Les premiers pourparlers russo-ukrainiens ne débouchent sur aucun accord

Les délégations russe et ukrainienne ont quitté la table des négociations au Bélarus et rentrent pour consultations dans leurs capitales respectives, après avoir convenu de se revoir, ont annoncé les deux parties.

Les parties ont établi une série de priorités et de thèmes qui demandent certaines décisions avant un deuxième tour de pourparlers, a déclaré Mikhaïlo Podoliak, l'un des négociateurs ukrainiens.

Selon son homologue russe, Vladimir Medinski, cette nouvelle rencontre aurait lieu bientôt à la frontière polono-bélarusse.

Les négociations qui ont commencé lundi portent sur l'invasion de l'Ukraine menée depuis jeudi par l'armée russe, qui se heurte à une forte résistance des forces ukrainiennes.

Tamara Alteresco est en Russie.

Dans un entretien lundi avec son homologue français Emmanuel Macron, le président russe Vladimir Poutine a donné une liste d'exigences comme conditions à tout règlement de cette guerre.

Selon le Kremlin, M. Poutine exige la dénazification, la démilitarisation et la neutralité future de l'Ukraine, ainsi qu'une reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014.

Le président Macron a pour sa part réitéré à M. Poutine la demande de la communauté internationale de cesser l'offensive russe contre l'Ukraine et a réaffirmé la nécessité de mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat.

Le président français a aussi demandé à ce que soient respectés sur le terrain un arrêt de toutes les frappes et attaques contre les civils et lieux de résidence, une préservation de toutes les infrastructures civiles [et] une sécurisation des axes routiers, en particulier la route du sud de Kiev.

Le président Poutine a confirmé sa volonté de s'engager sur ces trois points, selon la présidence française.

Avant la rencontre, qui s'est déroulée dans l'une des résidences du président bélarusse Alexandre Loukachenko dans la région de Gomel, la présidence ukrainienne avait annoncé qu'elle exigerait un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes russes.

Les représentants du Kremlin étaient plutôt demeurés muets quant à leurs intentions. Nous nous sommes entendus pour arriver à un accord, mais il doit être dans l’intérêt des deux parties, s'était contenté de dire M. Medinsky à la télévision d'État.

Je ne crois pas trop à un résultat, avait prévenu dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mais il faut qu'on essaie.

La délégation ukrainienne, dont le ministre de la Défense Oleksii Reznikov, arrive au Bélarus pour prendre part aux pourparlers avec la Russie, le 28 février 2022.

Photo : belta/afp via getty images / Sergei Kholodilin

Zelensky veut une adhésion immédiate à l'UE

Le président ukrainien qui ne participe pas lui-même aux pourparlers, a signé lundi une requête formelle pour que son pays se joigne immédiatement à l'Union européenne (UE) en vertu d'une procédure spéciale.

Notre objectif est d'être avec l'ensemble des Européens et, plus important, d'être à égalité avec eux, a-t-il fait valoir dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a cependant souligné qu'il y avait différentes opinions sur l'adhésion de l'Ukraine parmi les Vingt-Sept, semblant écarter toute décision rapide.

Les ministres européens de l'Énergie étudiaient pour leur part lundi à Bruxelles une demande urgente de l'Ukraine pour synchroniser son réseau électrique avec celui de l'UE.

La synchronisation des réseaux électriques facilite les échanges entre les pays et permet notamment de pallier plus facilement un problème d'approvisionnement en électricité dans l'un d'entre eux.

Nous allons travailler sur ce raccordement de l'Ukraine. Aujourd'hui, elle n'est plus reliée au réseau électrique russe : il n'y a pas d'inquiétude pour les jours à venir, puisqu'elle fonctionne en mode isolé, mais Kiev a fait cette demande d'être raccordée au réseau européen, a indiqué la ministre française de la Transition écologique, Barbara Pompili, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Nous allons également discuter des approvisionnements en carburants du pays, a-t-elle ajouté.

Entso-E, l'association des gestionnaires de réseaux de transport d'électricité européens, a fait part d'une demande urgente de la part du gestionnaire du réseau ukrainien, Ukrenergo, pour une synchronisation d'urgence du système électrique ukrainien […] avec le système électrique d'Europe continentale.

Les gestionnaires des réseaux européens vont évaluer urgemment toutes les options disponibles pour répondre à la demande d'Ukrenergo, a expliqué l'association dans un communiqué.

À son arrivée à la réunion, la commissaire européenne à l'Énergie, Kadri Simson, a déclaré s'attendre à ce que les ministres accèdent à la demande de l'Ukraine dès que possible.