Déjà 100 000 déplacés en Ukraine

Une femme tient son bébé dans un bus alors qu'ils quittent Kiev, en Ukraine.
Photo : Associated Press / Emilio Morenatti
Devant les bombardements russes lancés quelques heures avant l’aube, près de 100 000 Ukrainiens auraient déjà quitté leur foyer, selon l'ONU, et plusieurs milliers d'autres ont quitté le pays.
Nous ne pouvons pas encore confirmer les chiffres exacts, mais il est clair qu'il y a eu d'importants déplacements à l'intérieur du pays et quelques mouvements à travers les frontières
, a indiqué une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Shabia Mantoo.
La Pologne, qui compte la plus importante population d'immigrants ukrainiens dans la région, s'attend notamment à recevoir des réfugiés en grand nombre. En après-midi, la situation aux frontières y était toujours stable, même si les passages routiers polono-ukrainiens étaient à la hausse, selon le commandant en chef des gardes-frontières polonais, Tomasz Praga.
Bien que l’exode ukrainien ne fasse que commencer, des ressources se sont déjà mobilisées pour accueillir les réfugiés.
La Pologne compte déjà ouvrir neuf premiers centres d'accueil
pour les réfugiés ukrainiens à proximité des principaux postes-frontières entre les deux pays, a annoncé jeudi le ministre polonais de l'Intérieur. Les arrivants pourront y recevoir informations, repas, repos et aide médicale.
Divers organismes publics et ecclésiastiques polonais, des établissements d'éducation et des ONG ont aussi déclaré être prêts à accueillir des réfugiés.
Le ministre de l'Intérieur, Mariusz Kaminski, a assuré que la Pologne acceptera autant [de réfugiés] qu'il y en aura à [ses] frontières
.
Le pays est aussi prêt à accueillir des blessés, si besoin est. Nous estimons qu'actuellement il serait possible d'accueillir quelques milliers de patients. La Pologne dispose d'un stock nécessaire de médicaments
, a assuré le ministère de la Santé.
Jusqu’à 5 millions d’Ukrainiens risquent de quitter le pays
Julia Grignon, professeur agrégée à la Faculté de droit de l'Université Laval, estime que jusqu’à 5 millions d’Ukrainiens risquent de quitter leur pays
.
Elle a indiqué dans une entrevue à ICI RDI qu’il y a une forte présence du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à la fois en Ukraine et dans les pays limitrophes
pour prendre en charge les personnes contraintes de quitter leurs maisons pour trouver refuge dans d'autres pays.
« On va leur [les réfugiés] reconnaître une protection temporaire. On va reconnaître qu’ils fuient une situation qui les met en danger. Le droit international dit qu’on ne doit pas les refouler. Les États limitrophes doivent les accueillir, leur fournir une assistance humanitaire en attendant de leur trouver une solution durable. »
La Pologne partage une assez longue frontière avec l’Ukraine, de même que la Roumanie, qui compte parmi les pays les plus pauvres d'Europe. Le gouvernement roumain a fait savoir qu'il ne s'attendait pas à ce que beaucoup d'Ukrainiens fuient vers son territoire, mais qu'il était prêt à en accueillir un demi-million.
La Slovaquie, autre pays frontalier, assure qu'elle est prête à tendre la main aux réfugiés ukrainiens, tout comme la Hongrie, dont le premier ministre, Viktor Orban, est connu pour ses prises de position dures sur l'immigration.
Selon les autorités slovaques, les Ukrainiens devaient se préparer à 12 heures d'attente au principal poste-frontière entre les deux pays, jeudi.
L'Ukraine compte 44 millions d'habitants.
La population fuit la capitale
À Kiev, la capitale, prise au milieu des coups de feu et des explosions, de nombreux habitants tentent de fuir la ville par tous les moyens. Un énorme embouteillage de plusieurs dizaines de kilomètres bloque la route principale permettant de fuir vers Lviv, une ville située dans la partie occidentale de l'Ukraine, jugée plus sûre, l'offensive russe venant de l'est.
Je m'en vais parce qu'une guerre a commencé, Poutine nous a attaqués
, a déclaré Oxana, la conductrice d'une des voitures coincées dans l'embouteillage, accompagnée de sa fille de trois ans sur la banquette arrière. Nous avons peur des bombardements.
Pour le moment, Oxana veut juste sortir de Kiev. Elle décidera ensuite où aller. Un autre conducteur, Aleksander, a dit vouloir rentrer à Kiev une fois qu'il aura mis ses enfants à l'abri.
Les réfugiés sont les bienvenus, dit l'Union européenne
L’Allemagne, qui ne possède pas de frontière avec l’Ukraine, a de son côté déclaré qu’elle était prête à aider ses voisins et à accueillir un certain nombre de réfugiés en cas d’afflux massif.
L’Union européenne (UE) affirme en fait que les réfugiés ukrainiens sont les bienvenus
et qu’elle a des plans d'urgence clairement définis pour accueillir et héberger immédiatement les réfugiés d'Ukraine
, selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Elle a précisé que l'UE tenait un minimum de 1,2 milliard d’euros (1,7 milliard de dollars) à la disposition de l’Ukraine pour offrir du soutien humanitaire et pour répondre aux besoins des personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Quant au Canada, il a promis jeudi que les demandes d'immigration d'Ukrainiens seront désormais traitées en priorité.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, estime pour sa part que le conflit actuel pourrait se traduire par une nouvelle crise de réfugiés
avec jusqu'à cinq millions de personnes supplémentaires déplacées
.
L'agence des Nations unies pour les réfugiés a d’ailleurs indiqué jeudi qu’elle intensifiait ses opérations et ses capacités en Ukraine et dans les pays voisins.