Encore beaucoup à faire pour s’adapter aux changements climatiques
Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique (archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Tous les intervenants à qui nous avons parlé, à commencer par le gouvernement du Canada, s’entendent pour dire que les efforts d’adaptation aux changements climatiques, ici comme ailleurs, sont encore largement insuffisants.
Les plus récents travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indiquent que des milliards de personnes et tous les écosystèmes de la planète souffrent déjà des conséquences des changements climatiques.
Si les conclusions du dernier rapport du GIEC ne sont pas nécessairement surprenantes, elles sont plus implacables que jamais. Le groupe hausse le ton à chaque nouvelle mouture.
Le GIEC
avance de nombreuses pistes de solution, mais souligne qu’il existe un écart important entre les initiatives d’adaptation actuelles et les améliorations nécessaires pour faire face à des événements climatiques extrêmes – notamment des feux de forêt, des inondations, des canicules et des tempêtes – toujours plus intenses et plus nombreux, y compris au Canada.Les références aux savoirs autochtones saluées
La cheffe régionale de l'Assemblée des Premières Nations (APN) pour le Yukon, Kluane Adamek, a salué les références explicites aux savoirs des peuples autochtones et à leur vulnérabilité spécifique, notamment.
Ça confirme ce que nous avons entendu de nos aînés, de nos chefs, de notre jeunesse, que les peuples autochtones doivent non seulement faire partie de la solution, mais doivent être des décideurs importants pour faire avancer l'action climatique
, a-t-elle déclaré en entrevue lundi.
Il est donc primordial que les Premières Nations puissent élaborer et mettre en œuvre leurs propres plans d'adaptation, a soutenu celle qui est aussi responsable des dossiers du climat et de l'environnement au sein de l'APN
.« Est-ce que le Canada peut faire mieux? Absolument. »
Vers des municipalités plus résilientes
Selon Scott Pearce, deuxième vice-président de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), les investissements dans l'adaptation climatique fonctionnent
.
Les municipalités travaillent d'arrache-pied pour bâtir des collectivités plus résilientes et protéger leurs résidents des dérèglements climatiques extrêmes
, a soutenu M. Pearce, qui est aussi maire de la Municipalité de canton de Gore, au Québec.
Or, selon lui, les fonds disponibles sont bien inférieurs à ceux dont elles ont besoin pour répondre aux besoins sur le terrain
.
« Ce rapport est un rappel à la réalité : si nous n'accordons pas une attention nettement accrue à l'adaptation au climat, les conséquences seront désastreuse. »
Il reste beaucoup de travail à faire
, a convenu le ministre de l’Environnement du Canada, Steven Guilbeault, en entrevue à ICI RDI lundi.
Les connaissances sur la situation climatique doivent, selon lui, nous aider à ne pas reproduire les erreurs du passé
. On ne peut pas continuer de permettre, par exemple, à des gens de se construire dans des zones inondables, ce que nous faisons au Québec et à travers le pays depuis plusieurs décennies
, a-t-il illustré.
Les grands émetteurs interpellés
Le Réseau action climat Canada exhorte le gouvernement fédéral à ouvrir une conversation nationale sur les impacts actuels et les pertes et dommages [liés aux changements climatiques] en déposant le rapport pour un débat d'urgence au Parlement
, a déclaré dans un communiqué la coalition d’organisations environnementalistes.
En tant que l'un des plus grands émetteurs et producteurs de combustibles fossiles au monde et en tant que pays confronté à des pertes et des dommages importants, le Canada doit jouer un rôle de premier plan dans la réduction des émissions et préparer les personnes et les communautés à faire face aux impacts climatiques
, a ajouté le Réseau.
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, interpelle lui aussi les grands émetteurs. Il faut une réaction de la part des pays riches, qu'ils assument du leadership, qu'ils réduisent leurs émissions, qu'ils protègent également les écosystèmes, et qu'ils financent les pays qui sont durement frappés
, a-t-il réclamé, aussi en entrevue à ICI RDI.
Pour le directeur général d’Ouranos, Alain Bourque, le temps presse. On constate que les impacts des changements climatiques, ce n’est pas dans 20 ans, ce n’est pas dans 10 ans, ce n’est même pas dans 5 ans, c’est maintenant et partout
, a-t-il noté.
Son organisme, qui se décrit comme un consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques
, travaille présentement à dresser le portrait de la situation au Québec; et ses conclusions, qui doivent être publiées ce printemps, seront au diapason de celles du GIEC .
« C’est généralisé : il n’y a personne qui en fait assez devant l’ampleur des changements qui sont en train de se concrétiser. »
Des initiatives en cours de préparation
Le ministre Guilbeault a affirmé que le gouvernement fédéral a investi plus de 2,3 milliards de dollars au cours des dernières années pour l’adaptation, citant en exemple l’investissement dans la création du grand parc de l’ouest de l’île de Montréal, qui vise entre autres à limiter les risques d’inondations dans le secteur.
Ottawa prépare actuellement sa première Stratégie nationale d’adaptation (Nouvelle fenêtre), qui doit être terminée cette année, un projet qui se veut collaboratif.
Il y a plein de choses que nous, le gouvernement fédéral, on doit faire, mais ce n’est pas vrai qu’on peut tout faire
, a ajouté le ministre Guilbeault. Tout le monde a une responsabilité.
Admettant qu’en matière de lutte contre les changements climatiques ce n’est pas toujours la bonne entente
entre le fédéral et les provinces, Steven Guilbeault a soutenu qu’il y a beaucoup d'alignements d’étoiles
sur la question de l’adaptation.
On doit tous collectivement en faire plus
, a reconnu le bureau de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, par écrit. On est déterminés à réussir la transition écologique
, a poursuivi l'administration Plante, qui demande de réduire notre dépendance aux énergies fossiles
.
Le Plan climat 2020-2030 (Nouvelle fenêtre) de la Ville de Montréal prévoit diverses initiatives de verdissement, de gestion des eaux de pluie et d’amélioration des infrastructures, notamment. La Ville s'y est aussi engagée à consacrer de 10 à 15 % du budget de son Programme décennal d'immobilisations à l'adaptation aux changements climatiques.
Dans une déclaration transmise à Radio-Canada, le bureau du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, Benoit Charette, a dit lire avec attention
le plus récent rapport du GIEC et vouloir prendre davantage connaissance de celui-ci avant de le commenter
.