•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Ottawa n’a pas l’intention de laisser Blaine Higgs retarder la hausse de la taxe carbone

Un homme près de son auto. Il a la pompe à essence dans une main et appuie sur les boutons de l'autre.

Le prix de l'essence atteint des sommets au Nouveau-Brunswick.

Photo : Associated Press / Jacqueline Dormer

Radio-Canada

Le gouvernement fédéral rejette la suggestion du premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, qui déclarait vouloir geler la tarification du carbone pendant trois mois, afin de contrer la hausse du prix de l’essence dans sa province.

La taxe carbone étant de compétence fédérale, M. Higgs ne peut agir sans l’assentiment d’Ottawa.

En entrevue mercredi, le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, a déclaré que la tarification du carbone resterait la même, et qu'elle augmenterait comme prévu dans trois semaines

Nous n’avons aucune intention de modifier la hausse prévue le 1er avril, a-t-il déclaré.

La taxe carbone se situe à 8,84 cents le litre et doit passer à 11 cents.

Le ministre LeBlanc a souligné que le gouvernement de Blaine Higgs a déjà les leviers, au niveau provincial, pour retourner plus d’argent dans les poches des contribuables.

« Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a un ensemble d’outils qui lui permet de décider s’il veut faire quelque chose pour les prix à la pompe. Le prix fédéral du carbone va augmenter comme prévu. »

— Une citation de  Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales
Dominic LeBlanc debout aux Communes. Il parle et pointe vers sa gauche avec son index.

Dominic LeBlanc, député de Beauséjour au Nouveau-Brunswick et ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, le 7 février 2022 à la Chambre des communes, à Ottawa.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Le prix de l'essence a bondi deux fois au Nouveau-Brunswick dans la dernière semaine.

Certaines stations-service affichaient mercredi un prix de 1,82 $ le litre pour l'essence ordinaire, et 2 $ le litre pour le diesel. Il s’agit d’un record.

Les observateurs prévoyaient que le prix du litre d’essence ordinaire augmenterait encore de trois à quatre cents durant la nuit.

En entrevue à CBC, mardi, Blaine Higgs a affirmé qu’il analysait les options possibles afin de réduire le fardeau sur le portefeuille des automobilistes.

L’une des options, disait-il, est de mettre sur pause la taxe carbone.

« Commençons par trois mois. Ça veut dire qu’on aurait encore de l’argent pour les projets en lien avec les changements climatiques et potentiellement les programmes de rabais. Ce serait une façon d’alléger les prix à la pompe d’environ 11 cents. »

— Une citation de  Blaine Higgs, premier ministre
Blaine Higgs en conférence de presse.

Le premier ministre Blaine Higgs (archives)

Photo :  CBC / Ed Hunter

M. Higgs reconnaît que la taxe carbone est utilisée afin d'atténuer les effets de la consommation d’essence sur l’environnement.

Il affirme toutefois que la hausse des prix permet probablement d’y arriver trois fois plus puisque l’augmentation du coût de l’essence entraîne déjà une réduction de la consommation.

Jeudi, je me joindrai à mes collègues premiers ministres canadiens pour un appel au Conseil de la fédération. Au cours de cette conversation, je prévois évoquer l'idée de demander au gouvernement fédéral un report temporaire de la taxe sur le carbone, a indiqué le premier ministre Higgs dans une déclaration écrite, mercredi.

Des messieurs en complet assis côte à côte à une même table, photographiés de profil, des documents et des micros devant eux. Justin Trudeau est en train de parler.

De gauche à droite : le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs, le premier ministre de l'Ontario Doug Ford, le ministre fédéral Dominic LeBlanc, le premier ministre Justin Trudeau et le premier ministre du Québec François Legault, à Montréal le 7 décembre 2018.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

L’Alberta va suspendre la collecte de la taxe provinciale sur les carburants à compter du 1er avril, estimant que cela va contrer l’augmentation des prix à la pompe.

Le Nouveau-Brunswick n'est cependant pas dans la même position que l'Alberta, selon Blaine Higgs, puisque cette province reçoit des milliards en redevances pétrolières et peut se permettre d’offrir un tel programme.

Ils peuvent refaire [cet argent] plusieurs fois grâce à l’augmentation du prix du pétrole brut et leur capacité à en tirer des revenus, a indiqué le premier ministre en entrevue à CBC.

Quelles sont les autres solutions?

Modifier la politique de tarification du carbone, qui est une mesure permanente, aidera-t-elle vraiment les consommateurs? Des observateurs sont sceptiques.

Que cette taxe soit de compétence fédérale rend aussi cette possible solution plus compliquée que nécessaire pour le Nouveau-Brunswick, affirme le chef de l’opposition libérale à Fredericton, Roger Melanson. Ce n’est pas sous le contrôle exclusif du Nouveau-Brunswick, et c’est beaucoup plus compliqué à accomplir, a-t-il dit.

Selon Trevor Tombe, du Département de sciences économiques de l’Université de Calgary, il y a des manières plus directes de donner un répit aux citoyens accablés par la hausse rapide du prix de l’essence.

Des crédits d’impôt seraient une idée, bien qu’ils n’aideraient pas beaucoup les Néo-Brunswickois à moindre revenu, qui paient peu ou pas d’impôt. Il recommande un remboursement direct.

« Je pense à des transferts directs d’argent [aux consommateurs]. Littéralement leur signer un chèque. »

— Une citation de  Trevor Tombe, professeur en sciences économiques
Trevor Tombe assis.

Trevor Tombe, professeur en sciences économiques de l'Université de Calgary, en septembre 2019.

Photo : CBC / Colin Hall

Roger Melanson, qui a déjà été ministre des Finances sous le gouvernement de Brian Gallant, croit que Fredericton a tout de même la capacité d'agir immédiatement en réduisant cette taxe provinciale sur l'essence et les carburants.

Plus tôt cette semaine, il avait indiqué par communiqué que toutes les options doivent être envisagées, et cela inclut la réduction temporaire du taux de la taxe provinciale sur les ventes de carburant afin de réduire le coût de l'essence.

Il faut que le gouvernement provincial qui a accumulé depuis deux ans presque un milliard de dollars en surplus budgétaire en donne un peu au consommateur et aux gens du Nouveau-Brunswick pour absorber le coût à la pompe qui est extrêmement difficile aujourd'hui, a précisé M. Melanson en entrevue à Radio-Canada.

Roger Melanson en entrevue par webcam.

Roger Melanson, chef de l'opposition au Nouveau-Brunswick (archives)

Photo : Radio-Canada

Blaine Higgs ne veut pas non plus que la situation économique des derniers jours, entre autres attribuable à l’invasion russe en Ukraine, ait un impact sur le budget de la province. Le surplus de 444 millions de dollars de la dernière année n’est pas une option non plus, d’après M. Higgs.

Yvon Godin, président de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick, dit être reconnaissant que le gouvernement provincial tente de trouver des solutions à la hausse sans précédent des prix du pétrole.

Ce qui est intéressant, au moins, c’est qu’on entend que le gouvernement cherche des solutions, que ce soit à travers la taxe sur le carbone ou bien que ça soit à l’intérieur de son budget, je pense que c’est grandement apprécié qu'il y ait une démarche faite. Il faudrait aussi que le fédéral y pense aussi, d'essayer de trouver des solutions pour aider les gens, a indiqué en entrevue à La matinale M. Godin.

Le budget doit être déposé le 22 mars et doit faire part utile des différentes sources de revenus pour entre autres faire face aux problèmes dans le système de santé et l’augmentation fulgurante des prix sur le marché immobilier, a indiqué le premier ministre.

Avec des informations de Frederic Cammarano et de Jacques Poitras, CBC

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...