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Une campagne sur le code vestimentaire fait réagir au CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue

Des infographies montrant quelles tenues sont interdites.

Des affiches illustrant des éléments du code vestimentaire des employés du CISSS.

Photo : CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue

En raison de nombreux commentaires, le Centre intégré de santé et services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT) a cessé sa campagne de sensibilisation liée au code vestimentaire des employés.

Sur les affiches, on peut lire des phrases comme : Une tuque Yo au bureau, c’est non, ou encore Une manucure pas mal défraîchie, c'est non.

Par courriel, le CISSS-AT indique avoir retiré ces affiches, qui avaient été créées pour sensibiliser ses employés à la politique sur la tenue vestimentaire adoptée en novembre 2021.

L’organisation n’avait aucunement intention de blesser des gens dans le cadre de cette activité de communication. Ainsi, nous tenons à souligner que [nous] sommes sincèrement désolés que cette campagne ait vexé des personnes, a répondu le CISSS-AT par courriel.

Des affiches montrant quelles tenues ne sont pas autorisées au travail.

Dans sa politique sur la tenue vestimentaire, le CISSS énumère diverses tenues qui ne sont pas autorisées au travail.

Photo : CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue

Des réactions aux affiches

Le président du syndicat interprofessionnel en soins de santé en Abitibi-Témiscamingue (FIQ-SISSSAT), Jean-Sébastien Blais, comprend mal la démarche de la campagne.

Il indique que depuis cinq ans, les membres du syndicat n'ont jamais eu de rencontre disciplinaire concernant leur tenue.

C’est plutôt le fait de prendre des employés un peu comme des enfants ou des adolescents qui a mal passé. Je pense que les gens sont bien au courant de ce qu’est la politique vestimentaire et ils se questionnaient si vraiment c’était dans les priorités du CISSS-AT de faire des affiches pour dire aux gens comment s’habiller, se maquiller plus tôt que de travailler sur d’autres dossiers structurants, croit Jean-Sébastien Blais.

Jean-Sébastien Blais pose à côté d'une affiche de la FIQ-SISSAT.

Jean-Sébastien Blais, président du syndicat de la Fédération interprofessionnelle de la Santé en Abitibi-Témiscamingue

Photo : gracieuseté

Une infirmière du CISSS-AT, qui préfère garder l’anonymat par crainte de représailles de son employeur, se dit frustrée par ces affiches.

C’est ridicule qu’il y ait des gestionnaires et des employés qui perdent leur temps avec ça, à mettre ça à jour et à resserrer ça, à faire la distribution de ça, alors qu’on a tellement d’autres choses à faire présentement, dit-elle.

Cette employée estime aussi que, dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, cette campagne sur le code vestimentaire peut nuire au recrutement.

Des affiches avec des dessins montrant les tenues non autorisées.

Des affiches sur le code vestimentaire du CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue

Photo : CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue

Quelqu’un qui voit une campagne comme ça, où tu n’as même pas le droit de mettre une tuque ou certaines choses, il peut se dire : "Ah, j’ai des tatouages et des piercings, c’est clair que ça ne passera pas". Aussi, les employés déjà en place, on est déjà à bout, irrités, on manque de personnel et après ça, on se fait garrocher ça en pleine face, déplore-t-elle.

Jean-Sébastien Blais espère également que ces affiches n’auront pas un effet négatif sur le recrutement.

Ça serait important que les gens ne retiennent pas qu’il y a des enjeux au niveau de l’habillement ou de la politique de tenue vestimentaire. Ce n’est pas un enjeu. Je pense que ça a juste été maladroit de leur part, estime-t-il.

Du côté de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), qui représente des technicien(e)s et professionnel(le)s du réseau de la santé, le code vestimentaire ne semble pas être un problème parmi les membres.

Je ne crois pas qu’on a besoin d’avoir un code de conduite par rapport à ça. Ils ont l’expertise et sont amplement capables de savoir quel genre de vêtements ils doivent porter au travail, affirme Carl Verreault, représentant national pour l’APTS.

La mise en place d’une telle politique infantilise nos membres. Ils ont le souci d’offrir les meilleurs soins et services à la population, ajoute Carl Verreault.

Le CISSS a indiqué par courriel que lors de prochaines communications, nous veillerons à être plus vigilants et inclusifs, afin d’éviter de heurter certaines personnes.

Me Marie-Michelle Savard, spécialisée en droit du travail et associée chez Verreau Dufresne, précise que l'employeur peut légiférer sur la tenue de ses employés dans certains contextes.

À partir du moment où c’est un élément qui ne propage pas un message haineux et qui ne vient pas porter atteinte à l’image de l’employeur, on ne peut pas exiger à l’employé de retirer cet élément-là, indique-t-elle.

Donc c’est là qu’est vraiment la limite, entre protéger les intérêts légitimes de l’employeur, son image et la réputation, et de respecter au niveau de l’employé sa vie privée, son intégrité, et sa dignité dans sa personne en soit, précise-t-elle.

Me Savard affirme qu'il y a des zones grises selon le milieu de travail et la position de l'employé.

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