Lac Bloom : Québec autorise officiellement l’agrandissement du parc de résidu minier
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Le BAPE a rendu à l'hiver 2021 un rapport sévère qui concluait que le projet d'agrandissement du parc de résidu minier n'était pas acceptable dans sa forme actuelle (archives).
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
Québec autorise officiellement l'agrandissement du parc de résidu minier à la mine du lac Bloom, près de Fermont.
Dans un décret rendu public cette semaine, Québec autorise Minerai de fer Québec à augmenter la capacité d'entreposage des résidus et stériles miniers de la mine de fer du lac Bloom sur le territoire de la municipalité régionale de comté de Caniapiscau
.
Plus tôt cette semaine, la compagnie minière Champion Iron, qui comprend l'entreprise Minerai de Fer Québec, a affirmé que ce sont huit lacs en périphérie du complexe minier qui seront touchés par le stockage de résidus miniers, en plus de plusieurs cours d'eau.
Selon le décret, Minerai de fer Québec doit respecter plusieurs conditions, comme compenser les pertes permanentes des habitats du poisson ainsi que des milieux hydriques et humides qui seront occasionnées par l'agrandissement avec soit l'exécution de travaux ou des compensations financières.
À l'hiver 2021, le BAPE que le projet d'agrandissement n'était pas acceptable dans sa forme actuelle. a conclu dans son rapport
Champion Iron indique que depuis la publication du rapport, le projet n'a pas été changé comme tel, mais que certaines conditions environnementales ont été approfondies.
La compagnie minière soutient que l'agrandissement du parc de résidu minier est primordial pour la phase 2 de son projet au lac Bloom.
Minerai de fer Québec a refusé notre demande d'entrevue vendredi.
Groupes environnementaux déçus
Ugo Lapointe, co-porte-parole de la Coalition Pour que le Québec ait Meilleure MINE, se dit déçu du décret adopté par Québec.
Rejeter des résidus miniers dans des lacs représente une pratique désuète selon Ugo Lapointe. Il s'inquiète du précédent que cela crée dans l'industrie minière québécoise.
« C'est une tendance très très récente au Québec, qu'on ne permettait pas jusqu'ici. On s'enligne vers une pente glissante où d'autres projets miniers pourraient être tentés de faire la même chose. »
On ne peut pas prétendre faire des mines vertes, comme on l'entend actuellement de la part du gouvernement ou de l'industrie, ou prétendre faire des transports verts avec des batteries électriques alimentées par des métaux du Québec ou des éoliennes avec du fer du Québec. On ne peut pas prétendre que ça, c'est vert si en même temps, on déverse des déchets miniers dans des lacs
, défend-il.
Les différents groupes environnementaux qui militent contre le déversement de résidus miniers dans les lacs demandent à Québec de créer un règlement qui interdit tout déversement de déchets miniers dans des lacs.
Ugo Lapointe suggère que les mines déposent les déchets miniers dans les fosses qu'elles creusent pour minimiser l'impact environnemental.
Le co-porte-parole dit toutefois avoir espoir de renverser la vapeur avant que le stockage de résidus miniers ne commence concrètement près du lac Bloom. Il souhaite profiter de la campagne électorale provinciale pour faire entendre les revendications des groupes environnementaux dans ce dossier.
Résidents délaissés
Martine Cotte, résidente à Fermont et représentante du comité des résidents du lac Daigle, déplore que les résidents de Fermont n'aient pas été consultés avant l'adoption du décret.
Mme Cotte s'inquiète elle aussi que cette décision crée un précédent à Fermont et que d'autres entreprises fassent de même dans le secteur.
On trouve qu'on a été carrément délaissés par Jonatan Julien, qui est quand même le ministre de la Côte-Nord, le ministre du Plan [d’action] nordique
, dénonce Martine Cotte. On fait toujours bien partie du Plan [d’action] nordique à Fermont. Il [Jonatan Julien] avait déjà dit qu'on devait habiter le Nord, puis qu'on devait essayer d'avoir une qualité de vie pour les gens du Nord. En tout cas, il a raté complètement son coup!
« La plupart des gens sont fly in fly out, donc ce ne sont pas des gens qui habitent à Fermont. C'est quand même une mine qui profite des services de la ville de Fermont. Qu'on ne tienne pas plus compte que ça de la population locale, c'est très décevant. »
La résidente souhaite que Jonatan Julien vienne expliquer directement aux résidents pourquoi cette décision a été prise, malgré la teneur du rapport du BAPE
.De passage sur la Côte-Nord, Jonatan Julien a défendu plus tôt cette semaine que le projet d’agrandissement aurait un apport économique pour la région.
Pérennité pour les emplois défend le syndicat
Le représentant syndical au syndicat des Métallos, Marc Tremblay, indique ne pas vouloir minimiser l'impact environnemental que le stockage de résidus minier aura sur le territoire. Par contre, il est d’avis que la phase deux du lac Bloom va permettre une meilleure pérennité des emplois au complexe minier.
Ça ne stabilise pas nécessairement l'économie de la Côte-Nord parce que ce sont des emplois en fly in fly out [navettage]. Toutefois, ce sont de bons emplois qui sont présents dans la région
, explique-t-il.
Il ajoute que la phase 2 du lac Bloom va aussi permettre aux travailleurs du complexe minier de possiblement prendre leur retraite chez Minerai de Fer Québec.
Avec cette phase deux, c’est au total près de 1000 travailleurs qui seront employés au lac Bloom.
Le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques n'a pas répondu à notre demande d'entrevue, ni le cabinet du ministre Benoît Charette.