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Molotov, kalachnikovs et tranchées : Kiev se prépare à l’arrivée des Russes

Un homme en habit de combat pose devant un panneau publicitaire où un message en russe est affiché.

Au centre de Kiev, un volontaire de la « défense territoriale » de l'Ukraine pose devant un message à l'attention de l'envahisseur : « Soldats russes, allez vous faire foutre! »

Photo : afp via getty images / Serguei Supinsky

Radio-Canada

Après le choc des premiers assauts sur leur capitale, les habitants de Kiev profitent d'un court répit, à la faveur des pourparlers entre la Russie et l'Ukraine à la frontière du Bélarus, pour organiser leur défense.

Les bataillons de soldats ukrainiens, occupés à repousser l'offensive russe aux portes de Kiev, sont encore rares dans la capitale elle-même. Mais les volontaires de la défense territoriale, des civils armés, montent la garde.

Les habitants se disent prêts à donner la leçon de leur vie à l'ennemi.

Les seules fleurs qu'ils recevront de nous seront pour leur tombe, a déclaré Viktor Rudnichenko, un employé de banque, sorti pour un ravitaillement au moment de la levée du couvre-feu, lundi matin.

« Nous les accueillerons avec des cocktails Molotov et des balles dans la tête, c'est comme ça que nous les accueillerons. »

— Une citation de  Viktor Rudnichenko, un employé de banque demeuré à Kiev

La capitale, déjà sillonnée par les tranchées, a acquis en seulement quelques jours des réflexes de zone de guerre.

Les habitants construisent des barricades avec ce qu'ils peuvent trouver pour freiner la progression des éventuels chars russes : vieille voiture, meubles, bennes à ordures.

Dans le quartier d'Obolon, visé par les frappes au cours du week-end, les volontaires continuent de creuser des tranchées, de poser des blocs de béton en travers des routes et de produire des cocktails Molotov à la chaîne.

Les résidents de Kiev, la capitale de l'Ukraine, ont pû vaquer à leurs occupations pendant quelques heures lundi, après deux jours de confinement total chez eux. Le compte-rendu de notre envoyée spéciale à Kiev, Marie-Eve Bédard.

De son côté, l'armée russe a assuré que les civils pouvaient quitter librement Kiev, tout en accusant le pouvoir ukrainien de les utiliser comme boucliers humains.

Selon des officiels américains, les Russes souhaitent entrer à Kiev par plusieurs points à la fois et tenteront ainsi d'encercler la ville dans les prochains jours.

Or, leur offensive la plus importante s'effectue présentement au ralenti : au cours des dernières 24 heures, la principale colonne russe avançant vers la capitale ukrainienne a progressé d'environ cinq kilomètres et se trouve à quelque 25 kilomètres de la ville, a estimé un responsable de la Défense américaine.

Les Ukrainiens se montrent très créatifs dans leur résistance, en faisant sauter des ponts, en attaquant en petits nombres, parfois peu armés mais de manière très efficace, a-t-il ajouté.

Lundi matin, l’armée ukrainienne avait elle aussi affirmé que Moscou avait ralenti le rythme de l’offensive, mais que ses forces tentaient toujours d’engranger des succès dans certaines zones.

Une image satellite montrant des dizaines, voire des centaines de véhicules.

Cette image satellite fournie par Maxar Technologies montre que la principale colonne russe se trouve actuellement près d'Ivankiv, au nord-ouest de Kiev, en Ukraine.

Photo : Associated Press

La Défense américaine estime que la Russie a lancé quelque 380 missiles sur l’Ukraine en cinq jours et qu'environ 75 % des troupes qu'elle avait massées à la frontière de l'Ukraine sont engagées dans l'invasion.

Des bombardements ont notamment eu lieu lundi sur des quartiers résidentiels de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, située dans le nord-est, tout près de la frontière russe. Au moins 11 civils ont été tués, selon le gouverneur de la région, qui a dit craindre des dizaines de morts.

Les villes de Berdyansk et d’Enerhodar, dans le sud-est du pays, seraient pour leur part contrôlées par les Russes, selon des propos du ministère de la Défense de Russie rapportés par l’agence Interfax.

La centrale nucléaire de Zaporizhzhya, non loin de ces deux municipalités, serait aussi aux mains des Russes et elle continuerait de fonctionner normalement, toujours selon ce que rapporte Interfax.

Les Russes ont également affirmé avoir encerclé la ville de Kherson (290 000 habitants), dans le sud du pays, et pris le contrôle de la ville de Berdiansk (110 000 habitants), sur la mer d'Azov, à l'est de la Crimée.

La bataille fait aussi rage dans la partie sud-ouest de la mer Noire, autour des ports d'Odessa, d'Ochakiv et de Chornomorsk, selon l'armée ukrainienne, qui estime que la Russie n'a toujours pas abandonné sa tentative de débarquement naval dans la zone de Marioupol.

La prise de cette ville de près de 500 000 habitants permettrait à l'armée russe d'assurer une continuité territoriale de l'est du pays jusqu'à la Crimée.

La Russie revendique en outre la suprématie aérienne dans toute l’Ukraine – une affirmation toutefois contredite par la Défense américaine.

Des médias ont avancé que l'armée du Bélarus pourrait prendre part à l'offensive russe en Ukraine. Or, le renseignement américain estime que rien n'indique, à présent, un tel mouvement des effectifs militaires du président Loukachenko, qui permet toutefois aux troupes russes d'envahir l'Ukraine à partir de son territoire.

Pour empêcher l'escalade de la crise, le ministre turc des Affaires étrangères a annoncé lundi que son pays allait interdire le passage du Bosphore et du détroit des Dardanelles à tous les navires de guerre, peu importe leur provenance, ce que lui permet de faire la convention de Montreux de 1936.

Un bilan incertain

Le bilan des victimes du conflit reste pour l'heure sujet à caution. L'Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et de 2040 blessés depuis jeudi. Elle affirme que 4500 soldats russes ont péri. Les Russes, eux, n'ont donné aucun chiffre.

Lundi, la haute-commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a de son côté fait état de 102 civils tués, dont 7 enfants, et de 304 blessés en Ukraine. Toutefois, il est à craindre que ce bilan soit en réalité considérablement plus élevé, a-t-elle prévenu.

Le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé lundi l'ouverture aussi vite que possible d'une enquête sur la situation en Ukraine, évoquant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.

Le conflit a jeté sur les routes des flots d'Ukrainiens toujours plus nombreux. Depuis le début de l'offensive russe, jeudi dernier, plus de 500 000 d'entre eux ont fui vers les pays voisins, a déclaré lundi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

La majeure partie d'entre eux ont trouvé refuge en Pologne. Mais la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie – toutes membres de l'OTAN – sont aussi concernées.

Avec les informations de Reuters, et Agence France-Presse

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