Des « centaines » de personnes sous les décombres d’un théâtre bombardé à Marioupol

Les secouristes sont à la recherche de survivants dans les ruines d’un théâtre détruit par des frappes aériennes de l'armée russe dans la ville assiégée de Marioupol.
Photo : AP
Des « centaines » de personnes étaient toujours sous les ruines, vendredi, d'un théâtre bombardé mercredi par les forces russes à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.
Deux jours après le bombardement d'un théâtre à Marioupol, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dans une vidéo que des centaines d'habitants de Marioupol sont toujours sous les décombres
, alors même que l'armée russe a annoncé se battre désormais dans le centre-ville de ce port sur la mer d'Azov, assiégé depuis des jours.
Selon le conseil municipal de Marioupol, le bombardement a fait au moins un blessé grave, mais pas de morts.
Selon des informations préliminaires, il n'y a pas de morts. Mais il y a des informations sur une personne très gravement blessée
, a indiqué le conseil sur Telegram.
Le dégagement des débris se poursuit dans la mesure du possible et les informations sur les victimes seront complétées
, a précisé le conseil.
Plus tôt dans la journée, la représentante du Parlement ukrainien pour les droits de l'homme, Liudmila Denisova, avait affirmé qu'il restait plus de 1300 personnes dans ces souterrains, dans cet abri antiaérien
.
Jusqu'ici, les autorités municipales avaient estimé qu'un millier de personnes s'étaient réfugiées dans cet abri situé sous le théâtre du port stratégique du sud-est de l'Ukraine.
M. Zelensky a promis la poursuite des opérations de secours malgré les bombardements
qui se poursuivent dans cette ville.
L'armée russe a affirmé vendredi avoir réussi à pénétrer dans la ville et y mener des combats, aux côtés de troupes de la république
séparatiste de Donetsk. Le maire de Marioupol, Vadym Boychenko, a confirmé l'information à la BBC.
Ces troupes resserrent leur étau d'encerclement et combattent les nationalistes dans le centre de la ville
, a affirmé à Moscou le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
Les autorités ukrainiennes avaient accusé mercredi l'aviation russe d'avoir sciemment
bombardé le théâtre de Marioupol, ce que la Russie a démenti.
Une usine près de l'aéroport de Lviv bombardée
Grande ville de l’ouest de l’Ukraine, à proximité de la frontière polonaise, Lviv a été touchée par des bombardements de l’armée russe dans la nuit de jeudi à vendredi. Une usine de réparation d’avions située près de l’aéroport a été détruite sans toutefois faire de victimes, ont rapporté les autorités.
Dans une déclaration diffusée sur les médias sociaux, le maire de Lviv, Andriy Savovy, a écrit : Le fonctionnement de l'usine avait été suspendu auparavant, donc il n'y a pas de victimes pour l'instant.
Le maire affirme que les missiles n’ont pas touché l’aéroport lui-même.
L'armée de l'air ukrainienne a affirmé dans un communiqué que, selon des informations préliminaires, la zone avait été touchée par quatre missiles de croisière russes tirés depuis la mer Noire, à plusieurs centaines de kilomètres de là.
Deux autres missiles russes ont été abattus par les défenses antiaériennes ukrainiennes avant d'atteindre leur cible, selon cette source. Des équipes de secouristes sont à l’œuvre sur les lieux de la frappe.
C'est une frappe sur la ville de Lviv, un hub humanitaire où se trouvent plus de 200 000 déplacés
et cela montre qu'ils se battent non pas contre des militaires, mais contre la population
, a affirmé lors d'un point presse Maksym Kozytsky, le gouverneur régional de Lviv, faisant état d'un blessé léger.
Nous avons entendu l'alarme. Nous avons été avertis, mais […] nous ne nous sommes pas mis à l'abri, car nous n'avons peur de rien
, a affirmé Olga, 56 ans, rapportant des courses d'un magasin de proximité. La nuit, nous prions pour toutes nos villes soumises à l'attaque vicieuse de Poutine.
Selon un autre habitant de Lviv, Vladyslav Reznik, 26 ans, qui promenait son chien, ce sont les explosions les plus fortes que j'ai entendues depuis le début
.

Un panache de fumée s'élève dans le ciel de Lviv, le 18 mars 2022. Une usine de réparation d'avions située près de l'aéroport a été bombardée par l'armée russe.
Photo : AFP / YURIY DYACHYSHYN
Ville refuge de l’ouest de l’Ukraine par laquelle passent des milliers de réfugiés depuis le début de la guerre, Lviv avait jusqu’à maintenant été épargnée par les frappes russes. Toutefois, une base militaire a été pilonnée dimanche dans cette région, une attaque qui a fait une trentaine de morts, selon les autorités.
Plus de 3,2 millions de civils ont fui l’Ukraine depuis le début de la guerre. De ce nombre, 2 millions de personnes se sont dirigées vers la Pologne, selon l’agence polonaise des services frontaliers.
Ailleurs dans le pays, l’armée russe continue de faire pleuvoir les bombes. Au moins une personne a été tuée et quatre autres ont été blessées dans le bombardement d’immeubles résidentiels à Kiev. C’est ce qu’a soutenu le maire de la capitale, Vitaly Klitschko, dans une publication sur Twitter.
Des fragments de missiles russes, interceptés par l’armée ukrainienne, ont endommagé le bâtiment.
Les services ukrainiens d’urgence affirment que 12 personnes ont été secourues et que 98 autres ont été évacuées d’un immeuble de cinq étages.
Les autorités municipales de Kiev ont annoncé vendredi que 222 personnes, dont 60 civils et quatre enfants, avaient été tuées dans la capitale ukrainienne depuis le lancement de l'offensive russe, le 24 février dernier.
Dans son communiqué, la municipalité évoque également un bilan de 889 blessés, dont 241 civils.
Les bombardements se poursuivent aussi à Kharkiv, deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre.
Selon le service d'urgence ukrainien, des tirs russes ont frappé un établissement d'enseignement supérieur
et deux immeubles d'habitations voisins
, faisant un mort et 11 blessés vendredi.
À Tchernihiv, dans le nord de l’Ukraine, au moins 53 personnes ont été transportées vers des morgues en 24 heures, après avoir perdu la vie lors de combats et de bombardements violents, a dit jeudi le gouverneur local, Viacheslav Chaus, à la télévision nationale.
La ville n'a jamais connu des pertes et des destructions aussi cauchemardesques et colossales
, a ajouté M. Chaus.
Les services d'urgence ukrainiens ont indiqué qu'une mère, un père et trois de leurs enfants, dont des jumeaux de 3 ans, avaient été tués lors du bombardement d'un foyer à Tchernihiv. Des civils se cachaient dans des sous-sols et des abris à travers la ville assiégée de 280 000 habitants.
Les Russes soutiennent qu’ils contrôlent 90 % du territoire de la région de Louhansk.
Le gouverneur ukrainien de la région de Louhansk, dans l’est du pays, Serhiy Gaidai, soutient que les bombardements incessants de l’armée russe empêchent toute évacuation sécuritaire des civils des villes et villages environnants.
M. Gaidai soutient que 59 civils ont été tués dans la région depuis le début de la guerre, le 24 février.
Il n’y a pas une seule communauté qui n’a pas été ciblée par des tirs de missiles
, a-t-il indiqué à la télévision nationale.
Les efforts d'évacuation des civils ont été entravés par les combats, mais les autorités locales espèrent qu'un cessez-le-feu temporaire pourra être conclu pour samedi afin de permettre aux camions de distribuer de la nourriture, des médicaments et d'autres biens aux personnes qui en ont le plus besoin.
Située près de la Russie, Louhansk se trouve dans la région ukrainienne du Donbass, riche en charbon, en partie contrôlée par les séparatistes soutenus par la Russie depuis 2014. Le gouverneur Gaidai est le chef de l'administration ukrainienne de la région.
Dans la banlieue de Zaporijia (sud-est), Moscou a indiqué avoir tiré deux missiles balistiques de courte portée sur des positions ukrainiennes d'où auraient été tirés des missiles en direction de Melitopol (sud), investie par les forces russes.
Aucun bilan précis n'était disponible dans l'immédiat.
Plus de 40 établissements de santé bombardés
Au moins 780 civils – dont 58 enfants – ont été tués en Ukraine et plus de 1250 blessés – dont 68 enfants – d'après le décompte au 16 mars du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) en Ukraine, consulté par l'AFP, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.
Le Parquet général ukrainien a pour sa part annoncé jeudi que 108 enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe.
L'Organisation mondiale de la santé a révélé avoir vérifié 43 attaques contre des hôpitaux et des établissements de santé, faisant 12 morts et 34 blessés, depuis le début de l’invasion russe, le 24 février.
Les pertes de l'armée ukrainienne s'élèvent à environ 1300
militaires, a indiqué le 12 mars le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Moscou a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan (498 soldats tués).
L'Ukraine affirme que l'armée russe, elle, a perdu environ 12 000 hommes
.
Le Pentagone a fourni pour sa part une estimation de 2000 à 4000 morts russes en deux semaines, mais des sources du renseignement américain citées par le New York Times tablent désormais sur plus de 7000 en trois semaines.
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