La ferronnerie d’art pour aider les militaires et vétérans
Briser l’isolement par la « forge-thérapie »

Dominic April martèle un tisonnier dans son atelier.
Photo : Radio-Canada / Alicia Rochevrier
C’est dans un petit atelier à Saint-Raymond que Dominic April a fondé en 2018 une « forge-thérapie » pour les militaires et vétérans atteints du trouble de stress post-traumatique.
Dominic a travaillé au sein de l’infanterie du Royal 22e Régiment pendant 27 ans. En 2013, le diagnostic de trouble de stress post-traumatique tombe. Il doit dès lors quitter le service militaire et surtout réintégrer la vie civile. C’est en thérapie que Dominic trouve le courage et l’idée de créer l’Atelier du Vieux Corbeau.
Quand je suis sorti des Forces, je me suis senti un petit peu laissé à moi-même [...] Dans l'armée, j'étais adjudant. Je m'occupais toujours de mes gars et ainsi de suite. Je me suis dit : "J'vais aider les gens qui ont de la misère à se réinsérer socialement". L'Atelier du Vieux Corbeau est né comme ça.
L'atelier est unique en son genre. Dominic enseigne la ferronnerie d’art pour créer des œuvres en acier tout à fait uniques qu’il réalise pour des clients ou qu’il offre parfois sous forme de dons.
Chaque semaine, cinq apprentis se rendent à l'atelier. Et les projets de ferronnerie d'art ne manquent pas! Cette expertise, Dominic l’a acquise alors qu’il était artiste graphiste avant même de rentrer dans l’armée.
Il finalise ces jours-ci une fresque militaire destinée à la Citadelle de Québec.
Je veux l'offrir à la Citadelle de Québec pour fermer la boucle sur ma carrière. Pour dire :"J'ai été fantassin pour le régiment, puis maintenant je ferme la boucle en tant qu'artiste pour le régiment".
Contrairement à l’idée que l’on peut parfois se faire d’une forge, l’Atelier du Vieux Corbeau n'abrite pas de grosses brutes barbues... bien au contraire. L’écoute, l’apprentissage et le souci du détail sont des éléments qui habitent l’esprit de la forge-thérapie. D’ailleurs, deux forgeronnes font partie de l’équipe.
Jessica Dupuis est arrivée il y a à peine deux mois.
« Je me cherchais beaucoup ces derniers temps, j'avais de la misère à avoir un but. J'me demandais quoi faire le jour, je ne savais plus vraiment. [...] Quand j’ai rencontré Dominic, ç'a cliqué tout de suite! »
Annick Duclos, quant à elle, collabore avec Dominic depuis presque trois ans.
J'avais juste l'armée dans ma vie, l'armée, mes enfants. Je ne savais pas que j'étais en mesure de faire autre chose que de l'armée dans ma vie. C'est là que j'ai commencé à faire de l'artisanat, puis par la suite, j'ai rencontré Dominic. Ce qui a permis vraiment vraiment de découvrir mon côté artistique que je ne connaissais pas chez moi.''
Le programme de forge-thérapie est destiné exclusivement aux militaires et vétérans. Dominic croit que c’est aussi par l’art que l’on réussit à se donner davantage de valeur et d’importance. En plus de réaliser des pièces uniques, des liens de confiance se créent.
« C'est quelque chose qui fonctionne. [...] Les gens me disent : "Je suis redevenu un humain. Ça, c'est la partie la plus importante pour moi". »
Pourquoi le nom du Vieux Corbeau? Car le corbeau est un symbole de renaissance, de guérison et de guide. Pour Dominic, la ferronnerie d'art aura été pour lui le moyen de retrouver une nouvelle vie et d'en faire profiter les autres.