Ukraine : la centrale nucléaire de Zaporijia touchée par un tir russe
Dans la journée, un bombardement a fait au moins 33 morts dans un quartier résidentiel de la ville de Tchernihiv, à 120 km au nord-est de Kiev.

Image provenant de la caméra de surveillance du site nucléaire de Zaporijia.
Photo : zaporizhzhya npp via reuters / Zaporizhzhya NPP
Les autorités ukrainiennes ont indiqué avoir pu envoyer des pompiers à la centrale nucléaire de Zaporijia, où un incendie s'est déclaré après des tirs russes, assurant que la sécurité nucléaire des lieux était maintenant assurée.
Le directeur de la centrale a indiqué que la sécurité nucléaire est maintenant garantie. Selon les responsables de la centrale, un bâtiment pour les formations et un laboratoire sont touchés par un incendie
, a indiqué sur Facebook Oleksandr Staroukh, chef de l'administration militaire de la région de Zaporijia.
Précision - Nous avons modifié la légende de la photo en en-tête de l'article qui montre le site de la centrale de Zaporijia, mais pas nécessairement l'incendie.
Le régulateur nucléaire ukrainien n'a détecté aucun changement
dans le niveau de radioactivité à la centrale, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
L’AIEA a également affirmé que l'incendie n'a pas touché d'équipements essentiels
, ajoutant que le personnel de la centrale prend des mesures
pour circonscrire l'incendie.
Dans la soirée, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a écrit sur son compte Twitter qu’il avait joint le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Je viens de parler avec le président Zelensky sur les horribles attaques contre la centrale nucléaire de Zaporijia. Ces attaques inacceptables de la Russie doivent cesser immédiatement.
Auparavant, le président américain Joe Biden s'était entretenu avec son homologue ukrainien après l'incendie de la centrale.
Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de recourir à la terreur nucléaire
et de vouloir répéter
la catastrophe de Tchernobyl.
Joe Biden a exhorté la Russie à cesser ses activités militaires dans la zone pour permettre aux pompiers et aux services de secours d'accéder au site
de la centrale, a indiqué dans un communiqué la Maison-Blanche, dont un haut responsable a noté que rien n'indiquait pour l'instant des niveaux élevés de radiations
.
De son côté, le premier ministre britannique Boris Johnson a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU et a indiqué que les actions irresponsables
de Poutine peuvent directement menacer la sécurité de toute l'Europe
.
Un bombardement russe a touché vendredi la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d'Europe dans le centre de l'Ukraine, atteignant l'une de ses unités, a affirmé plus tôt le porte-parole de cette centrale.
Suite à un bombardement des forces russes sur la centrale nucléaire de Zaporijia, un incendie s'est déclaré
, avait indiqué ce porte-parole, Andreï Touz, dans une vidéo publiée sur le compte Telegram de la centrale.
Les pompiers ne peuvent pas atteindre le lieu du feu et l'éteindre. Les tirs tombent très près. La première unité électrique de la centrale a déjà été touchée. Arrêtez ça!
, avait-il insisté dans une autre vidéo.
Le maire d'Energodar, ville située à proximité, avait également affirmé que la centrale était en feu. Dimitro Orlov avait fait part auparavant de combats intenses entre les forces ukrainiennes et russes près de ce site.
En conséquence des bombardements ennemis incessants contre des bâtiments et des unités de la plus grande centrale nucléaire d'Europe, la centrale de Zaporijia est en feu
, a-t-il dit par l'entremise du service de messagerie Telegram, sans donner davantage de précisions.
Sur Twitter, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmitri Kouleba, a appelé à la fin des tirs.
Si ça explose, ce sera 10 fois pire que Tchernobyl! Les Russes doivent IMMÉDIATEMENT cesser le feu, laisser passer les pompiers et permettre un périmètre de sécurité
, a-t-il écrit.
De son côté, l'AIEA a appelé à cesser l'usage de la force sur la centrale nucléaire de Zaporijia, mettant en garde contre un grave
danger si un réacteur est touché.
Lancée en 1985, pendant l'URSS, la centrale compte six réacteurs et fournit une grande partie de l'énergie du pays.
Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l'ancienne centrale de Tchernobyl, lieu du pire accident nucléaire de l'histoire à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, et qui est désormais entre les mains des troupes russes.
L'armée russe intensifie son pilonnage

Des secouristes tentent de trouver des victimes parmi les décombres après un bombardement à Tchernihiv, à 120 kilomètres au nord-est de Kiev, le 3 mars 2022.
Photo : Reuters / Roman Zakrevskyi
Une semaine après le début de la guerre, l'armée russe a pris la première grande ville, Kherson, et intensifie son pilonnage sur la ville de Kharkiv, la région de Kiev et le port stratégique de Marioupol, où un siège fait craindre le pire pour la population.
Des responsables ukrainiens ont confirmé dans la nuit de mercredi à jeudi l'omniprésence de l'armée russe à Kherson, une métropole de 290 000 habitants proche de la péninsule de Crimée.
Moscou avait annoncé l'avoir prise mercredi matin, après de violents bombardements, mais les autorités ukrainiennes disaient toujours tenir bon. Le maire de la ville et le chef de l'administration régionale confirment désormais que les troupes russes sont partout dans la ville et qu'elles ont le contrôle du siège de l'administration régionale.
Des combats font toutefois toujours rage, selon le renseignement américain. Les autorités ukrainiennes demandent ainsi à la population de demeurer à l'intérieur. Un couvre-feu a été instauré et les civils ne peuvent pas se déplacer en groupes de plus de deux personnes.
Selon le New York Times, la prochaine ville sur le chemin des troupes russes est celle de Mykolaiv (477 000 habitants), tout juste au nord-ouest de Kherson.
Citant le maire de Mykolaiv, Oleksandr Senkevych, le quotidien rapporte que 800 chars russes, avec des lance-roquettes, roulent en direction de la ville depuis le sud, mais aussi l'est et le nord. Jeudi matin, le centre de la ville n'était pas sous le feu des Russes, mais les soldats en périphérie ont rapporté être la cible de missiles de longue portée.
Un peu plus à l'ouest, à Odessa, un groupe de navires de débarquement amphibies russes se dirige vers le port, a indiqué l'armée ukrainienne.
Deux navires commerciaux ont par ailleurs coulé en raison d'explosions dans la mer Noire, au large d'Odessa et au port d'Olvia. Plusieurs membres d'équipage de ces deux cargos – l'un estonien et l'autre bangladais – manquent à l'appel, et au moins une personne a été tuée.
Marioupol assiégée
Plus à l'est, à Marioupol, le maire a accusé la Russie de vouloir assiéger la ville. Ils ont détruit les ponts, détruit les trains pour nous empêcher de sortir nos femmes, enfants et vieillards [...]. Ils cherchent à imposer un blocus, comme à Leningrad
, la ville soviétique redevenue aujourd'hui Saint-Pétersbourg, qui avait été assiégée par les nazis, a déclaré Vadym Boïtchenko sur Telegram.
Les hordes militaires de Vladimir Poutine bombardent la ville et ne permettent pas les évacuations, ni des blessés, ni des femmes, ni des enfants.
Le contrôle de Marioupol, ville de près de 445 000 habitants, revêt un caractère stratégique pour la Russie, car il lui permettrait d'assurer une continuité territoriale entre ses forces venues de Crimée et celles venues des territoires séparatistes prorusses du Donbass.
Les deux groupes ont fait leur jonction sur la côte de la mer d'Azov mardi, selon Moscou. Les séparatistes ont annoncé pour leur part mercredi que la ville était désormais encerclée.
De son côté, l'armée ukrainienne affirme que Marioupol résiste
pour l'instant. Les autorités évoquent cependant des centaines de morts et craignent que ce siège ne provoque une importante crise humanitaire. Les habitants sont sans eau et sans électricité depuis deux jours.
Un haut gradé américain a confirmé jeudi que Marioupol est toujours entre les mains des Ukrainiens, mais il a indiqué que les troupes russes semblent en effet vouloir isoler la ville.
Lourd bilan à Tchernihiv
Au Nord de Kiev, à Tchernihiv, les services d'urgence rapportent qu'au moins 33 corps ont été sortis des décombres après des bombardements qui ont visé jeudi une zone résidentielle de cette ville de 286 000 habitants.
Le gouverneur Viacheslav Chaus affirme que deux écoles et des résidences du quartier Stara Podsoudovka ont été touchées. Les secouristes continuent de tenter d'aider les victimes.
Située à 120 km au nord-est de Kiev, Tchernihiv avait déjà été l'objet d'une attaque des troupes russes le 25 février. La ville se trouve sur l'une des principales routes menant à Kiev.
Dans la région de la capitale, de fortes explosions ont été entendues pendant la nuit de mercredi à jeudi, selon des messages sur les réseaux sociaux. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a affirmé qu'il s'agissait de missiles russes abattus par des systèmes de défense aérienne.
Des milliers de personnes sont toujours réfugiées dans le métro de la capitale, transformé en abri antiaérien.

Un drone a capturé cette image d'un immeuble résidentiel après une attaque russe, à Borodyanka, dans la banlieue nord-ouest de Kiev, le 3 mars 2022.
Photo : Reuters / Maksim Levin
Les villes qui bordent Kiev au nord-ouest, de même que ses quartiers périphériques, continuent d'être la cible des missiles russes. C'est de ce côté de la capitale qu'est stationné depuis plusieurs jours le convoi de chars russes qui s'étire sur près de 65 kilomètres.
La progression de ce convoi semble cependant au point mort
depuis 72 heures, selon le ministre de la Défense britannique. Ce convoi demeure toujours à environ 25 kilomètres de Kiev.
À l'instar de responsables ukrainiens et d'analystes, il a évoqué de possibles problèmes d'approvisionnement en nourriture et en carburant, des pannes mécaniques et une résistance acharnée des Ukrainiens.
Les troupes russes pourraient aussi être en train de revoir leur stratégie d'offensive contre la capitale, cible prioritaire
de Vladimir Poutine, selon le président ukrainien.
Kharkiv pilonnée
Dans le nord-est du pays, la deuxième ville en importance, Kharkiv (1,4 million d'habitants), est aussi une cible importante pour les troupes russes, qui la pilonnent depuis maintenant plusieurs jours.
Les bombardements se sont poursuivis au cours de la nuit, selon les autorités régionales. Les services d'urgence ukrainiens font quant à eux état de 34 morts parmi les civils au cours des dernières 24 heures.
Le métro de Kharkiv, comme celui de la capitale, s'est transformé en un immense abri antiaérien. L'électricité, l'eau du robinet et le chauffage sont parfois coupés. Les supermarchés n'ouvrent que pour quelques heures dans la matinée et on n'y trouve plus grand-chose, selon des habitants.
Selon le renseignement américain, là comme à Kiev et Marioupol, les troupes russes seraient aux portes de la ville.

Un résident de Kharkiv constate les dégâts provoqués par les bombardements sur l'immeuble qu'il habite.
Photo : Associated Press / Marienko Andrew
À 200 kilomètres au sud de Kharkiv, le centre industriel de Dnipro, fort d'un million d'habitants et épargné pour l'instant, se préparait à un assaut russe. L'AFP y a vu des habitants entasser des sacs de sable et préparer des cocktails Molotov.
Des troupes russes tentent également de prendre le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporijia, à environ 200 km au sud de Dnipro.
Des soldats tentaient de briser les barricades érigées par des citoyens et des volontaires de la force de défense territoriale pour protéger la centrale, la plus importante au pays, selon le ministre de l'Intérieur ukrainien Anton Herashchenko.

Un Ukrainien dit au revoir à sa femme et à sa fille, qui évacuent Kiev par train.
Photo : Getty Images / Pierre Crom
La compagnie de chemin de fer de l'Ukraine a par ailleurs annoncé jeudi que tous les trains qui partent d'est en ouest allaient désormais servir exclusivement à évacuer la population.
Les femmes, les enfants et les personnes âgées sont priorisés et n'ont pas besoin de billet pour monter à bord. Les hommes en âge de se battre sont quant à eux obligés de demeurer au pays.
Des pertes difficiles à chiffrer
Le ministère de la Défense de l'Ukraine a publié jeudi sur Twitter et Facebook un nouveau bilan des pertes russes, les estimant à 9000, sans préciser si cela comprend aussi les soldats blessés.
La veille, la Russie avait publié son premier bilan depuis le début de l'invasion, le 24 février, affirmant que près de 500 de ses soldats ont été tués et près de 1600 blessés.
L'Ukraine n'a pas divulgué ses propres pertes militaires.
Vers l'ouverture de couloirs humanitaires
Au terme d'une deuxième ronde de pourparlers de paix, Moscou et Kiev se sont entendus pour établir des couloirs humanitaires. La seule chose que je peux dire, c'est que nous avons discuté de l'aspect humanitaire en détail, car plusieurs villes sont maintenant encerclées. La situation concernant l'acheminement de médicaments et de nourriture, ainsi que les évacuations, est dramatique
, a déclaré Mikhaïlo Podoliak, négociateur et conseiller du président ukrainien, après la rencontre.
Les pertes civiles sont elles aussi très difficiles à estimer. L'Ukraine a déclaré que plus de 2000 civils étaient morts depuis le début de l'invasion, mais ce nombre n'a pas pu être vérifié de manière indépendante.
Jeudi, le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a quant à lui indiqué qu'au moins 249 civils ont été tués et 553 autres blessés jusqu'à présent. Mais l'organisation reconnaît que le bilan réel est probablement beaucoup plus lourd.
D'après ce bilan, arrêté mercredi à minuit, la plupart des victimes civiles ont été provoquées par l'utilisation d'armes explosives capables de toucher de vastes zones, telles que l'artillerie lourde, les lance-roquettes multiples, les missiles et les frappes aériennes.
Le renseignement américain estime que plus de 480 missiles russes se sont abattus sur l'Ukraine, dont plus de la moitié ont été lancés de l'intérieur du pays, ce qui confirme que les troupes russes acheminent le matériel nécessaire à mesure qu'elles avancent.
Avec les informations de Agence France-Presse, Reuters, BBC, The New York Times et Associated Press