Manifestation à Ottawa : « Ça prend une date butoir », dit un expert

La manifestation des camionneurs dure depuis le 28 janvier, à Ottawa (archives).
Photo : Radio-Canada / Alexis Tremblay
Pour l’ancien lieutenant-colonel au sein des Forces armées canadiennes et professeur à l’Université de Sherbrooke, Rémi Landry, la solution à la crise, provoquée par la manifestation des camionneurs à Ottawa, ne passe pas par l’intervention des militaires.
Les corps policiers sont les experts de ce type de situation. Certes, la situation est fort complexe, mais il n'en demeure pas moins que ce sont eux les spécialistes. Je vois très mal les militaires agir actuellement et arriver avec des armes. On fait face à des manifestants qui ne sont pas armés [...], qui ont réussi à trouver un moyen de prendre le contrôle et puis, éventuellement, pour des raisons qui leur semblent légitimes, d'occuper et d'assiéger la Ville d'Ottawa
, a lancé M. Landry, en entrevue au Téléjournal d’Ottawa-Gatineau, samedi.
« Lorsqu'il y a une prise d'otages, on ne fait pas appel à l'armée, on fait appel aux corps policiers. »
La capitale nationale est le théâtre d’une manifestation qui dure depuis le 28 janvier, avec des camions et des véhicules stationnés au milieu des rues du centre-ville qui perturbent la circulation.
Avoir les ressources appropriées
Le Service de police d’Ottawa (SPO) fait face à de nombreuses critiques concernant sa gestion de la crise. La Ville d’Ottawa a demandé l’envoi de plus de 1700 policiers et d’une centaine de membres du personnel civil, pour réprimer l’insurrection
, lundi dernier.
Mais faire intervenir les Forces armées canadiennes ne doit pas faire partie des solutions envisagées, selon le professeur de l’Université de Sherbrooke, qui compte plus de 34 années de service continu au sein des Forces terrestres, même si le premier ministre Justin Trudeau a indiqué, vendredi, que toutes les options sont sur la table
.
Pour M. Landry, l’important serait de fixer une date butoir aux manifestants afin qu’ils quittent les lieux.
Je ne comprends pas pourquoi on tarde tant à agir. Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas encore imposé de date butoir. Ça prend une date butoir. Les belles paroles, ça fait deux semaines qu'on demande gentiment à ces gens-là de quitter les lieux et ils ne quittent pas. [...] Et puis ça prendra les ressources qu'il faut, mais il faut éventuellement retourner à un semblant de normalité
, estime-t-il.
La manifestation a commencé à Ottawa le 28 janvier dernier, date à laquelle les premiers camions de ce mouvement qui s’est lui-même baptisé convoi de la liberté
sont arrivés dans la capitale fédérale.
Je comprends que ces gens ont débuté leurs manifestations dans un processus légal, mais à un moment donné, la liberté de ces gens s'arrête où la liberté des autres commence. Présentement, ils ont pris les autres gens en otage. [...] Comme je dis souvent, on est dans une démocratie, s'ils ne sont pas contents de leurs représentants politiques, aux prochaines élections, ils auront juste à se présenter et à voter.
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Samedi, quelque 4000 personnes ont encore manifesté à Ottawa, selon les chiffres du Service de police d’Ottawa (SPO) qui, dans un communiqué, assure avoir un plan pour mettre fin à cette occupation illégale
.
Nous attendons les renforts nécessaires pour y arriver
, a indiqué le SPO .
Selon le professeur Landry, la police pourrait bénéficier de l’aide logistique de l’armée pour une intervention.
Il y a des équipements qui peuvent être prêtés. Il y a du personnel qui peut être prêté
, énumère-t-il, estimant les politiciens aussi un rôle à jouer en se montrant solidaires
sans chercher à se faire du capital politique
.