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Vivre avec 726 $ par mois : « C’est un mystère que ces personnes-là survivent »

À quelques jours du budget, des voix réclament de meilleures conditions de vie pour les personnes assistées sociales.

Des gens marchent dans la rue.

L'augmentation des coûts de la vie touche plusieurs tranches de la population.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Une personne seule vivant de l'aide sociale reçoit 726 $ par mois au Québec. En 2021, le coût moyen d'un logement de trois pièces et demie était de 783 $ dans la province. Avec les hausses de tarifs, du coût du panier d'épicerie et de l'inflation, des organismes constatent que l'étau se resserre sur les personnes plus vulnérables et sonnent l'alarme.

Moi, personnellement, je ne sais pas comment les personnes assistées sociales font pour arriver en ce moment, lance sans détour Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

Les quelque 300 000 personnes bénéficiant actuellement de l'aide sociale à travers la province ont, selon elle, besoin d'une intervention rapide de l'État.

À quelques jours de la présentation du prochain budget du gouvernement Legault, attendu le 22 mars, il existe au sein des organismes communautaires un sentiment d'urgence, selon Mme Larivière.

« Je veux dire, c'est un mystère que ces personnes-là survivent. [...] Ces gens-là sont affamés. »

— Une citation de  Virginie Larivière, organisatrice politique et porte-parole, Collectif pour un Québec sans pauvreté

Elle ajoute qu'au moins 800 000 personnes, au Québec, ont un revenu inférieur à la Mesure du panier de consommation.

Autrement dit, une personne sur dix n’a pas assez d’argent pour couvrir ses besoins essentiels et doit donc se priver régulièrement, au péril de sa santé et de sa dignité. Pour une famille en 2019, le seuil de la MPC était établi à 40 515 dollars au Québec, selon Statistique Canada.

Vertige

L'un des signes que la situation des personnes à plus faible revenu s'observe dans les banques alimentaires. Moisson Québec remarque en effet une affluence soutenue ces derniers mois.

En termes de nombre de personnes qui utilisent l'aide alimentaire, c'est complètement fou, rapporte Élaine Côté, directrice générale de l'organisme qui dessert les banques alimentaires de la grande région de Québec.

Avant la pandémie, environ 35 000 personnes par mois avaient recours à cette aide pour couvrir leurs besoins dans la Capitale-Nationale. Au tout début de la pandémie, au printemps 2020, leur nombre avait doublé.

Deux ans plus tard, leur nombre n'a pas beaucoup diminué malgré un retour à une certaine normalité. Même que la fin des prestations d'urgence par le fédéral, en octobre dernier, avait fait bondir le nombre de nouvelles demandes d'aide sociale.

Près de 60 000 personnes par mois se rendent toujours dans un organisme pour obtenir des aliments. Mme Côté s'inquiète maintenant de la hausse du coût de la vie. Depuis octobre et novembre 2021, tous les mois, on voit une augmentation, souligne Mme Côté.

« C'est vraiment un vertige qu'on a par rapport à tout ce qui se passe. »

— Une citation de  Élaine Côté, directrice générale, Moisson Québec

Elle est d'autant plus préoccupée qu'elle considère que l'aide alimentaire signifie que ces personnes n'ont plus les moyens de payer l'épicerie après avoir acquitté leurs autres factures. Pour elle, la nourriture est une rare dépense compressible, alors que le logement ou l'électricité ne l'est pas.

Mais manger est un besoin essentiel et elle peine à s'imaginer des enfants qui vont à l'école le ventre vide.

Tant Moisson Québec que le Collectif pour un Québec sans pauvreté ont par ailleurs rapporté que de plus en plus de personnes, même avec un revenu d'emploi, ont du mal à boucler leur budget. Pour Virginie Larivière, cette situation commande un rehaussement du salaire minimum à au moins 18 $ de l'heure.

Hydro

Le sentiment d'urgence des organismes s'est accentué la semaine dernière lorsque les Québécois ont appris qu'ils pourraient subir une hausse de près de 5 % de leurs tarifs d'hydroélectricité en 2023.

Le premier ministre François Legault a depuis assuré qu'une telle hausse n'aurait pas lieu, ou à tout le moins que la population serait compensée. En attendant l'an prochain, les Québécois devront tout de même composer avec une augmentation de 2,6 % de leur facture d'électricité dès le 1er avril 2022.

Il répond aux questions de journalistes qui lui tendent des micros.

Le premier ministre François Legault a promis cette semaine que les Québécois seraient dédommagés si une hausse des tarifs d'électricité atteignait 4 à 5 % en 2023, tel qu'anticipé en raison de l'inflation.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Le gouvernement a aussi promis une aide non récurrente dans le prochain budget.

Cette solution n'est pas viable, selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté, qui espère un soutien accru non seulement pour les personnes qui en ont besoin, mais aussi pour toute la chaîne d'organismes communautaires formant le filet social.

L'organisme réclame également l'annulation de l'ajustement des tarifs d'hydroélectricité calquée sur l'inflation et un retour de la Régie de l'énergie à titre de régulateur, comme c'était le cas avant que la Coalition avenir Québec n'adopte une loi sous le bâillon en 2019.

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