Isolement des aînés : quelles leçons tirer dans les RPA ?

Les impacts de ces longues périodes de solitude sont bien visibles pour ceux qui travaillent dans les milieux de vie.
Photo : getty images/istockphoto / Heiko Küverling
Les aînés dans les résidences pour personnes âgées (RPA) goûtent finalement à davantage de liberté après deux années où la solitude s’est fait particulièrement ressentir.
Le relâchement de plusieurs mesures sanitaires est accueilli dans ces milieux de vie comme une véritable bouffée d’air frais.
Je suis contente de sortir et de voir du monde
, lance d’emblée Jacqueline Levasseur qui sort de sa résidence pour aller profiter d’une soirée au restaurant avec ses enfants pour la première fois depuis un long moment.
Une sortie toute simple, mais qui fait toute la différence après des mois où les visites étaient limitées.
Ça a été épouvantable cette affaire-là, explique la résidente. Je n’aurais jamais pensé vivre ça
.
Les éclosions de COVID-19 dans les RPA ont forcé de nombreux aînés à s’isoler dans leur chambre, sans aucun contact.
Irène Houle, est l’un d’entre elles. Passer une journée dans sa chambre, c’est assez ennuyant
, résume-t-elle.
Apprendre des deux dernières années
Les impacts de ces longues périodes de solitude sont bien visibles pour ceux qui travaillent dans les milieux de vie. D’ailleurs, les employés constatent eux aussi avoir été particulièrement affectés par les deux dernières années.
C’est un choc post-traumatique que les employés et moi avons vécu
, explique Manon Daigle, directrice du Centre l’Assomption à Saint-Léonard-d’Aston.
« Tu fais 95 heures et tu as l’impression que tu n’en a pas fait assez parce qu’il y a encore des gens malades qui ont besoin de toi. »
Avec du recul, elle croit que l’isolement et le manque de contact humain a fait plus de dommage que le virus lui-même.
Ces effets sont d’autant plus visibles au deuxième étage de la résidence où se trouvent les personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer.
C’est qu’il n’y avait plus de vie sur leur visage. Les yeux, ça nous parle. Les lumières étaient éteintes
, commente Johanne Lamothe qui a été témoin de leur déclin en tant qu’adjointe à la directrice et animatrice à la résidence.
Profiter de sa liberté
Malgré un certain retour à la normale et une baisse des cas de COVID-19, de nombreux administrateurs de RPA restent sur leurs gardes et estiment qu’ils ne sont pas tirés complètement d'affaires.
La population générale pense qu’il n’y aura plus de masque dans les hôpitaux et les résidences. Moi je ne pense pas. Je crois que cette mesure va demeurer
, affirme Manon Daigle.
Les résidents savent également qu’ils ne sont pas à l’abris d’une nouvelle vague du virus, mais en attendant, ils souhaitent profiter au maximum de leur liberté retrouvée.
« Tu sais, à l’âge qu’on n’a, on peut partir d’un coup. C’est aujourd’hui que je vis, ce n’est pas demain, ni hier. »
Si la COVID-19 revient frapper à sa porte, elle sait déjà ce qu’elle fera.
Je barre la porte pour ne pas qu’elle rentre
, termine la dame en riant.
Avec les informations de Jacob Côté