La troisième dose en perte de vitesse au Nouveau-Brunswick
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Moins de la moitié des Néo-Brunswickois admissibles ont reçu une troisième dose de vaccin (archives).
Photo : Reuters / Emily Elconin
À l’aube du passage à la phase 1, moins de la moitié de la population admissible a reçu sa dose de rappel d'un vaccin contre la COVID-19 au Nouveau-Brunswick.
Au cours des deux dernières semaines, soit depuis le début du mois de février, près de 30 000 doses de rappel du vaccin ont été administrées dans la province.
C'est trois fois moins que lors des deux dernières semaines de janvier, où ce sont plutôt près de 98 000 troisièmes doses qui ont été données.
La proportion de personnes vaccinées avec une dose de rappel est encore plus faible chez les jeunes. Seulement environ 25 % des Néo-Brunswickois admissibles âgés entre 20 et 29 ans ont reçu une troisième dose.
Comme plusieurs personnes de son âge, Massan Dopegno, une étudiante à l’Université de Moncton, n’a pas l’intention de prendre rendez-vous pour une dose de vaccin supplémentaire.
La seule chose qui pourrait me faire changer d’avis, c’est le gouvernement. S’ils décident qu’on est obligés d’avoir une troisième dose, on n’aura pas trop le choix
, dit-elle.
Certaines personnes, comme Simon Arseneault et Marc Hébert, tous deux rencontrés à la sortie d’une clinique de vaccination de Moncton, souhaitent d’ailleurs que la santé publique redouble d’efforts pour promouvoir la troisième dose de vaccin.
Selon moi, la troisième dose devrait même être un critère pour passer à la phase 1
, affirme Simon Arseneault.
La communauté des affaires demande une marche à suivre
Selon le directeur général de la Chambre de commerce du Grand Moncton, John Wishart, le milieu des affaires a besoin d’un plan plus clair pour les prochaines étapes du déconfinement au Nouveau-Brunswick.
Un plan détaillé avec des délais précis, des objectifs et des façons de procéder contribuerait grandement à atténuer l'incertitude à laquelle les gens sont confrontés
explique-t-il.
Les entrepreneurs ne s’entendent toutefois pas sur le besoin d’une troisième dose pour leurs clients et leurs employés.
L’engouement pour la dose de rappel semble diminuer au moment où on approche la levée des restrictions. Mais il n’y a jamais d’accord universel entre nous à savoir si on devrait lever l’obligation de la vaccination ou non
, ajoute John Wishart.
La troisième dose toujours nécessaire, selon un expert
Selon Benoît Barbeau, professeur à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste en virologie, la troisième dose devrait toujours être considérée par les gouvernements comme un outil de prédilection dans la lutte contre la COVID-19.
La dose de rappel demeure notre meilleur salut pour le moment. C’est aussi la façon qui nous permettra le plus rapidement possible d’en finir avec cette cinquième vague… D’ici la vague suivante
, explique le professeur.
Que pense-t-il de la potentielle levée des restrictions annoncée pour la fin du mois de mars?
« Soyons quand même conscients que la pandémie n’est pas finie et que le variant Omicron circule encore. Levons les restrictions de façon progressive, mais il faut demeurer vigilant. »
L'opposition dénonce le manque de clarté
Les partis d’opposition estiment que le gouvernement manque de clarté et de vision dans ses communications avec les Néo-Brunswickois sur la pandémie.
À un moment donné, c’est extrêmement difficile pour les citoyens de s’y retrouver. On reçoit des centaines d'appels dès qu’il y a des changements dans les mesures. C’est tout un défi pour la population de savoir ce qu’elle doit faire
, affirme Jean-Claude D'Amours, député d'Edmundston-Madawaska-Centre.
« Clairement, depuis les dernières journées, le gouvernement ne fait pas grand promotion de cette troisième dose-là, que ce soit au niveau des enfants ou des adultes. »
On voit le malaise qui est créé entre ce que la science nous dit et politiquement, ce que les gouvernements choisissent de faire
, ajoute Kevin Arseneau, député du parti Vert dans Kent-Nord.
À son avis, le Nouveau-Brunswick n’est pas prêt à vivre avec la COVID-19.
En plus de continuer à promouvoir la vaccination, Kevin Arseneau croit que le gouvernement devrait investir massivement dans le système de santé.
Le directeur des communications du ministère de la Santé, Bruce Macfarlane, affirme que la santé publique tient compte du nombre de troisièmes doses administrées dans la province. Ce n’est toutefois pas un facteur déterminant pour passer à la phase 1. Ce n’est qu’un élément de la formule, plus longue, du processus décisionnel fondé sur les preuves [scientifiques]
, ajoute-t-il.
Bruce Macfarlane précise que la province a l’intention de travailler sur l’augmentation du nombre de doses de rappel administrées à l’aide de campagnes sur les réseaux sociaux.