La candidature de Jean Charest accueillie avec curiosité et méfiance en Alberta

Jean Charest tient un rassemblement jeudi soir à Calgary.
Photo : Reuters / Benoit Tessier
Jean Charest fera son premier arrêt de campagne pour la course à la chefferie du Parti conservateur jeudi à Calgary. Selon des Albertains, si ce geste est audacieux, l’ancien premier ministre du Québec aura encore beaucoup à faire pour les convaincre de voter pour lui.
Contrairement au Québec, en Alberta, le nom de Jean Charest n'est pas très connu.
Il va être accueilli jeudi avec beaucoup de scepticisme
, croit Derek Filderbrandt, éditeur du Western Standard, un magazine albertain de droite.
Cela n’a rien à voir avec le fait qu’il est Québécois ou que les Albertains se sentent parfois en rivalité avec l’est du pays
, s’empresse-t-il d’ajouter.
C’est possible pour un francophone de gagner en Alberta, mais il doit avoir un message qui résonne auprès des Albertains.
Stephanie Kusie, une députée conservatrice fédérale de Calgary, est du même avis.
D’après elle, le prochain chef du Parti conservateur doit montrer qu’il veut défendre l’industrie énergétique, remettre en ordre les finances et respecter
la place des provinces de l’ouest dans la Confédération canadienne.
La candidature de Pierre Poilièvre a déjà convaincu cette députée.
M. Poilièvre, il est bien connu ici, il est bien aimé. Je pense que M. Charest a beaucoup de travail à faire dans l’Ouest
, lance-t-elle.
Selon Derek Filderbrandt, le plus grand défi de Jean Charest est de prouver aux Albertains qu’il n’est pas un libéral.
Le terme libéral au Québec a peut-être une autre connotation, mais en Alberta, il a mauvaise presse.
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Des progressistes-conservateurs en Alberta
À Edmonton, Rick Peterson, un ancien candidat à la course à la chefferie du Parti conservateur, se réjouit que Jean Charest se lance dans la course. L’homme d’affaires est persuadé qu’il aura des appuis dans sa province.
Quelqu’un qui se positionne carrément au centre du parti, c’est ce qu’il nous faut, dit-il. La province de l’Alberta, c’est plus centriste qu’on croit. Si on regarde les maires d’Edmonton et de Calgary, ils sont tous les deux progressistes.
Jason Kenney n’a pour l’instant donné son appui à aucun candidat. Le premier ministre de l’Alberta reste attentif aux propositions de Jean Charest : C’est bon pour le Parti conservateur d’avoir plusieurs choix. Étant Albertain, je veux voir un engagement de M. Charest pour défendre la croissance de l’industrie pétrolière.
Jason Kenney surveillera aussi de près sa position sur la taxe sur le carbone.
Premier arrêt à Calgary
Duane Bratt, professeur de sciences politiques à l'Université Mount Royal, estime que Jean Charest a pris une décision logique en venant à Calgary pour le début de sa campagne. Calgary est toujours perçue comme le coeur du conservatisme au pays
, explique-t-il.
Selon lui, Jean Charest tentera de se présenter aux Albertains comme étant le seul candidat ayant des chances de gagner contre Justin Trudeau aux prochaines élections fédérales.
Toutefois, ajoute-t-il, ses adversaires n'hésiteront pas à l'attaquer en rappelant ses liens passés avec le Parti libéral du Québec.
Avec des informations de Mathieu Gohier