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Prévention de la fraude : les jeunes adultes devraient-ils mieux connaître les risques?

Un homme pose ses mains sur le clavier d'un ordinateur portable dans l'obscurité.

Le bureau de crédit Equifax souligne que beaucoup de jeunes adultes se sentent à l'abri des risques liés à la fraude.

Photo : iStock

Le mois de mars est le Mois de la prévention de la fraude au Canada. Et pour l’occasion, le bureau de crédit Equifax Canada et un conseiller financier de la région de Toronto tirent la sonnette d’alarme : ils estiment que beaucoup de jeunes adultes, habitués à la technologie, se sentent, potentiellement à tort, à l'abri des risques liés à la fraude. Ils plaident notamment pour plus d’éducation.

La Torontoise Tiffany Hunt a eu une bien mauvaise surprise aux alentours de Noël. Un matin, elle a reçu plusieurs courriels de confirmation d’achats effectués sur un site de vente en ligne bien connu. Et ce moment l’a laissée perplexe.

« C’était alarmant de me réveiller et de voir tous ces achats que je n’avais pas faits. »

— Une citation de  Tiffany Hunt, victime de fraude en ligne

Plusieurs achats différents avaient été effectués par l’entremise de sa carte de crédit, et le montant total des dépenses s’élevait à plusieurs centaines de dollars.

Jusqu'ici, elle se souciait peu de laisser les informations de sa carte de crédit sur les grands sites de vente en ligne. J’étais sous le choc, je n’avais pas vraiment réalisé qu’un scénario de la sorte pouvait se produire. D’une façon ou d'une autre, quelqu’un a mis la main sur mes informations, confie-t-elle.

Une jeune femme en vidéoconférence devant un mur de briques.

Tiffany Hunt a été victime de fraude à travers des achats réalisés à partir de son compte sur un site de vente en ligne.

Photo : Radio-Canada

Maintenant, même si elle a été remboursée par sa banque et le site en question, elle se pose plus de questions et est plus vigilante quant à la protection de ses données.

J’y réfléchis à deux fois avant de laisser mes données sur un site, dit-elle.

Elle estime que sa génération prend souvent des décisions par commodité, notamment en permettant aux sites de mémoriser les données de cartes de crédit, et ce, sans crainte, car habituée aux achats en ligne.

C’est juste la norme pour nous de faire confiance aux différents sites d’achats connus. On se dit : "C’est l’option qui est proposée, alors pourquoi la mettre en doute?", explique celle qui, comme plusieurs personnes, a fait de nombreux achats en ligne pendant la pandémie et qui désire aujourd’hui sensibiliser les jeunes de son âge.

Les jeunes se sentent à l’abri, selon un conseiller financier

Dans le cadre de son travail, le conseiller financier chez Desjardins Sécurité financière à Toronto Rajiv Bissessur remarque que beaucoup de jeunes adultes se sentent immunisés contre les risques liés à la fraude, qui peut se présenter de manière très sophistiquée et diverse.

Il y a une certaine insouciance. Le fait de se dire "rien ne s’est passé avant, rien ne va se passer maintenant". Je pense que c’est cette idée qu’on maîtrise la technologie, en pensant qu’on a des applications qui nous protègent, mais tant qu’on n’a pas fait la mauvaise expérience, on pense qu’il n’y a pas de problème, explique-t-il.

Selon lui, les divers niveaux de préoccupation s’expliquent en grande partie par les disparités dans les revenus, liées à l’âge.

Une femme fait un achat en ligne.

Les jeunes ne se méfient pas assez des risques de fraude, estime Rajiv Bissessur.

Photo : iStock

Souvent, la personne n’a pas vécu autant d’années avec un salaire, avec des paiements, pour comprendre l’importance d’une fraude. Arrivés à un certain âge, on a plus d’actifs, plus de choses à perdre. On veut vraiment s’assurer qu’il n’y a pas de risque pour nous, ajoute-t-il.

Le conseiller financier croit qu’il y a un manque sur le plan de la formation des jeunes, particulièrement pour ce qui est de l’éducation financière et qu’il faut mieux préparer les jeunes, qui ne connaissent pas forcément leurs droits.

Tiffany Hunt abonde dans le même sens. Elle croit qu’il est important d’apprendre quels sont les risques liés au partage d’informations sur le web.

Si chaque génération peut être victime de fraude, souligne Rajiv Bissessur, c’est la manière de réagir qui diffère, notamment en raison de l’expérience.

Je pense que pour plusieurs jeunes, il n’y a pas le réflexe derrière pour se dire "Je vais regarder mon relevé, voir ce qui s’est passé". Souvent, la fraude va être découverte bien après et les institutions financières peuvent être contactées trop tard, explique-t-il.

La génération Z moins préoccupée, selon un sondage d’Equifax

Selon la chef principale de la conformité pour la défense des droits des consommateurs à Equifax Canada, Julie Kuzmic, tout le monde peut être victime de fraude ou de vol d'identité, quel que soit son âge.

En prévision du mois de la prévention de la fraude, le bureau de crédit a sondé des Canadiens quant à leurs préoccupations liées à la fraude, par l’entremise de la firme de sondage Léger.

L'institut de sondage Léger a mené un sondage pour le compte d'Equifax Canada entre le 11 et le 13 février auprès de 1537 Canadiens âgés de 18 à 65 ans à partir du panel en ligne de Léger. Une marge d’erreur ne peut être calculée sur un échantillon non probabiliste comme celui-ci. Un échantillon probabiliste de la même taille donnerait une marge d’erreur de ±2,5 %, 19 fois sur 20, indique cependant Léger.

Ce qui est vraiment ressorti pour moi, c’est que les jeunes qui ont participé au sondage, particulièrement ceux de la génération Z, âgés de 18 à 24 ans, semblent être moins préoccupés par la fraude et savent moins quoi faire s’ils en sont victimes, dit Julie Kuzmic.

Dans le sondage, 29 % des répondants de ce groupe d’âge ont répondu oui à l’affirmation : le vol d'identité arrive à d'autres personnes, il est peu probable que cela m'arrive. Mais, pour l'ensemble des groupes d’âge, le pourcentage s’élève à seulement à 16 %.

Parmi les autres résultats, seulement 52 % des 18-24 ans ont dit qu’ils examinaient régulièrement leur carte de crédit et leurs relevés bancaires afin de repérer des signes potentiels de fraude. Le pourcentage est plus élevé pour les autres groupes d’âge. Par exemple, 63 % des 25-34 ans disent consulter régulièrement leurs relevés, à titre préventif.

Quelques conseils

Pour se prémunir contre la fraude, la représentante d’Equifax livre quelques conseils.

L’une des étapes très importantes, quand on pense en être victime, c’est de mettre une alerte d’identité ou un avertissement de fraude sur son dossier de crédit, ce qui peut être fait gratuitement, pour avoir un meilleur contrôle sur ce qui se passe, dit-elle.

Elle conseille également aux gens de garder un œil sur leurs dossiers de crédit, car il n’est pas rare qu’elle entende des histoires de clients qui apprennent à leurs dépens que d’autres cartes de crédit existent en leur nom, et ce, depuis un certain temps.

Rajiv Bissessur, lui, insiste sur l’importance d’insérer des étapes de sécurité (comme la vérification en deux étapes), avant de pouvoir se connecter en ligne, pour rendre le processus de connexion plus sécuritaire et se prémunir contre de potentiels fraudeurs.

Le ministre de l’Éducation de l’Ontario, Stephen Lecce, indique pour sa part par courriel que son gouvernement comprend l'importance d’assurer la sécurité des enfants, tant en personne qu’en ligne.

Il dit avoir mis à jour en 2019 le programme scolaire pour les élèves de la 1re à la 8e année pour y inclure un apprentissage obligatoire sur la sécurité en ligne, y compris l’apprentissage de la cybersécurité et de la confidentialité, en plus d’avoir révisé le programme de mathématiques de la 1re à la 9e année pour assurer que les élèves acquièrent des compétences en littératie financière, notamment l'enseignement du crédit, de la dette et de la protection des consommateurs.

Avec les informations de Rozenn Nicolle

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