La manifestation des camionneurs à Ottawa est chaotique, décrit la police

Les manifestants étaient encore bien présents au centre-ville d'Ottawa samedi soir.
Photo : Radio-Canada / Felix Desroches
La police d’Ottawa évalue qu’au moins 5000 manifestants se sont présentés au centre-ville de la capitale fédérale, samedi. Plus de 1000 véhicules se sont garés illégalement dans les rues et environ 300 contre-manifestants ont tenté de se faire entendre.
C'est le bilan qu'a dressé le chef de police, Peter Sloly, aux membres de la Commission des services de police d'Ottawa, lors d'une réunion urgente tenue en après-midi.
Ottawa est en état de siège
, a déclaré d'emblée le chef de police.
Tous les agents du Service de police d'Ottawa (SPO
) ont été déployés pour contenir la manifestation, a-t-il poursuivi. Aucun policier n'est en congé. Tout le monde travaille et la plupart des agents sont affectés au centre-ville.Nous avons ajouté 150 policiers seulement pour gérer les comportements qui ne sont pas corrects
, a-t-il expliqué, en ajoutant aussi que 257 policiers de plus de la Gendarmerie royale du Canada allaient être dépêchés pour prêter main-forte. Il y a entre 20 et 25 agents dans chaque quartier, en tout temps, 24 heures par jour. Ils vont demeurer là jusqu’à lundi. On avisera par la suite.
Lors de son intervention, le chef de police a paru quelquefois dépassé par les événements.
« C’est vraiment un temps difficile. »
On fait tout ce qu’on peut avec les pouvoirs en notre possession pour assurer la sécurité des résidents d’Ottawa
, a-t-il poursuivi. On veut faire mieux. On fait des ajustements chaque jour, chaque heure [...] mais on ne peut pas fermer toute la ville, sinon ce sera encore pire.
La Loi sur la police de l'Ontario ne lui permet pas de traiter cette manifestation monstre de manière adéquate, s'est-il défendu devant les membres de la commission. Nous avons davantage besoin de ressources
, a-t-il plaidé.
Plusieurs infractions
Au centre-ville, le déroulement de la manifestation est quelque peu chaotique, mais l'atmosphère demeure relativement calme comparativement à ce qui a été observé la fin de semaine dernière.
Le SPO
soutient avoir répondu à plus de 400 appels liés aux manifestations depuis qu'elles ont commencé, il y a une semaine. Plus de 50 infractions font l'objet d'une enquête. Une dizaine de ces infractions pour crimes haineux ont donné lieu à des accusations contre quatre personnes. Sept personnes ont été arrêtées et 70 contraventions ont été remises à ce jour.De son côté, le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) dit avoir remis plus de 105 constats à des automobilistes pour une variété d'infractions au Code de la sécurité routière, dont une vingtaine pour avoir utilisé leur avertisseur sonore sans nécessité.
Le Service paramédic d'Ottawa n'a pas voulu indiquer le nombre de patients ayant requis ses services, mais rapporte qu'il a procédé à moins d'interventions que lors des dernières fêtes du Canada.
Un manifestant à Ottawa transporte des bidons d'essence.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Les manifestants prennent racine à Ottawa
Les organisateurs se disent déterminés à rester au centre-ville, et ce, tant et aussi longtemps que le gouvernement fédéral ne donnera pas suite à leurs revendications touchant notamment la fin des mesures sanitaires.
Certains manifestants semblent s'être installés pour longtemps : des châteaux gonflables, des barbecues, des cabanes en bois sont présents partout dans les rues du centre-ville et dans les parcs environnants. Il y a même des saunas dans certains des secteurs où les camionneurs sont stationnés.
Un campement, comprenant une cabane en bois, une grande réserve de bois, de la nourriture, de l'essence et une tente, a été érigé au parc de la Confédération.
Certains sympathisants ne manquent pas d'imagination pour apporter leur soutien. À défaut de pouvoir se présenter au centre-ville en voiture, certains ont opté pour des chevaux. C'est le cas d'un résident de Bradford qui se promène depuis le matin sur son cheval de course noir, nommé Homer.
« Nous avons conduit cinq heures et nous sommes restés la nuit. Nous sommes juste ici pour profiter du spectacle. C'est spectaculaire! » a-t-il déclaré. « Il est temps que le gouvernement écoute à nouveau les gens. Il est temps d'arrêter de fuir toutes nos valeurs. »
L'Association pour la protection des animaux à Ottawa a été prompte à réagir en voyant les images de ces manifestants à cheval circuler sur les réseaux sociaux.
« Une exposition prolongée à des températures glaciales, des bruits forts, du sel de voirie sur les pattes ou les sabots et un accès inadéquat à la nourriture et à l'eau peuvent menacer le bien-être d'un animal », a-t-elle rappelé, tout en dénonçant l'utilisation d'animaux dans de telles circonstances.
Ottawa sur un pied d’alerte
La Ville d’Ottawa s’est placée sur un pied d’alerte très tôt samedi matin pour une deuxième fin de semaine de suite. Les camionneurs avaient promis de manifester bruyamment, ce qui a poussé le chef de police d'Ottawa, Peter Sloly, à qualifier le mouvement de protestation d’imprévisible et de dangereux
.
Le périmètre de sécurité a été élargi au centre-ville, ce qui signifie que de nouvelles routes ont été bloquées, au grand dam des résidents du centre-ville d'Ottawa, pour qui les déplacements sont déjà difficiles.
Des barricades, des blocs de béton et de la machinerie lourde ont été déployés pour assurer une barrière physique.
La manifestation – désormais considérée comme une occupation
par le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ainsi que par la police et d'autres élus – cause bien des maux de tête. Des citoyens, ainsi que divers organismes de la région, notamment ceux du secteur touristique, ont lancé un cri du cœur au cours de la semaine afin de demander aux autorités de mettre fin à la manifestation.
La contre-manifestation est annulée
Une contre-manifestation qui devait rassembler plus de 1000 personnes samedi a été annulée.
Les organisateurs, le groupe Reclaim Ottawa, en ont fait l’annonce sur leur page Instagram, en citant des problèmes de sécurité. La police a en effet révélé que des manifestants mal intentionnés auraient annoncé qu'ils envisageaient d’avoir des armes en leur possession.
L'annulation n'a toutefois pas empêché quelques centaines de personnes de manifester leur opposition aux convois.