier sur la ville de Makariv, dans la région de Kiev, le 18 mars, a rapporté la police samedi sur Facebook.
Les bombardements se sont aussi intensifiés dans l'est du pays.
Une femme et deux enfants ont été retrouvés morts sous les décombres d'une maison qui s'est effondrée à la suite d'un bombardement dans la ville de Rubizhne, dans la région de Louhansk, le 19 mars, a rapporté le Service national des urgences sur Telegram.
Un troisième enfant a été extrait des décombres. Sa vie ne serait pas en danger.
Au cours des dernières 24 heures, les forces russes ont tiré sur huit villes et villages de la région orientale de Donetsk, en utilisant l'aviation, des roquettes et de l'artillerie lourde.
La police nationale ukrainienne a déclaré, samedi dans un communiqué sur Telegram, qu'au moins 37 bâtiments résidentiels et infrastructures avaient été endommagés et que des dizaines de civils avaient été tués et blessés à la suite des attaques. Outre Marioupol, l'armée russe a tiré sur Avdiivka, Kramatorsk, Pokrovsk, Novoselydivka, Verkhnotoretske, Krymka et Stepne.
Les victimes s'accumulent, l'exil se poursuit
Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a annoncé samedi qu'au moins 847 civils sont morts en Ukraine depuis le début de l'offensive militaire russe le 24 février. Le nombre de blessés s'élève quant à lui à 1399.
Le bilan réel serait considérablement plus élevé, car de nombreuses informations restent à vérifier dans plusieurs villes gravement touchées, a précisé le HCDH
.En tout, 112 enfants ont été tués en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, ont déclaré samedi les autorités ukrainiennes. De plus, 140 enfants ont été blessés, selon le ministère public.
Plus de 3,3 millions de réfugiés ont désormais fui l'Ukraine depuis l'invasion russe, ont indiqué les Nations unies, tandis que près de 6,5 millions de personnes seraient déplacées à l'intérieur du pays.
L'Ukraine a évacué 190 000 civils des zones situées sur la ligne de front en empruntant les couloirs humanitaires depuis le début de l'invasion du pays par la Russie, a annoncé samedi la vice-première ministre, Irina Verechtchouk.
Mme Verechtchouk a indiqué que les couloirs humanitaires des régions de Kiev et de Louhansk sont opérationnels ce samedi, ce qui n'est pas complètement le cas de celui menant vers la ville assiégée de Marioupol, dans l'est du pays, les bus n'étant pas autorisés à passer par les troupes russes.
La ville de Kiev s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants. Selon la mairie, 222 personnes, dont 60 civils, y ont été tués.
Du côté des forces armées, le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'environ 1300
militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.
L'Ukraine a indiqué avoir 562 prisonniers de guerre russes
et les détenir conformément au droit international, comme un pays civilisé
.
Avec les informations de la BBC, de l'AFP et de l'AP