•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

L’énigme des petits flétans de l’Atlantique

Dominique Robert, professeur en écologie halieutique à l'Université du Québec à Rimouski, tenant un flétan dans ses mains (dans un bateau de pêche).

Dominique Robert, professeur en écologie halieutique à l'Université du Québec à Rimouski, tenant un flétan dans ses mains (archives).

Photo : Photo offerte par Dominique Robert

Bien que le flétan soit pêché depuis les années 1840 dans le golfe du Saint-Laurent, les chercheurs ignorent où vont grandir les petits flétans de l’Atlantique qui s’installeront plus tard dans les régions côtières du golfe.

C’est la question à laquelle s’attaque maintenant le professeur Dominique Robert de l’ISMER-UQAR, dont les recherches se concentrent sur le flétan de l’Atlantique. Répondre à cette interrogation permettra d’en savoir un peu plus sur l’habitat du poisson tout au long de son cycle de vie.

Ces données permettront ensuite d’assurer une gestion durable et une protection de la ressource.

Depuis 2013, Dominique Robert et ses collègues ont entrepris une vaste étude sur le plus gros des poissons plats du Saint-Laurent.

Le chercheur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie halieutique (Nouvelle fenêtre) vient d’ailleurs tout juste de recevoir le prix Publication en français Gisèle-Lamoureux des Fonds de recherche du Québec ( FRQ) pour un article tiré de ces travaux sur le rétablissement du flétan de l’Atlantique dans le Saint-Laurent.

Ces recherches effectuées à l’aide de balises satellitaires ont déjà permis d’apprendre que, chaque hiver, tous les flétans adultes migrent dans les profondeurs du golfe pour se reproduire.

Les flétans retournent ensuite dans les secteurs côtiers qu’ils fréquentent l’été, et ce, à près de quelques dizaines de kilomètres du lieu de départ.

Seuls des flétans adultes et des jeunes immatures de moins d’un mètre sont repérés le long des côtes.

Les larves incubent dans les eaux profondes, puis mystère...

C’est la boîte noire, indique Dominique Robert, jusqu’à l’âge de deux ans, on ne sait pas où ils grandissent. Les relevés de Pêches et Océans ne les attrapent pas.

Dominique Robert explique que des modélisations de la circulation de l’eau leur permettront d’analyser les dérives des larves.

Patrice Doiron

Le flétan est le plus gros poisson plat du Saint-Laurent (archives).

Photo : Nadine Gionet

Les chercheurs étudieront aussi l’empreinte chimique des otolithes. Cette petite accumulation de calcaire, située dans l’oreille de la plupart des poissons, est une mine de renseignements qui permet, notamment, de déterminer l’âge d’un spécimen, mais aussi l’environnement où il a évolué.

En analysant les otolithes, la recherche devrait permettre de repérer les grandes zones fréquentées par les jeunes flétans.

Le flétan du Saguenay

La recherche tentera aussi, à partir des otolithes et de nouvelles balises satellitaires, de déterminer l'âge des flétans lorsqu'ils entrent dans le Saguenay et de savoir s’ils y demeurent ensuite sans retourner dans le fleuve. On aimerait comprendre comment bougent ces poissons-là, indique Dominique Robert.

Des pêcheurs collaboreront avec les scientifiques pour recueillir les otolithes.

Le chercheur précise que la composition chimique du Saguenay, très différente de l’estuaire, se démarque sans difficulté sur l'empreinte laissée sur l’otolithe. On pourra connaître bien précisément le moment de la vie d’entrée du poisson s’il n’y est pas né, ajoute-t-il.

Ces informations pourraient déterminer s’il est possible d’ouvrir une pêche du flétan sur le Saguenay. Pour ce faire, les chercheurs devront établir si le poisson qui entre dans le Saguenay y grandit et y meurt.

Si le poisson effectue des allers-retours entre le Saguenay et le fleuve, l’industrie voudra éviter que le stock du fleuve soit accessible à une pêche récréative et possiblement au braconnage.

Un poisson recherché

Avec un poids à maturité de plus de 300 kg, le flétan est une espèce commerciale très prisée.

Des mains gantées tenant un couteau découpent un poisson.

La chair du flétan est très prisée par les amateurs de poissons et de fruits de mer (archives).

Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

Les débarquements de flétan de l’Atlantique sont en augmentation depuis le début des années 2000. Selon Pêches et Océans Canada, au cours des dernières années, le poisson a atteint sa valeur la plus élevée au débarquement depuis les années 1960.

Le ministère indique qu’en 2019-2020 et 2020-2021, les débarquements préliminaires ont été respectivement de 1383 t et 1229 t. Toujours d’après les dernières évaluations effectuées par le MPO, le poids moyen d’un flétan débarqué a doublé entre 2006 et 2020.

Avec la collaboration d'Élise Thivierge

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Gaspésie

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Gaspésie.