Destitution d’Erin O'Toole : « dure journée » pour les conservateurs, selon Alain Rayes
Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC) et chef de l’opposition officielle à la Chambre des communes Erin O’Toole a été démis de ses fonctions mercredi. (archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC) et chef de l’opposition officielle à la Chambre des communes Erin O’Toole a été démis de ses fonctions mercredi. Ce sont 61,8 % des députés de son caucus qui ont voté pour sa destitution dans le cadre d’un vote de confiance.
J’étais son lieutenant, donc proche de lui pendant tout son mandat comme chef du parti
, remarque Alain Rayes, le député conservateur de Richmond-Arthabaska et lieutenant politique du Québec.
C’était une dure journée pour lui, pour notre organisation aussi. En plus, en ce temps de pandémie, c’était un peu surréaliste, un vote de confiance sur l’avenir d’un chef strictement en virtuel
, ajoute M. Rayes.
« Mais aujourd’hui, clairement, les membres du caucus, les députés, ont envoyé un message qu’il n’était plus nécessairement l’homme de la situation et qu’on devait se tourner vers une nouvelle personne en vue de se préparer pour la prochaine élection. »
Selon lui, de nombreux facteurs ont mené à la décision d'évincer Erin O'Toole de ses fonctions.
On voit qu’il y a de l’insatisfaction partout au pays, au Québec, face au gouvernement fédéral en place et au premier ministre Justin Trudeau. On n’a pas réussi à catalyser ça, à avoir le bon message. Ça a créé beaucoup d’insatisfaction
, croit-il.
Des enjeux divisent également le parti, selon M. Rayes. Je pense qu’on est arrivé à la conclusion, tout le monde ensemble, que ça prenait quelqu’un d’autre pour nous unir [...] et toucher un peu plus les citoyens canadiens et québécois, peu importe d’où ils proviennent.
« On ne se met pas la tête dans le sable, on a un travail à faire, c’est notre responsabilité de pouvoir se connecter avec les préoccupations qui touchent les citoyens actuellement. »
Selon lui, le parti devrait bientôt lancer une course à la direction afin de trouver un nouveau chef.
On sait en même temps qu’il n’y a pas d’élections dans six mois, tout le monde est conscient de ça, donc on a deux ou trois ans devant nous. Ça va nous prendre un chef qui va nous permettre de nous centrer sur les enjeux qui unissent tous les conservateurs au pays
, martèle-t-il.
Il n'a cependant pas l’intention de participer à la course à la chefferie. J’ai assez de mon travail, j’aime ce que je fais, mon rôle de lieutenant m’occupe.
Quelle direction prendra le Parti conservateur du Canada ?
En entrevue à Vivement le retour, l’analyste politique et professeur à l’Université de Sherbrooke Emmanuel Choquette a indiqué ne pas être surpris par la destitution du politicien. Par contre, ce que je trouve assez étonnant, c’est l’ampleur de la sortie, l’ampleur du résultat. Quand vous avez un peu plus du tiers qui vous appuie, et près du deux tiers des députés du caucus conservateur qui a voté pour ne plus avoir Erin O’Toole comme chef, la grogne était importante
, souligne-t-il.
Il y avait plusieurs écarts entre la volonté de recentrer le parti. Les positions qu’il prenait étaient jugées trop progressistes pour une partie de gens qui sont très influents depuis un petit bout déjà à l’intérieur du parti conservateur, qui sont davantage à droite, et qui sont davantage reliés au conservatisme social
, ajoute-t-il.
« Le prochain chef ou la prochaine cheffe à un grand défi. »
Selon le professeur, le départ d'Erin O'Toole ouvre peut-être la porte à un chef plus populiste.
On voit ce qui s’est passé aux États-Unis avec Donald Trump. On voit ce qui se passe en ce moment avec la grogne. On voit ce qui s’est passé au Québec, avec la montée des conservateurs. On voit ce qui s’est passé avec le Brexit, on voit ce qui s’est passé en Amérique du Sud au Brésil. On commence à se dire qu’il y a une fenêtre d’opportunité pour des extrêmes, qu’ils aient une plus grande place dans le débat politique
, remarque-t-il.
En attendant une nouvelle course à la direction, la députée manitobaine Candice Bergen a été élue cheffe intérimaire du parti. M. O'Toole, de son côté, demeure député de la circonscription de Durham, en Ontario.