Y a-t-il quelqu’un derrière le clavier?

Un profil anonyme ou sans photo peut être le signe d'un compte automatisé.
Photo : Getty Images / Oleksandr Melnyk
Vous vous en doutez peut-être, les utilisateurs avec qui vous interagissez sur Twitter, Facebook ou TikTok ne sont pas toujours de vraies personnes. Il s’agit parfois de comptes automatisés, appelés bots. Voici comment les repérer.
D’abord, les bots peuvent simplement servir à des fins commerciales pour promouvoir un produit ou encore pour divertir.
Mais ils existent souvent pour faire croître la popularité d’une personnalité, d’un parti ou d’une idéologie au détriment d'autres. Ces bots peuvent servir à semer la confusion ou à disséminer de la désinformation. Et donc, ils sont très utiles pour influencer les débats en ligne.
On voit parfois un grand nombre de comptes qui partagent tous le même contenu simultanément, dans des campagnes coordonnées, ce qui peut être organisé par une ferme de bots. Ils relaient bien souvent des messages qui contiennent le même mot-clic. C’est l’indice qu’on a affaire à une opération organisée.
Cela dit, certains bots sont pilotés par des institutions, des gouvernements ou même des particuliers qui s’en servent pour donner sur Twitter, par exemple, les conditions routières, la météo, ou alerter la population sur un danger imminent, comme un tremblement de terre. Ces bots ont donc une fonction d’information et de service public.
Une étude du (Nouvelle fenêtre)Pew Research Center (Nouvelle fenêtre), menée il y a quelques années, montrait que les comptes automatisés jouent un grand rôle dans la diffusion des informations, fausses ou réelles, sur Twitter. Les bots y étaient à l'origine de la majorité des messages publiés sur le réseau social et renvoyant vers divers sites populaires. Plus récemment, en 2020, des chercheurs de l'Université (Nouvelle fenêtre)Carnegie Mellon (Nouvelle fenêtre) ont analysé 200 millions de tweets sur la COVID-19. Parmi les 50 comptes les plus influents dans les retweets, 82 % étaient en fait des bots. Parmi les 1000 plus importants, 62 % étaient des bots.
Trucs pour repérer un bot
En premier lieu, méfiez-vous des profils au nom étrange ou faits d’une suite de chiffres et de lettres qui ne veulent rien dire; méfiez-vous aussi de l’absence de photo de profil ou d'une photo qui paraît repiquée d’ailleurs.
Une fréquence de tweets très élevée est un autre indice qui trahit la présence de bots. L’Oxford Internet Institute estime qu'au-delà de 50 tweets par jour sur une longue période, on peut se douter que le compte est automatisé. Le Digital Forensics Lab met la barre à 72 tweets par jour.
Le martèlement du même type de message à répétition, formaté de façon identique, est aussi un indice probant de la présence d'un bot.
Finalement, la date de création du compte et le nombre d’abonnés peuvent également être des détails à surveiller.
Mais, heureusement, des outils existent pour identifier des bots. On peut citer Botometer (Nouvelle fenêtre), un site qui offre une analyse statistique de l’activité d’un compte donné, en plus de fournir une note de 1 à 5 selon différents critères, 5 indiquant que le compte est assurément un bot.
Botometer permet notamment de voir la régularité des tweets en fonction du jour de la semaine et de l’heure du jour. Si le compte tweete toujours à la même heure ou suit une cadence qui ne concorde pas avec l'activité normale d’un être humain, c’est un bon indice que c’est un bot.
On peut aussi tenter sa chance en utilisant Bot Sentinel (Nouvelle fenêtre), un outil développé pour aider à trouver les bots et les trolls dans Twitter. La plateforme permet surtout de classer et de suivre les comptes non authentiques et les trolls malfaisants à l'aide de l'apprentissage automatique et de l'intelligence artificielle.
Mais il arrive parfois qu’un compte soit géré à la fois par un humain et par un outil automatisé, en alternance, ce qui complique la tâche d’identification du bot. Les outils d’analyse ne sont pas infaillibles.
Les plateformes de réseaux sociaux tentent d’éliminer le plus possible les bots nuisibles ou les faux comptes, ou du moins ont pris des engagements en ce sens. Des plateformes comme Twitter permettent aussi aux utilisateurs d'étiqueter leurs comptes comme étant automatisés, un certain gage de transparence.
Mais beaucoup de comptes automatisés passent sous le radar, avec des méthodes toujours plus poussées pour se fondre dans la masse, grâce à l’intelligence artificielle qui permet de produire de faux profils toujours plus réalistes.
Bref, soyez vigilants et ne croyez pas toujours que votre nouvel ami est fait de chair et d’os.
Avec la collaboration d’Alexis De Lancer et de Thomas Bignon