Le VG se penche sur le salaire des hauts fonctionnaires et les programmes d’Énergie NB

Les bureaux de la société Énergie Nouveau-Brunswick (archives).
Photo : Radio-Canada
Les salaires des hauts fonctionnaires des sociétés de la Couronne manquent d’uniformité selon le vérificateur général du Nouveau-Brunswick Paul Martin qui a déposé un rapport à ce sujet jeudi.
S'il ne se prononce pas sur la question à savoir si les salaires sont trop élevés, il remarque des écarts très importants entre la rémunération des hauts fonctionnaires du gouvernement et d’autres sociétés d'État. Il estime que ces salaires ne sont pas balisés.
Par exemple, à Énergie NB, les cadres supérieurs gagnent en général 101 000 $ de plus que les sous-ministres
, souligne Paul Martin, dans un rapport publié jeudi.
Il ajoute que le président-directeur général a gagné 560 000 $ en 2019, ce qui est plus que les sous-ministres, les juges et les médecins hygiénistes du ministère de la Santé
.
À l’organisme Opportunités Nouveau-Brunswick, le président-directeur général a gagné 291 000 $ en 2019, soit environ 100 000 $ de plus que les sous-ministres.
Le vérificateur général conclut qu’il faut définir et baliser les pratiques salariales des sociétés de la Couronne.
Si les pratiques en matière de salaires et d’avantages sociaux sont censées être conformes à celles du gouvernement central et uniformes à l’échelle des organismes de la Couronne, des efforts supplémentaires sont alors requis.
Le vérificateur général recommande au gouvernement de définir clairement ce qu’il attend des organismes de la Couronne en matière de salaire et avantages sociaux.
Énergie NB dans la mire
Le vérificateur s’est intéressé particulièrement aux conditions salariales offertes à Énergie NB.
Il remarque que les hauts fonctionnaires de la société de la couronne sont beaucoup plus élevés que dans la fonction publique, même si les responsabilités sont similaires.
Les cadres supérieurs d’Énergie NB (à l’exclusion du PDG) peuvent gagner un salaire annuel maximal d’environ 292 000 $, tandis que les sous-ministres [...] du gouvernement peuvent gagner un salaire annuel maximal d’environ 191 000 $.
Par ailleurs, le vérificateur souligne que des cadres empochent plus d'argent que ne le prévoit la limite salariale de leur poste.
Par exemple, le dirigeant principal des finances gagne 17 000 $ de plus que la limite maximale de 292 000 $. Nous avons été informés que ces cas étaient tous approuvés par le Conseil d’administration
, peut-on lire dans son rapport.
Il y constate que la différence de salaire ne concerne que les postes de gestion et de hautes directions. Les employés avec une rémunération de moins 100 000 $ sont payés de façon comparable, qu’ils soient à Énergie NB ou dans le reste de la fonction publique principale.
Des programmes d’efficacité énergétique sans cibles
Le vérificateur général s’est aussi intéressé aux programmes destinés à améliorer l’efficacité énergétique des résidences. Ces programmes sont administrés par le ministère des Ressources naturelles et du Développement de l’énergie et par Énergie NB.
Paul Martin constate que les cibles des programmes n’ont pas été clairement partagées à Énergie NB. Nous avons constaté que le Ministère n’a pas communiqué un mandat clair en matière d’efficacité énergétique à Énergie NB
, indique-t-il.
« Énergie NB a donc dû fixer ses propres objectifs. Nous avons également constaté que le Ministère n’a jamais contesté ces objectifs, même lorsqu’ils ont été abaissés. »
Selon le vérificateur, l’absence d’objectif ciblé par la province rend les programmes d’efficacité énergétique moins efficaces. À mon avis, ces lacunes en matière de surveillance et de responsabilisation nuisent à la capacité de la province de réaliser les progrès souhaités.
Paul Martin recommande au gouvernement d’émettre des cibles claires à Énergie NB et de surveiller le rendement de la société de la Couronne par rapport à ces objectifs.
Une situation financière à améliorer
Le vérificateur a également scruté la situation financière de la province. S'il fait état de signes encourageants, il reste encore du travail à faire à son avis en raison des niveaux d'endettement historiques du Nouveau-Brunswick.
La dette nette est en baisse, passant de 13,9 milliards $ l’an dernier à 13,5 milliards $ en 2021, et la province a enregistré son quatrième excédent consécutif.
Il constate que l’excédent de 409 millions $, cette année, est en grande partie attribuable à l’augmentation des recettes découlant des transferts fédéraux et de la taxe sur le tabac ainsi que des bénéfices d’Alcool NB, compensée par des réductions des recettes dans d’autres domaines comme l’impôt sur le revenu des particuliers, la taxe de vente harmonisée (TVH) et les recettes tirées des loteries et des jeux.
Paul Martin recommande à la province de trouver des moyens de freiner les dépenses et d'envisager une augmentation des recettes.
L'objectif est de s'attaquer à l'énorme dette que nous avons dans livres de la province et j'espère que [le gouvernement] continuera de faire preuve de prudence dans son budget, afin de s'assurer que nous ne vivons pas au-delà de nos besoins
, dit Paul Martin.
À lire aussi :
Les libéraux et les verts réagissent
Le Parti libéral et le Parti vert accueillent favorablement le rapport déposé aujourd’hui par le vérificateur général, permettant d’avoir un portrait plus juste des finances de la province.
Le porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances et député de Moncton-Centre, Rob McKee s’est dit choqué de voir qu’Énergie NB n’a pas de cible ou d’objectifs en ce qui concerne les réductions des gaz à effet de serre
. Il croit qu’un cadre de responsabilités doit être mis en place.
« Le fait qu’Énergie NB est l’un des plus grands émetteurs de gaz à effets de serre dans la province, on devrait avoir des objectifs précis si on veut réellement avoir des réductions. »
À ce sujet, le chef du Parti vert, David Coon, est sans équivoque. C’est maintenant clair pour moi que la responsabilité d’efficacité énergétique doit revenir à une agence indépendante, comme dans le passé avec Efficacité NB, comme les agences indépendantes en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard
, dit-il.
David Coon dénonce également le salaire des hauts fonctionnaires d’Énergie NB qu’il qualifie de trop élevés
. Ce n’est pas la même échelle que les autres fonctionnaires des entreprises de la Couronne ou des sous-ministres dans les ministères du Nouveau-Brunswick. Ce n’est pas acceptable
, lance-t-il.
Par courriel, le ministre des Ressources naturelles et du Développement de l'énergie, Mike Holland, affirme qu'il est d'accord avec les recommandations formulées aujourd'hui par le vérificateur général selon lesquelles Énergie NB a besoin d'une orientation stratégique et d'une surveillance accrue en ce qui concerne les programmes d'efficacité énergétique.
Nous avons travaillé avec Énergie NB pour atteindre cet objectif et nous lui avons donné le mandat de fournir des rapports supplémentaires sur les programmes d'efficacité énergétique jusqu'à ce qu'ils puissent être inclus de façon permanente dans les exigences de rapport actuelles d'Énergie NB prévues par la loi
, ajoute le ministre Mike Holland.