Hausse des constructions à Sudbury, mais les logements abordables font défaut

La Ville du Grand Sudbury enregistre 383 chantiers résidentiels entamés en 2021.
Photo : Radio-Canada / Bienvenu Senga
L'année 2021 a été « une année de croissance économique » sur plusieurs plans dans le Grand Sudbury. C'est ce qu'indique la Ville dans un récent rapport, s’appuyant notamment sur les constructions résidentielles qui augmentent considérablement. Des intervenants déplorent toutefois que la construction de logements abordables n’avance pas au même rythme.
Le secteur de la construction résidentielle a le vent dans les voiles dans le Grand Sudbury. Dans son plus récent bilan (Nouvelle fenêtre), la Ville enregistre 383 chantiers entamés en 2021, bien au-dessus de la moyenne des cinq dernières années qui s’élève à 278.
Il y a de très bonnes nouvelles dans ce rapport, c’est sûr
, indique le conseiller municipal Geoff McCausland.
La Ville a modifié nombre de politiques et de processus pour faciliter le développement local.

Geoff McCausland est conseiller municipal à la Ville du Grand Sudbury.
Photo : Bennett Malcolmson
La valeur des constructions résidentielles entamées en 2021 a aussi augmenté, passant de 84,4 millions $ par rapport à 66,7 millions $ l’année précédente.
Le carnet de commandes du promoteur immobilier John Zulich est déjà rempli pour le reste de l’année.
C’est une saison très robuste pour toutes les catégories de construction : résidentielles et industrielles
, note-t-il.
Nous n’avons pas eu une telle demande pour nos services de constructions résidentielles depuis au moins 2007 ou 2009.
La plupart de ses clients sont soit des citoyens cherchant à changer de style de vie et à s'éloigner des grands centres, soit des retraités qui veulent s'installer dans des maisons moins spacieuses, mais neuves et qui ne nécessiteront pas beaucoup de travaux d'entretien
.
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Pas assez de logements abordables
La professeure à l’École de service social de l’Université Laurentienne, Carol Kauppi, fait une lecture tout autre du rapport de la Ville.
La plupart de ces nouvelles constructions ne sont pas abordables
, dit-elle d’emblée, signalant que de nombreux indicateurs démontrent que l’itinérance et la précarité financière continuent de s’accroître dans le Grand Sudbury.
Or, le nombre d'unités disponibles est de loin inférieur au nombre de personnes qui en ont besoin
, déplore-t-elle.
La Ville du Grand Sudbury a entrepris de vendre certains logements abordables de trois chambres et plus, dans le but d’en acheter d’autres moins spacieux qui sont davantage en demande.

Cette ancienne caserne de la Gendarmerie Royale du Canada de Sudbury sera convertie en logements abordables.
Photo : Radio-Canada / Zacharie Routhier
Si Mme Kauppi est d’accord avec l’objectif final de la Ville, elle craint que la stratégie n’ait un impact négatif dans l’immédiat
, étant donné la grosse liste d’attente
pour obtenir un logement abordable.
À son avis, la situation pourrait même freiner le Grand Sudbury dans ses efforts d'attirer davantage d'immigrants. Dans son récent rapport, la Ville se félicite d'avoir mis en œuvre l'accueil de 215 nouveaux arrivants en 2021 grâce au Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord. Elle veut poursuivre sur cette lancée.
Comment allons-nous encourager les gens à venir s'ils ne peuvent même pas se permettre de louer un logement ou d’acheter une maison?
Le directeur général du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario, Thomas Mercier, confirme qu’après l’emploi, la disponibilité du logement est un facteur important que prennent en compte les immigrants potentiels dans le choix d’une destination.
Si on veut qu'ils viennent, il faut qu'ils se trouvent un travail et il faut qu'ils aient un endroit pour vivre dans des conditions décentes. Ça prend des appartements de qualité, ça prend des appartements abordables avec les salaires qu'ils ont
, explique-t-il.
La Ville maintient qu’elle est concentrée sur le dossier du logement abordable. Deux projets — un de logements abordables et un de logements transitionnels — doivent d’ailleurs être lancés cette année.
On commence déjà nos efforts, on a beaucoup plus de travail à faire, mais ça ne va pas être possible sans nos partenaires au provincial et au fédéral
, fait savoir le conseiller Geoff McCausland.