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Énergie verte : l’Ontario propose un système « à la fois prometteur et périlleux »

Todd Smith en entrevue avec des journalistes.

Le ministre de l'Énergie de l'Ontario, Todd Smith, veut mettre en place un système de certificats verts. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Pierre-olivier Bernatchez

Le gouvernement ontarien veut vendre des certificats d’électricité verte aux entreprises et résidents de la province à compter de janvier 2023.

Il estime que plusieurs entreprises, soucieuses de leur empreinte carbone et de leur image de marque, auront de l’appétit pour ce genre de certificat qui permet aux détenteurs de prouver que l’électricité qu’ils consomment est d’origine renouvelable.

Après des années d’efforts de décarbonisation, l'Ontario peut se vanter d’avoir un réseau électrique alimenté presque entièrement de sources qui émettent peu d’émissions, comme le nucléaire, l’énergie éolienne, le solaire et l’hydroélectrique.

Les lignes de transmission qui vont de la centrale nucléaire de Bruce, sur le lac Huron, à Milton, en Ontario.

Environ 94 % de l'électricité consommée en Ontario est d'origine verte, signifiant qu'elle provient de l'énergie solaire, éolienne, nucléaire ou hydroélectrique. (Archives)

Photo : The Canadian Press / Colin Perkel

En vendant des certificats, l’Ontario espère attirer des entreprises et des investisseurs, tout en faisant un profit.

Où ira l'argent de la vente de certificats verts?

Pour l’instant, la proposition du ministre de l’Énergie, Todd Smith, ne précise pas comment et où ces profits seront réinvestis.

Toutefois, dans une lettre écrite à la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité (SIERE), le ministre Smith suggère que les résidents de l’Ontario devraient percevoir une part des profits, puisque ce sont eux qui ont payé pour bâtir le réseau d’électricité.

La lettre mentionne également que les profits pourraient être réinvestis dans des technologies vertes, pour continuer la décarbonation du système d’électricité de l’Ontario.

Un parc éolien à l'aube.

Depuis plus d'une décennie, l'Ontario investit considérablement pour éliminer la production d'électricité au charbon.

Photo : Associated Press / Patrick Pleul

La SIERE doit préparer un rapport détaillant comment fonctionnera le système de certificats verts d’ici juillet prochain.

Entre-temps, l’agence provinciale veut rencontrer des entreprises, des groupes environnementaux et des communautés autochtones pour recueillir leurs commentaires.

Un réseau d’électricité propre, mais pour combien de temps?

Le groupe Environmental Defence ne compte pas participer aux discussions avec la SIERE.

Cette politique est une distraction, le gouvernement veut donner l’impression d’agir, mais un système de certificats verts ne fera rien pour la crise climatique, selon un des directeurs de l’organisme environnemental, Keith Brooks.

Un homme dans une salle avec un mur où l'on peut lire « environmental defence».

Keith Brooks est directeur de programme pour l’organisme Environmental Defence. (Archives)

Photo : Radio-Canada

Dans les cinq prochaines années, la province prévoit tripler ses émissions de GES en lien avec la production d'électricité.

« La province veut vendre les qualités environnementales de notre réseau électrique tout en planifiant salir ce même réseau dans les deux prochaines décennies. »

— Une citation de  Keith Brooks, directeur de programme pour l’organisme Environmental Defence

La SIERE estime que la croissance de la population et l’électrification des transports feront doubler la demande d’électricité d’ici 2040, et le gouvernement mise sur le gaz naturel pour continuer d’alimenter la province en électricité.

Les émissions de carbone vont augmenter alors que nous avons fait tellement d’efforts et de progrès pour les réduire dans ce secteur, se désole M. Brooks.

De son côté, le directeur des politiques de l’agence régionale The Atmospheric Fund, Bryan Purcell, estime que le système proposé par le gouvernement Ford est à la fois prometteur et périlleux.

Pour que la vente de certificats verts aide dans la lutte contre les changements climatiques, les profits doivent absolument être réinvestis pour augmenter la capacité de production d'énergie renouvelable, insiste-t-il.

Bryan sourit directement à la caméra.

Bryan Purcell est directeur des politiques de l’agence régionale environnementale The Atmospheric Fund.

Photo : RISHI KUMBHAR

M. Purcell croit que, dans ces conditions, les entreprises peuvent être une grande force pour la transition énergétique.

D’autre part, si les profits sont utilisés pour rénover des infrastructures existantes ou pour subventionner l'électricité des particuliers, les entreprises pourront verdir leur image sans poser d’action concrète.

Dans le pire scénario, l'achat de ces certificats verts donnera l’impression que le réseau d’électricité progresse vers la carboneutralité, alors qu’en réalité il devient plus polluant, explique-t-il.

Un outil pour l’ère de la décarbonisation?

Amine Chaabane, professeur à l’École de technologie supérieure de Montréal spécialisé en évaluation de GES, souligne qu’un système de certificats verts est un outil pour l’ère de la décarbonisation.

Il croit lui aussi que les entreprises ont un rôle important à jouer pour réduire les GES.

Bien que, pour l’instant, l’achat des certificats verts soit sur une base volontaire, M. Chaabane peut facilement imaginer un avenir dans lequel les entreprises seront obligées de contribuer au financement de sources d’énergies renouvelables.

Pour l’instant, c’est volontaire, pour tester la robustesse du système, observe-t-il.

« Mais peut-être que, dans le futur, le gouvernement pourra dire aux entreprises qu’elles ont atteint leurs limites d’émissions et qu’elles doivent obligatoirement utiliser de l’énergie verte. »

— Une citation de  Amine Chaabane, professeur à l’École de technologie supérieure de Montréal

Le professeur souligne également qu’il est beaucoup plus facile d’émettre des certificats verts dans le secteur énergétique que dans le secteur du transport, qui est plus difficile à suivre.

Les émissions liées à la production d’électricité sont plus simples à mesurer et faciliteraient la mise en place d’un système de certificats.

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