Le coût de l’oléoduc Trans Mountain explose à nouveau

Un chantier du pipeline Trans Mountain
Photo : Kinder Morgan
Le coût du projet d'agrandissement de l'oléoduc Trans Mountain, acheté par Ottawa en 2019, est maintenant estimé à 21,4 milliards de dollars. Il s'agit d'une hausse de neuf milliards par rapport aux dernières estimations de l'entreprise, qui étaient déjà des milliards de dollars plus élevées que le coût initial du projet.
La dernière évaluation de coûts anticipait un projet beaucoup moins dispendieux, à 12,6 milliards de dollars.
Dans un communiqué, l’entreprise justifie cette hausse de près de neuf milliards de dollars par les contrecoups de la pandémie et des inondations en Colombie-Britannique. La catastrophe naturelle avait forcé à l’interruption temporaire du pipeline principal.
Le gouvernement albertain a déclaré que cette interruption était compréhensible compte tenu des circonstances provoquées par les inondations. Il rappelle d’ailleurs que l'entreprise a prêté du matériel et de la main-d'œuvre afin d’aider les résidents affectés dans les régions touchées.
À l'origine, le projet devait coûter 7,4 milliards de dollars. Il est aujourd'hui trois fois plus cher.
La date de mise en service du pipeline agrandi a aussi été repoussée de près d’un an. L’entreprise évoquait jusqu’à maintenant que le pipeline serait utilisable en décembre 2022. Les derniers travaux de construction sont aujourd’hui prévus pour le troisième trimestre 2023.
Malgré ces retards et augmentations de coûts, le président-directeur général de Trans Mountain, Ian Anderson, maintient que le projet sera rentable pour le Canada.
Selon l'ancien vice-président de TC Énergie, Dennis McConaghy, il est impératif que ce projet soit terminé
.
Même avec l’augmentation des coûts de construction et leur impact sur le tarif de transport du pétrole d’Edmonton à Burnaby, en Colombie-Britannique, ce pipeline est nécessaire, car il permettra d’augmenter la production de pétrole des sables bitumineux.
Le projet Trans Mountain vise à tripler la capacité du pipeline existant, la faisant passer de 300 000 à 890 000 barils de pétrole par jour.
Le fédéral n’injectera pas de fonds publics pour absorber ces nouveaux coûts
La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, affirme que cette augmentation de coûts ne sera pas payée par les contribuables, mais par un tiers, comme une institution financière.
Le gouvernement a retenu les services de BMO Marchés des capitaux et de Valeurs mobilières TD pour obtenir des conseils sur les aspects financiers du projet. Leur analyse confirme que le financement public du projet est une option réalisable qui peut être mise en œuvre rapidement
, indique le communiqué de presse.
« Compte tenu du fait que 50 % du pipeline est déjà construit et de la diminution des risques associés au projet, le gouvernement ne dépensera pas de fonds publics supplémentaires pour le projet. »
Dennis McConaghy trouve la décision de la ministre fédérale des Finances judicieuse. Il croit que cela permettra aux contribuables canadiens d’obtenir une rentabilité des investissements importants lorsqu’il sera vendu.
Le gouvernement fédéral a l’intention de lancer un processus de désinvestissement une fois que les risques associés au projet d’expansion auront diminué et que la participation économique avec les groupes autochtones aura avancé
, conclut le fédéral.
La chef du parti vert de la Colombie-Britannique avance toutefois que le fédéral aurait dû investir dans les énergies vertes.
C'est incroyable qu’en 2022, on continue de placer des millions de dollars dans les investissements pour le secteur des énergies fossiles; je ne comprends pas
, dit Sonia Furstenau.