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La Slovaquie est prête à fournir des S-300 à l’Ukraine pour protéger son espace aérien

Jaroslav Nad gesticule devant un lutrin aux côtés de Lloyd Austin; derrière eux se trouvent des drapeaux de la Slovaquie, de l'Union européenne et des États-Unis.

Le ministre slovaque de la Défense, Jaroslav Nad, et le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en visite dans la région, se sont présentés devant les caméras au terme de leur rencontre.

Photo : Reuters / RADOVAN STOKLASA

  • Sophie-Hélène Lebeuf

La Slovaquie consentirait, sous certaines conditions, à fournir « immédiatement » à Kiev tous ses systèmes de défense S-300 pour l'aider à se défendre plus efficacement contre l'artillerie russe qui pilonne son territoire.

Nous sommes prêts à le faire immédiatement dès que nous aurons une solution de remplacement adéquate, a indiqué jeudi à Bratislava, capitale du pays, le ministre slovaque de la Défense, Jaroslav Nad, au cours d'une conférence de presse aux côtés du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin.

De conception soviétique, les systèmes de missiles sol-air S-300 sont conçus pour toucher des cibles à plus haute altitude que les Javelin et les Stinger déjà fournis à l'Ukraine par les États-Unis, et ont une plus grande portée.

Ceux que possède la Slovaquie constituent l'unique système de défense aérienne stratégique que nous ayons, a expliqué le ministre Nad.

Les remettre à l'Ukraine sans obtenir en retour un autre système de défense antiaérienne ou avoir une capacité [de défense] garantie pendant un certain temps créerait un vide sécuritaire au sein de l'OTAN, a-t-il ajouté.

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

M. Nad a ajouté être en pourparlers à ce sujet avec les États-Unis et d'autres pays alliés.

Interrogé sur la possibilité de procurer à la Slovaquie des systèmes de remplacement comme les missiles Patriot, son vis-à-vis américain a confirmé la tenue de discussions, sans s'avancer davantage.

Ce sont des choses sur lesquelles nous continuerons de travailler avec tous nos alliés, et ce n'est certainement pas un enjeu qui touche seulement les États-Unis. C'est un enjeu qui concerne l'OTAN, a affirmé M. Austin.

La proposition slovaque pourrait cependant trouver preneur ailleurs.

Sur Twitter, le ministère de la Défense de l'Allemagne s'est ainsi dit disposé à déployer des systèmes Patriot en Slovaquie.

L'offre slovaque suit la promesse faite la veille par le président américain Joe Biden.

En plus d'annoncer une aide militaire supplémentaire de 800 millions de dollars américains à l'Ukraine, M. Biden a parlé d'aider l'Ukraine « à se doter de systèmes de défense antiaérienne de plus longue portée » que les Stinger déjà fournis.

Il n'a toutefois pas précisé quels seraient ces systèmes de défense.

De source militaire, l'Agence France-Presse précise que M. Biden faisait justement référence à des S-300.

Des systèmes performants

Plusieurs systèmes S-300 sont disposés les uns à côté des autres.

Cette photo d'archives, datée de juin 2019, montre des systèmes de défense antiaérienne de longue portée S-300 pendant des exercices militaires près d'Astrakhan, en Russie. Ce sont des systèmes comparables que la Slovaquie serait prête à remettre à l'Ukraine.

Photo : Reuters / SERGEY PIVOVAROV

Efficaces contre les hélicoptères et les avions volant à basse altitude, les Stinger se sont révélés insuffisants pour contrer les missiles de croisière russes, une lacune que pourraient venir combler les S-300.

L'Ukraine disposait déjà de S-300 avant l'invasion russe, mais a plaidé pour en obtenir davantage alors que les forces russes ont intensifié leurs bombardements de villes clés.

Dotées de radars puissants et autonomes, ces batteries antiaériennes mobiles, qui sont chargées sur des camions, se déclenchent automatiquement lorsqu'une menace est repérée.

Concurrents des systèmes de défense antiaérienne Patriot américains, les S-300 sont à l'origine des systèmes soviétiques, qui ont ensuite été modifiés par l'armée russe et dont l'armée ukrainienne connaît bien le fonctionnement.

Des responsables américains font d'ailleurs valoir que les Ukrainiens n'auraient pas besoin de formation pour les opérer.

Une solution de compromis

Deux chasseurs Mig-29 décollent d'une piste en Estonie.

La Pologne a proposé, en vain, de céder sa flotte de chasseurs Mig-29 aux pilotes ukrainiens, qui sont formés pour combattre dans ce type d'appareil.

Photo : Reuters / Peter Andrews

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclame, en vain, l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne aux pays de l'OTAN, qui disent craindre une escalade militaire susceptible de déboucher sur une guerre mondiale.

L'Ukraine réclame aussi des Mig-29, des avions de combat de l'ère soviétique.

La semaine dernière, la Pologne a pris Washington et ses autres alliés de l'organisation transatlantique par surprise en offrant de mettre « sans délai et gratuitement » des avions Mig-29 à la disposition de l'armée américaine pour qu'ils soient ensuite remis à l'Ukraine. En échange, la Pologne proposait d'acheter des avions de combat américains.

L'administration Biden a toutefois opposé une fin de non-recevoir à cette offre, par crainte là encore d'une escalade susceptible d'entraîner l'OTAN dans la guerre et d'un manque d'efficacité.

L'Ukraine a donc fait des missiles S-300, très performants, une partie centrale de ses demandes en armement, car les Ukrainiens y voient une solution de compromis.

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Un expert militaire interviewé par CNN a estimé que la portée des S-300 permettrait en quelque sorte à l'Ukraine d'assurer elle-même une zone d'exclusion aérienne.

Zelensky veut une zone d'exclusion aérienne, la voilà, a illustré le brigadier général à la retraite Steven Anderson sur les ondes du réseau américain d'information continue. Ces systèmes de défense, a-t-il soutenu, auraient le même effet qu'une zone d'exclusion aérienne, sans les risques.

Deux autres pays de l'OTAN, soit la Bulgarie et la Grèce, possèdent eux aussi des S-300.

Les États-Unis ont également en leur possession plusieurs missiles S-300, selon la source militaire de l'AFP qui affirme que l'administration Biden entend les faire parvenir en Ukraine au cours des prochains jours.

Après l'effondrement de l'URSS, les États-Unis avaient acquis du Bélarus en 1994 une batterie antiaérienne S-300, qui comprenait, selon des archives du New York Times, un lanceur de missiles, des radars et des missiles.

L'aide militaire supplémentaire américaine annoncée mercredi inclut par ailleurs 800 nouveaux Stinger qui, selon les informations de la Maison-Blanche, s'ajoutent aux 600 déjà fournis, ainsi qu'une centaine de drones.

Avec les informations de Washington Post, BBC News et Agence France-Presse

  • Sophie-Hélène Lebeuf

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