Beaucoup de patates pourraient être détruites, malgré la reprise des exportations

Les exportations de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard aux États-Unis sont suspendues depuis novembre 2021.
Photo : CBC/Kirk Pennell
Les exportations de pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard ont repris mercredi vers Porto Rico. C’est un soupir de soulagement pour plusieurs producteurs, mais ce n’est pas suffisant, car des centaines de millions de livres de pommes de terre devront quand même être détruites.
Randy Visser est un producteur de l’île et propriétaire de l’entreprise Gerrit Visser & Sons Potato Warehouse. Il accueille favorablement la reprise des exportations vers Porto Rico, une nouvelle qu’il attendait avec impatience, dit-il.
La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, se dit satisfaite. C’est une première étape
, lance-t-elle.
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Toutefois, les exportations sont toujours suspendues vers les États-Unis. Randy Visser se désole de voir qu’il devra probablement détruire une partie de sa récolte.
Au total, les producteurs de l’île pourraient devoir détruire environ 300 millions de livres de pommes de terre, si les exportations vers les États-Unis ne reprennent pas bientôt.
La réouverture du marché de Porto Rico va néanmoins réduire les dommages. Ce marché représente 20 % des exportations insulaires.

La ministre fédérale de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Pour ce qui est du reste des États-Unis, c'est une question de semaines
, selon la ministre Bibeau.
Elle affirme que l’Agence canadienne d’inspection des aliments a envoyé à ses homologues américains toutes les informations scientifiques, les détails du plan de gestion des pommes de terre sur l’île et les mesures en place pour l’exportation de celles-ci.
Alors leur agence va procéder à cette analyse de risque-là, et on est confiant que considérant que toutes les mesures qu'on a mises en place, on va pouvoir exporter les pommes de terre de table de l’Île-du-Prince-Édouard partout aux États-Unis au terme de cette analyse-là
, dit la ministre Bibeau.
Lorsque j’ai parlé au [secrétaire américain de l'Agriculture] hier, il m'a confirmé que c'était une question de semaines et non de mois.
La ministre Bibeau s’attend donc à de bonnes nouvelles concernant la reprise des exportations vers les États-Unis, sous peu. Elle se dit consciente que les producteurs de l’île ont hâte d’en savoir plus, car ils devront prendre des décisions importantes en vue de la prochaine saison.
Des craintes face à la réputation de l’Î.-P.-É.
Pour Sylvain Charlebois, directeur du laboratoire de science analytique en agroalimentaire à l’Université de Dalhousie, la reprise des exportations vers Puerto Rico est une très bonne nouvelle en soi
, car il aurait été immoral de détruire toutes les récoltes, selon lui.
Cependant, il craint que l’intervention politique du Canada, qui a décidé de suspendre les exportations vers son voisin du sud, ait des répercussions négatives.
À long terme, ce qui m’inquiète beaucoup, c’est la réputation de l’île. [...] Évidemment la pomme de terre de l’Île-du-Prince-Édouard est connue à travers le monde pour sa qualité, mais là ce qu’on a envoyé comme message à travers le monde, c’est le contraire, on a en fait un peu compromis cette image de qualité là en émettant un embargo
, dit Sylvain Charlebois.

Des travailleuses dans une usine de l'Île-du-Prince-Édouard examinent des pommes de terre sur des convoyeurs.
Photo : CBC/Shane Hennessey
À ce sujet, la ministre Bibeau a confiance que la réputation et la crédibilité de l’Agence canadienne d’inspection des aliments sur la scène internationale feront le poids et convaincront les marchés commerciaux que la pomme de terre de l’île est de qualité.
Je crois que la qualité et la saveur des pommes de terre de l'île sont reconnues. [...] C’est vraiment le fait qu’on va faire tout ce travail avec beaucoup de rigueur qu’on peut démonter et certifier à nos partenaires commerciaux la grande qualité des pommes de terre de l’île et le fait qu’elle ne pose pas de risque significatif pour la contamination des sols
, explique-t-elle.
D’après les informations de Gabrielle Drumond et de Julien Lecacheur