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Le blogueur saoudien Raif Badawi est libéré

Raif Badawi.

Raif Badawi a pu quitter les geôles saoudiennes (archives).

Photo : Facebook

Radio-Canada

Après 10 ans de détention, le blogueur saoudien Raif Badawi a été libéré. Sa femme Ensaf Haidar et Amnistie internationale confirment qu'il est sorti de prison.

Ensaf Haidar affirme que son conjoint l'a avisée de sa libération par téléphone : Il m'a appelée ce matin pour me dire qu'il est en train de signer les papiers pour être libre!

Je suis vraiment contente! Les mots disparaissent. J'aimerais trouver les mots, mais je suis juste contente! s'est-elle exclamée, visiblement émue et soulagée de savoir son mari libre. Il va bien, il va bien. Même lui, il ne sait pas ce qu'il veut dire. C'est un cas surprise pour nous, mais c'est une bonne surprise.

Vendredi en soirée, de nombreuses personnes se sont rassemblées devant l'hôtel de ville de Sherbrooke pour célébrer l'heureuse nouvelle avec Ensaf Haidar et sa famille. Mme Haidar s'est dite très touchée par cette vague d'amour.

« Ma famille, mes amis sont toujours là. Ils partagent tout le temps la joie et les moments difficiles. Mais aujourd'hui, on partage la joie! »

— Une citation de  Ensaf Haidar

Radio-Canada a assisté à ce rassemblement :

Un groupe de personnes enlassées devant l'hôtel de Ville.

L'heure était à la fête vendredi. Un rassemblement a eu lieu devant l'Hôtel de Ville de Sherbrooke pour célébrer la libération du blogueur saoudien Raif Badawi.

Photo : Radio-Canada / Marie Eve Lacas

Ensaf Haidar indique aussi que depuis vendredi matin, des gens de partout dans le monde l'appellent pour féliciter sa famille.

Elle espère que Raif se joindra bientôt à la fête, même si elle ne sait pas encore quand elle pourra le revoir en chair et en os. C'est une première étape. On verra les détails après.

« Il est loin, mais l'important, c'est que Raif soit libre! »

— Une citation de  Ensaf Haidar
Ensaf Haidar enlace sa fille Najwa devant l'hôtel de ville de Sherbrooke.

La fille de Raif Badawi, Najwa, et sa conjointe, Ensaf Haidar, sont soulagées et ravies de savoir que le blogueur est libéré.

Photo : Radio-Canada / Geneviève Proulx

Je ne lui ai pas encore parlé, mais je veux lui dire qu'on l'attend. Je veux lui dire que ça ne va pas être long avant qu'on le revoie! a pour sa part mentionné sa fille Najwa, venue retrouver de nombreux partisans réunis devant l'hôtel de ville de Sherbrooke pour le 376e rassemblement de soutien à Raif Badawi.

On espérait que le 28 [février] serait la fin. Eh non! On avait perdu espoir un peu, dans un sens. Mais finalement, aujourd'hui, tout l'espoir est revenu!

« On n'en revenait pas! On sautait partout! On courait partout! C'est un poids de moins! »

— Une citation de  Najwa Badawi

Un combat qui n'est pas terminé

Les partisans du blogueur espéraient qu'il serait libéré sous peu puisque sa peine était venue à terme à la fin du mois de février. Amnistie internationale faisait d'ailleurs de nouveau pression le 5 mars dernier pour demander sa libération immédiate.

Beaucoup d'émotions, beaucoup de soulagement, affirme d'entrée de jeu France-Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale francophone. Elle rappelle toutefois que la partie n'est toujours pas gagnée pour le blogueur. Dans un tweet, Amnistie internationale Golfe appelle d'ailleurs le roi d'Arabie saoudite, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, à lever l'interdiction de voyager du blogueur.

Raif Badawi est interdit de sortie du pays, interdit de passeport pour 10 ans et interdit de communiquer sur les réseaux sociaux et d'avoir en sa possession un téléphone cellulaire [...]. On craint que les communications soient plus difficiles à partir de maintenant, explique France-Isabelle Langlois.

« Le combat n'est pas terminé. Il va falloir redoubler d'ardeur pour que l'interdiction de sortie du pays soit levée et qu'il soit réuni avec sa famille le plus tôt possible. »

— Une citation de  France-Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale francophone

France-Isabelle Langlois confirme qu'Amnistie internationale va poursuivre la pression sur le gouvernement canadien pour qu'il intervienne en Arabie saoudite. C'est l'ensemble des Amnisties du monde qui se mobilisent, affirme-t-elle.

La 100e veillée à la bougie pour la libération de Raif Badawi à Sherbrooke

Sa famille n'a jamais perdu espoir de revoir Raif Badawi. Près de 400 rassemblements ont été organisés devant l'hôtel de ville de Sherbrooke pour demander sa libération.

Photo : Radio-Canada / ICI Estrie/Carl Marchand

La classe politique réagit

Les partis politiques étaient unanimes à se réjouir de cette libération attendue depuis de nombreuses années.

Littéralement, j'ai sauté de joie. C'est un moment que je n'oublierai jamais, mentionne le bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe. Ensaf était tellement heureuse au téléphone! J'ai parlé à ses enfants aussi qui, évidemment, sont extrêmement heureux.

Le député de la circonscription de Lac-Saint-Jean a d'ailleurs tenu à féliciter Ensaf pour son combat visant à faire libérer son mari.

« On va continuer à soutenir Ensaf et ses enfants et Raif pour la suite des choses, mais aujourd'hui, je pense qu'il faut tout simplement célébrer et souligner le travail insatiable d'Ensaf. »

— Une citation de  Alexis Brunelle-Duceppe, député de Lac-Saint-Jean
Ensaf Haidar, l'épouse de Raif Badawi, tient une pancarte avec sa photo.

Ensaf Haidar était sur toutes les tribunes pour exiger la libération de son mari.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Soulagement et une grande joie, souligne pour sa part le néo-démocrate Alexandre Boulerice, député de Rosemont–La Petite-Patrie. Raif Badawi n'aurait jamais dû se retrouver en prison. Cela a été long, trop long, mais on ne l'a jamais oublié. La collectivité, les gens de Sherbrooke, les élus, on a continué à faire de la pression.

Alexandre Boulerice et Luc Berthold, député conservateur de Mégantic-L'Érable, demandent maintenant au gouvernement Trudeau d'agir rapidement pour que le blogueur retrouve sa famille.

Le gouvernement a entre les mains les outils nécessaires pour discuter, pour parler avec ce régime-là. Monsieur Badawi a assez payé pour cette situation-là, martèle Luc Berthold.

« Ce qu'on demande maintenant au gouvernement fédéral et à la diplomatie canadienne, c'est de s'assurer qu'il ait accès aux services consulaires pour son rapatriement le plus vite possible. »

— Une citation de  Alexandre Boulerice, député de Rosemont–La Petite-Patrie

Le premier ministre du Québec, François Legault, a également souligné la libération du blogueur sur Twitter. Enfin! Je ne cesse de penser aux enfants qui vont enfin retrouver leur père! a-t-il indiqué.

Raif Badawi a été emprisonné en 2012 pour avoir critiqué les autorités religieuses de son pays. Il avait été condamné à 10 ans de prison, à 1000 coups de fouet et à une amende d'un million de riyals saoudiens. Il avait reçu une série de 50 coups de fouet en janvier 2015 mais n'avait plus été fouetté depuis.

En janvier 2021, le Bloc québécois avait fait adopter une motion à l'unanimité à la Chambre des communes pour qu'Ottawa accorde la citoyenneté canadienne à Raif Badawi. Cette motion avait par la suite été adoptée par le Sénat en juin 2021.

Sa conjointe et ses trois enfants, qui avaient trouvé refuge à Sherbrooke en 2013, ont obtenu leur citoyenneté canadienne en 2018.

Ensaf Haidar n'a jamais cessé de militer pour la libération de son mari, s'étant même présentée comme candidate bloquiste lors des dernières élections fédérales dans le but, entre autres, de faire avancer la cause de Raif Badawi à Ottawa.

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