Drogues illicites : l’approvisionnement sécuritaire est essentiel, conclut un comité

Le fentanyl continue d'être la cause principale des surdoses en Colombie-Britannique.
Photo : Radio-Canada
Un comité d'experts qui a étudié plus de 6000 décès liés aux drogues illicites entre 2017 et 2021 en Colombie-Britannique affirme qu’il est nécessaire d’offrir un approvisionnement sécuritaire aux personnes dépendantes afin de limiter le nombre de surdoses mortelles.
Dans son rapport rendu public mercredi (Nouvelle fenêtre) (en anglais), le comité de révision du Service des coroners révèle que la cause principale des plus de 6000 décès liés aux drogues est l'approvisionnement de plus en plus toxique et imprévisible de drogues illicites et les politiques sur les drogues en Colombie-Britannique, qui forcent les consommateurs à utiliser le marché noir.
Le président du comité, Michael Egilson, affirme qu’il est urgent d’agir. Il dit que le rapport contient des recommandations pour des mesures concrètes que les autorités doivent mettre en oeuvre rapidement pour limiter le nombre de décès liés aux drogues illicites.
« Le calendrier proposé est très serré, mais la COVID-19 a démontré que les décideurs peuvent agir rapidement lorsque des vies sont en jeu et nous savons que chaque mois d’inaction équivaut à des centaines de vies perdues. »
Le comité recommande :
- d’assurer un approvisionnement sécuritaire de drogues aux personnes risquant de mourir en raison de l'approvisionnement toxique de drogues illicites;
- d'élaborer un plan d’action sur les drogues toxiques de 30, 60 et 90 jours avec un suivi continu;
- d’établir un continuum de soins basé sur des preuves médicales et scientifiques.
Les recommandations du comité ont été envoyées aux ministères et aux organismes britanno-colombiens concernés, précise le rapport.
À lire aussi :
Des personnes dépendantes doutent de l’impact du rapport
Militant en faveur de la réduction des méfaits, Garth Mullins craint que le rapport ne tombe dans l’oreille d’un sourd.
Aussi longtemps que les politiciens continueront à penser que c’est une crise de dépendances, qu’il faut aider les personnes à arrêter de consommer des drogues, à se désintoxiquer, ils ne comprendront pas l’essence du problème.
« Ce n’est pas une crise de dépendances, c’est une crise de décès! »
Les décès dus aux drogues toxiques étaient en hausse de 21 % en 2021 par rapport à 2020.
La coroner en chef Lisa Lapointe ajoute que l’approvisionnement en drogues en Colombie-Britannique n’a jamais été aussi toxique.
Gestion de la crise en Colombie-Britannique
La ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique, Sheila Malcolmson, reconnaît que la province doit en faire davantage pour lutter contre la crise des drogues toxiques et affirme que le gouvernement y travaille tous les jours.
Elle vante le travail déjà accompli par la Colombie-Britannique, notamment des investissements en santé mentale et en services de toxicomanie, et, depuis 2020, un programme d’approvisionnement plus sécuritaire.
Ce programme permet à une personne risquant de faire une surdose d’avoir accès à de l’hydromorphone injectable ou sous forme de comprimés, à des timbres de fentanyl ou encore à du citrate de fentanyl, tous couverts par l’assurance médicaments, sans pour autant devoir suivre un traitement.
L’an dernier, la province a fait une demande d’exemption à la Loi sur les drogues et substances contrôlées pour décriminaliser la possession simple de drogues. Le comité d’experts exhorte Ottawa à approuver cette demande.
« Comme c’est le gouvernement fédéral qui réglemente les drogues et les substances contrôlées, nous nous concentrons sur ce qui est de compétence provinciale : un système d’approvisionnement plus sécuritaire avec des ordonnances par le biais du système de santé. »
L'état d'urgence en raison de la crise des opioïdes est en place depuis 2016. L'année 2021 a été marquée par un nombre record de surdoses mortelles dans la province, soit 2224. C'est une moyenne de 6 morts par jour.